L’étonnante prédiction de Steve Bannon
L’ancien stratège de la Maison-Blanche, Steve Bannon, a évoqué dans une interview à The Economist la possibilité d’un troisième mandat pour Donald Trump, malgré la limite constitutionnelle des deux mandats présidentiels. Une déclaration qui relance les spéculations sur les ambitions futures du milliardaire républicain.
Une sortie choc signée Steve Bannon
Dans un entretien publié par The Economist, Steve Bannon, ex-conseiller de Donald Trump et figure centrale du mouvement MAGA (Make America Great Again), a surpris en affirmant : « Il y a un plan. Nous avions des chances plus faibles en 2016, encore plus en 2024, qu’en 2028. (…) Trump sera président en 2028. Les gens feraient bien de s’y habituer. »
Ces propos dessinent un scénario inédit : celui d’un troisième mandat présidentiel pour Donald Trump, en dépit de la limite fixée par le 22ᵉ amendement de la Constitution américaine. Pour Bannon, ce projet ne serait pas une simple provocation, mais une mission politique et spirituelle : « Le pays a besoin de lui pour terminer ce que nous avons commencé. Il est un instrument de la providence divine. »
Les trumpistes rêvent d’un troisième mandat
Certains alliés du milliardaire entendent contourner ou abroger le 22ᵉ amendement, qui limite à deux les mandats présidentiels. Le député républicain Randy Fine (Floride) plaide déjà pour sa suppression, tandis qu’un groupe baptisé « Third Term Project » milite ouvertement pour une réforme constitutionnelle.
Une telle entreprise semble pourtant quasi impossible : elle exigerait l’accord des deux tiers du Congrès et la ratification par les trois quarts des États américains. Mais dans une Amérique polarisée et fracturée, la simple idée de rouvrir ce débat crée un précédent dangereux, estiment plusieurs constitutionnalistes.
Bannon, lui, rejette toute accusation de dérive autoritaire : « Si le peuple américain remet Trump au pouvoir, est-ce qu’il déchire la Constitution ? Pas du tout. »
Le « Project 2025 », matrice idéologique du trumpisme
Cette vision s’inscrit dans le sillage du Project 2025, document doctrinal de la Heritage Foundation, principal think tank ultraconservateur de Washington. Publié en 2023, ce manuel de près de 900 pages propose une refonte totale de l’État fédéral américain : centralisation du pouvoir exécutif, affaiblissement des contre-pouvoirs, et moralisation des institutions selon une lecture chrétienne et nationaliste.
Depuis son retour à la Maison-Blanche, Trump s’en inspire largement : réduction du rôle du ministère de l’Éducation, priorité donnée à l’enseignement privé, restriction du droit à l’avortement, interdiction du financement fédéral des transitions de genre pour mineurs, et usage accru des forces fédérales sur le sol américain.
Ces mesures traduisent une volonté de verticalité autoritaire, où le président devient le centre d’un pouvoir exécutif quasi absolu.
Bannon, le stratège du chaos
Steve Bannon, fidèle à sa stratégie de la provocation permanente, utilise cette idée d’un troisième mandat comme un instrument politique. En entretenant le doute, il cherche à préparer l’opinion à une transgression constitutionnelle qu’il présente comme légitime.
Début octobre, sur NewsNation, il évoquait déjà « plusieurs alternatives » pour maintenir Trump sur le bulletin de vote, quelle que soit la légalité de sa candidature. Donald Trump, lui, reste ambigu : en mars, il affirmait à NBC qu’il « ne plaisantait pas » en évoquant un troisième mandat, avant de nuancer en août sur CNBC : « Probablement pas. »
Dans l’univers bannonien, le chaos est un moyen de gouverner. Chaque phrase, chaque provocation vise à repousser les limites du possible — jusqu’à faire accepter l’impensable : une présidence américaine hors des cadres constitutionnels.



