Souvenons-nous que nous ne sommes pas très forts pour prévoir l’avenir

Imaginons un paysan français du 16e siècle, à l’époque de François 1er, s’inquiétant terriblement pour ce qui allait arriver au 17e siècle, à l’époque de Louis XIV.

Ou un jeune chevalier manifestant dans les rues d’Orléans en 1270 pour que le roi Philippe III le Hardi prenne des mesures urgentes pour les générations qui allaient vivre dans les années 1400, pendant la Guerre de Cent Ans.

J’ai lu ces lignes dans un livre sur les grands problèmes actuels qui est sur ma table de chevet [1] (enfin, je cite de mémoire, mais c’était l’idée).

Cela m’a fait réfléchir.

L’idée de l’auteur (l’essayiste Philippe Muray), c’est qu’il est excessivement difficile d’anticiper ce que vivront nos enfants, petits-enfants, arrières-petits enfants.

Certes, dit-il, ils vivront peut-être des catastrophes.

Mais qui nous dit que ce ne sont pas eux, au contraire, qui se souviendront de nous avec pitié ?

Qui diront à leurs enfants : “Cessez de vous plaindre ! Pensez un peu à votre grand-mère qui vivait en 2020, et qui avait tels et tels terribles problèmes que vous n’avez plus à craindre aujourd’hui !

Notre époque est un cas particulier

Il est évident que notre époque est un cas particulier.

Nous sommes plus nombreux que jamais auparavant. Nous consommons des ressources astronomiques. Nous déversons chaque année des milliers de milliards de tonnes de plastiques dans les océans, et de CO2 dans l’atmosphère.

Nous faisons disparaître les espèces, animales et végétales, à un rythme effréné. Plus vite que lors de toutes les grandes extinctions précédentes (par exemple, celle des dinosaures).

Mais ce n’est qu’une première face de la médaille…

L’autre face de la médaille, c’est que nous avons infiniment plus de connaissances, de technologies, de ressources, d’énergie qu’aucune génération avant la nôtre, pour trouver des solutions, et les mettre en œuvre.

Et cela crée une immense incertitude.

L’impossibilité de savoir, exactement, à quelle sauce nous allons être mangés dans les décennies qui viennent.

Par exemple…

  • Qui peut prévoir ce que donneront les progrès de la biologie, pour notamment permettre de ressusciter des espèces disparues ?
  • Le projet des réacteurs ITER, à fusion nucléaire, produisant une énergie illimitée, va-t-il bouleverser le monde et rendre inutile du jour au lendemain toutes les énergies fossiles (et nous fournir assez d’énergie pour capter le CO2 de l’atmosphère, modifier le climat, refroidir le globe si nécessaire ??)
  • Que va-t-il advenir de l’intelligence artificielle ? Va-t-elle nous permettre de résoudre d’innombrables problèmes insolubles aujourd’hui ?

Ce ne sont que trois questions majeures, auxquelles personne n’a de réponse actuellement (mais beaucoup ont des théories).

Il y a des milliers d’autres questions cruciales, sur l’avenir des bactéries mangeuses de plastique pour nettoyer les océans, les véhicules autonomes et électriques qui, peut-être, vont libérer nos villes de 90 % des voitures, l’épuisement des ressources en phosphate pour l’agriculture, la question de l’évolution de la population du globe sachant qu’elle devrait diminuer rapidement à partir de 2050 partout sauf en Afrique, les nouveaux moyens de produire des protéines à partir d’insectes, etc.

Quelles seront les conséquences de tout cela ? Quels changements de perspectives ?

“Plus la science accroît le cercle de ses connaissances et plus grandit autour le cercle d’ombre” (Henri Poincaré)

Le mathématicien français Henri Poincaré (notre “Einstein” national !) disait :

Plus la science accroît le cercle de ses connaissances, et plus grandit autour le cercle d’ombre”.

Cela veut dire que notre progrès scientifique et technique pose de plus en plus de questions mystérieuses.

Notre puissance de destruction grandit, et cela nous inquiète. Mais grandit en même temps notre puissance de correction, de construction.

Si bien qu’il n’est pas impossible que nos enfants et petits-enfants vivent au bout du compte, mieux que nous. Nous ne sommes pas sûrs que tout sera pire demain.

Je n’écris pas cela pour démobiliser. J’écris cela au contraire pour remobiliser.

Car de plus en plus souvent, j’entends des personnes exprimer une telle anxiété, un tel désespoir face à l’avenir, qu’elles baissent les bras. Elles pensent que tout est fichu, qu’il n’y a plus rien à faire, que l’on va forcément à la catastrophe.

Mais en fait non : rien n’est gravé dans le marbre.

Le pire n’est jamais certain.

Aujourd’hui comme hier, nous avons probablement des chances d’avoir un avenir meilleur.

Tout dépend de notre attitude. De notre volonté d’agir. De notre inventivité. De la chance, ou de la malchance qui nous attendent.

Une chose est sûre : le plus grand danger est de nous asseoir en croisant les bras, et en attendant que les problèmes empirent.

À votre santé !

Jean-Marc Dupuis

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