Grande Anse, Anses-d’Arlet – Scène spectaculaire : des milliers de festivaliers dans l’eau, des dizaines de yachts et de bateaux à l’ancre, de la musique à plein volume. La Mercury Beach 2025 a tenu toutes ses promesses festives. Mais au lendemain de l’événement, une autre image s’impose : celle des fonds marins troublés, des déchets flottants et d’un littoral fragilisé par la pression humaine. Et une vidéo qui circule sur le net montrant une vingtaine de jeunes (en grande partie des filles) dans un coma éthylique parquées le lendemain de la manifestation.
Un succès populaire… aux retombées contrastées
Cette édition a réuni entre 8 000 et 12 000 personnes, mobilisé 300 organisateurs, 34 secouristes, 88 gendarmes, et un budget compris entre 600 000 et 700 000 €. Un succès indéniable sur le plan touristique et économique.
Mais la question revient, lancinante : à quel prix pour l’environnement marin ?

Une pression exceptionnelle sur un site fragile
La plage de Grande Anse, habituellement paisible, a accueilli une foule compacte.
Des centaines de bateaux se sont ancrés à proximité du rivage, avec les risques d’échouage ou de dégradation des herbiers marins.
L’affluence humaine a multiplié les apports en micro-déchets, plastiques, gobelets et résidus divers.
La consommation d’alcool et l’usage de stupéfiants, évoqués par les autorités sanitaires, accroissent le risque de comportements à risque – y compris pour la faune marine, exposée à des polluants rejetés directement en mer.
Sécurité renforcée… environnement sous surveillance minimale
L’édition 2025 a vu un dispositif de sécurité sans précédent : 30 caméras, contrôle des accès, barrières de protection.
En revanche, aucun plan clair de suivi écologique ou de contrôle environnemental n’a été communiqué. Si les organisateurs assurent mettre en place des mesures de nettoyage, la collecte post-événement ne compense pas l’impact invisible (pollution sonore, microplastiques, hydrocarbures).
Impact écologique de la Mercury Beach 2025
Lieu : Grande Anse, Anses-d’Arlet (zone classée à fort intérêt écologique et touristique)
Zone d’impact
1 km de plage saturée par les festivaliers et installations
Zone marine proche : herbiers de phanérogames marines (habitat de tortues vertes) soumis au piétinement et à l’ancrage
Déchets et pollution
Estimations post-événement :
2 à 3 tonnes de déchets collectés sur plage et zone proche (gobelets, plastiques, emballages)
Microplastiques et déchets non récupérables : estimation impossible
Polluants invisibles : hydrocarbures et huiles des moteurs nautiques, traces de produits solaires et cosmétiques

Nuisances sonores
Musique amplifiée > 100 dB sur plage et zone marine
Perturbation potentielle de la faune marine et aviaire
Risques identifiés
Dégradation des herbiers marins et du sable
Perturbation des tortues et poissons côtiers
Rejets liés aux comportements à risque (alcool, substances psychoactives)
Recommandations d’associations écologistes
Limiter le nombre de bateaux et encadrer l’ancrage
Créer une zone tampon protégée en mer
Mettre en place un dispositif de suivi écologique annuel
Renforcer les obligations de nettoyage et de tri sélectif
Des habitants partagés
Certains riverains saluent un encadrement plus strict qu’avant, qui réduit les incivilités visibles.
D’autres dénoncent un « verrouillage » de la plage pour un événement commercial et un impact environnemental largement sous-estimé.
Un débat qui dépasse la fête
La Mercury Beach est devenue un symbole : celui d’une Martinique qui rayonne dans la Caraïbe et attire des visiteurs haut de gamme. Mais aussi celui d’une tension croissante entre développement touristique et préservation environnementale.
En 2025, alors que les littoraux martiniquais subissent déjà la pression du changement climatique, des sargasses et de l’érosion, la question mérite d’être posée : la fête peut-elle continuer sans un encadrement écologique renforcé ?



