Bénédicte Le Gall –
Un rapport de l’Unicef publié en septembre 2025 alerte sur le taux d’obésité infantile dans le monde. Un enfant sur dix en souffre, c’est plus que le nombre d’enfants en insuffisance pondérale. Un chiffre qui inquiète la communauté internationale.
– Repéré sur The New York Times
C’est un constat inédit et alarmant : pour la première fois, le nombre d’enfants obèses dans le monde dépasse celui des enfants en sous-poids. Cette bascule est documentée dans un rapport sur la nutrition infantile publié début septembre 2025 par l’Unicef.
«Il s’agit d’une étape importante, dramatique mais pas surprenante», réagit Johanna Ralston, directrice générale de la Fédération mondiale de l’obésité, citée par The New York Times. Depuis 2000, la proportion d’enfants souffrant d’insuffisance pondérale est passée de 13 % à 9,2 %. Dans le même temps, l’obésité infantile a progressé sans relâche : aujourd’hui, un enfant sur dix est obèse et un sur cinq est en surpoids.
Johanna Ralston espère que la publication de ce rapport provoquera un sursaut lors de la prochaine Assemblée générale des Nations unies. Mais, selon elle, gouvernements et organisations internationales restent «extrêmement mal préparés» face à la crise sanitaire qu’est le problème de l’obésité.
Les chiffres sont sans appel. Depuis le début des années 2000, le nombre d’enfants en surpoids a plus que doublé dans les pays à faibles et moyens revenus. En 2022, ces pays concentraient 81 % des enfants en surpoids dans le monde. Les pays riches ne sont pas épargnés : le taux d’obésité infantile y a bondi de 20 % entre 2000 et 2022.
Des aliments ultratransformés très addictifs
Le rapport pointe du doigt un responsable majeur : la généralisation des aliments ultratransformés, bon marché et massivement promus auprès des jeunes. «Ces aliments ont tendance à être riches en calories. On leur ajoute du sucre, du sel et des graisses, ce qui les rend addictifs et consommables à l’excès», explique Sriram Machineni, médecin spécialiste de l’obésité au Montefiore Einstein Medical Center, dans le Bronx (New York, États-Unis).
Un sondage mené en 2024 dans 171 pays révèle que trois adolescents et jeunes adultes sur quatre avaient vu, au cours de la semaine précédente, des publicités pour des boissons sucrées, des snacks ou des fast-foods. Malheureusement, les essais cliniques et les efforts de santé publique sont souvent insuffisants pour prévenir l’obésité infantile qui, une fois installée, est difficile à combattre.
Un défi mondial sous-estimé
La situation est particulièrement préoccupante dans les pays à faibles et moyens revenus, où les infrastructures médicales, la formation et l’accès aux soins restent limités. «Les enfants ont accès à des calories bon marché, mais pas à une alimentation nutritive», souligne Johanna Ralston.
Pour Catherine Russell, directrice générale de l’Unicef, l’urgence est claire. Elle appelle les gouvernements à «interdire la malbouffe dans les écoles, à subventionner les options saines et à limiter l’influence démesurée de l’industrie agroalimentaire». Johanna Ralston plaide quant à elle pour une réponse globale : promotion de l’activité physique, amélioration de l’accès aux soins et financements à la hauteur de l’enjeu.
«L’obésité est très répandue et dévastatrice pour la santé des enfants, mais elle reste chroniquement négligée et sous-financée», regrette-t-elle.