Serge est un pianiste de quarante trois ans dont le talent est reconnu en Europe et plus largement en occident. Il a grandi au quartier Massel au Marin dans une fratrie de deux enfants, de parents retraités sa mère était directrice d’école primaire et son père employé de la sécurité sociale. Il vient d’une famille de musiciens, il est le neveu de Léon Sainte-Rose, il a des cousins musiciens et son père Georges a toujours aimé jouer les congas et les timbales.

Comment est née votre passion pour le piano ? Quel type de musique vous passionne ?
Mon premier instrument a été la flûte traversière. C’est en allant à mes cours de musique a l’École de Musiques et Arts Plastiques de Rivière-Pilote, et aux répétitions avec le groupe Kaïmit dont je faisais partie que j’ai commencé à m’intéresser au piano. Chaque fois que j’en voyais un, j’aimais m’y asseoir et j’appréciais la polyphonie du piano, que je n’avais pas avec la flûte.

Quel a été votre parcours pour devenir le musicien que vous êtes aujourd’hui ?
J’ai eu une formation très éclectique. J’ai commencé la musique en Martinique à l’âge de 11 ans en jouant de la flûte traversière. Je jouais de la musique classique, et en parallèle de la musique traditionnelle dans le groupe Kaïmit, qui était encadré par Léon Sainte Rose et Joelle Vielet. Si j’ai eu la passion pour la musique c’est en grande partie grâce à tous les deux, qui ont insufflé leur amour de la musique a tous les membres du groupe. Après mon bac je suis parti étudier la musique à Cuba, puis à Toulouse et Paris, dans diverses écoles de classique et jazz. J’habite à Londres depuis maintenant 16 ans ou j’ai continué à m’intéresser et à jouer d’autres styles de musique, comme la pop, la soul, la musique électronique, et bien d’autres. J’ai joué avec beaucoup d’artistes et de groupes, tourné en Europe, au Canada, sur un bateau de croisière en Asie. J’ai aussi réalisé plusieurs albums pour des artistes et composé de la musique de film et de pub.

Vos racines martiniquaises imprègnent-elles votre musique ? Comment choisissez-vous d’intégrer les rythmes caribéens dans vos compositions ?

Je suis né en Martiniquais, j’y ai grandi jusqu’à l’âge de 18 ans. On ne peut pas effacer d’où l’on vient. Bien que j’ai plus l’occasion de composer d’autres styles de musique, je n’ai aucun doute que mes racines caribéennes se reflètent dans mes compositions d’une façon ou d’une autre. Quand je compose des morceaux caribéens, je cherche alors à puiser dans mes racines, en utilisant les rythmes ancrés en moi.

Quelle est selon vous la plus belle œuvre jamais composée ? Si vous aviez une playlist à partager avec nous laquelle serait-elle ?

C’est une question très difficile. Peut-être à cause de mes influences extrêmement diverses, j’aurai du mal à y répondre. J’aime énormément beaucoup de morceaux, qui me touchent pour une raison ou un autre, en fonction de mon humeur. Pour moi la musique c’est comme la nourriture. Le poulet boucané c’est excellent ! Mais je n’aimerais pas en manger 24h/24 ! La musique est un langage universel. Tous les styles peuvent être intéressant, et cette diversité me nourrit, et contribue à ce que je suis. Si j’avais une playlist à partager il y aurait beaucoup de styles différents. Je ne suis pas sûr que ça plairait à tout le monde !

Vous allez jouer le 07 octobre 2022 au Saint-John’s Smith Square à Londres au Royaume-Uni avec un orchestre symphonique le Covent Garden Sinfonia, parlez-nous du concept de ce grand événement et ce qui vous touche dans cette musique que vous donnerez à entendre ?

C’est un projet très ambitieux, qui a vu le jour au terme d’une certaine réflexion, et plusieurs « coïncidences ».  Ayant obtenu une subvention de l’Arts Council à Londres, j’ai travaillé avec mon mentor, Terry Davies, et j’ai enregistré quelques morceaux avec un orchestre symphonique de 53 musiciens. Fort de cette expérience, je me suis alors senti capable d’attaquer un projet aussi ambitieux, qui me permet de renouer avec mes racines et de les explorer de manière plus approfondie. From Britain To The Caribbean and Back (mais ça pourrait être aussi France To The Caribbean And Back) touche aux thèmes du commerce triangulaire, l’esclavage aux Antilles, la souffrance, l’aliénation, les neg marron, le vaudou, l’abolition de l’esclavage, l’espoir, le métissage etc., sur fond de fusion entre musiques caribéennes et musique classique/orchestrale. J’utilise différents rythmes de la Caraïbes, entre autres du gwoka, bèlè, salsa, reggae, kompa, biguine etc. Le Covent Garden Sinfonia, sous le bâton de Ben Palmer est un orchestre bien établi et reconnu comme être l’un des orchestres les plus dynamiques et polyvalent à Londres. Le concert se fera dans une très belle église dans le centre de Londres.

Vous serez sur scène avec le Covent Garden Sinfonia, nous l’avons dit mais seront en vedettes 3 chanteurs et 2 percussionnistes du monde : si vous voulez bien les présenter et nous dire ce que cette collaboration vous apporte(ra) mutuellement ?

Les 3 chanteurs vedettes sont Joel O’Cangha, Julienne Mahailet, et Chantal Brown. Les 2 percussionnistes sont Yann Villageois et Oscar Martinez. Il y a aura aussi un invité, Laurent Sylvestre, qui interprétera 2 morceaux pendant le concert. Ce sont tous des artistes exceptionnels et expérimentés, qui apporteront leur expertise dans leur domaine, que ce soit classique, gospel, jazz, gwoka/bèlè, et musique latine. J’ai travaillé avec Joel O’Cangha énormément. Nous avons entre autres co-écrit certains morceaux qui seront joues lors du concert. Le concert nous permettra de communier ensemble à travers une expérience originale, de partager notre savoir et compétences.

Pouvez-vous dire que votre musique, et ce concert en l’occurrence, est élitiste ?

Non, ma musique s’adresse à tout le monde, et a toutes les classes sociales, qui se retrouveront autour d’un concept unique, et j’espère, fédérateur.

 Que diriez-vous au public pour lui donner envie de vous découvrir sur scène le 07 octobre prochain ? Projetez-vous d’organiser un concert en Martinique dans un avenir proche ou lointain ?

En toute modestie, je dirais que c’est un concert à ne pas rater. Ce n’est pas souvent qu’on entend des rythmes de chez nous, et des rythmes caribéens d’une façon générale, joués par un orchestre symphonique !
Il s’agit aussi d’un concert autour de thèmes très forts, et mon espérance est de marquer mes auditeurs, que ce soit une expérience inoubliable ! J’aimerais beaucoup faire ce concert en Martinique, et dans d’autres îles de la Caraïbe. C’est un concept qui s’adresse au peuple caribéen entier. Tout dépendra des finances. Faire jouer un orchestre de 40 musiciens cela demande beaucoup d’organisation et un gros budget !

Propos recueillis par Stelle DIBANDI


Lien de réservation :

 https://www.sjss.org.uk/events/serge-sainte-rose


Site de l’événement :

https://www.sergesainterose.com/from-britain-to-the-caribbean-and-back-7-10-22/


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