« Avec cette nouvelle formation, Nous pourrons proposer à des professionnels du spectacle des produits spécifiques en fonction de leurs besoins »

Josette CINNA est professeure de génie industriel textile et cuir (GITC), depuis 1991 et Coordonnatrice de la filière « Métiers de la mode » au lycée Dumas Jean-Joseph à la Pointe des Nègres, lycée qui instaure cette année une formation complémentaire d’initiative locale (FCIL) « Couture à façon, création, rénovation, transformation de vêtements – mode et art des costumes du spectacle ».

Cette nouvelle action de formation est selon elle l’occasion pour les jeunes adultes (femmes et hommes), ayant une expérience dans les métiers de la mode, un diplôme (CAP ou BAC PRO métiers de la mode) de se spécialiser dans des domaines où l’on ne trouve pas ce savoir-faire au niveau local.

Quel constat a précédé la mise en place de cette nouvelle formation en couture ?

Jusqu’ à présent, nous avions deux diplômes, un CAP vêtement flou et un Bac pro métiers de la mode. Le CAP vêtement flou fermant à la rentrée prochaine, nous n’aurons plus qu’un Bac pro métiers de la mode. Nous nous sommes basés sur une analyse du terrain : ce n’était pas la peine de se battre pour une formation qui n’est pas remplie puisque l’on a de moins en moins d’élèves.

Beaucoup de jeunes ne sont plus attirés par ces filières parce que les martiniquais ne se rendent plus chez les couturières qu’à certaines occasions. En conséquence, les entreprises qui offrent ce type de service sont en perte de vitesse : beaucoup de personnes commandent, ou achètent leurs vêtements ailleurs, quelquefois une vingtaine d’euros en Chine, en prêt-à-porter, tandis que nous formons pendant ce temps les élèves pour qu’ils travaillent le sur-mesure. Ce sont des vêtements qui reviennent un peu plus cher car ils nécessitent un vrai travail de création, de conception et de mise aux mesures en fonction de la morphologie de la personne.

Quels seront les atouts de cette nouvelle formation ? 

Cette nouvelle formation répond aux besoins au niveau local, lesquels ont été évalués sur le terrain avant sa mise en place. J’ai formé des élèves en brevet des métiers d’art et de spectacle en France, on travaillait en direct avec des metteurs en scène et avec le théâtre de la ville. Les jeunes, avec le professeur d’arts appliqués et le professeur d’enseignement professionnel, rencontraient ces personnes du spectacle qui venaient avec un cahier des charges, des costumes, des croquis, etc. et on cherchait ensemble à trouver le costume qui conviendrait. On pourra avoir le même principe et proposer à des professionnels du spectacle ou au client lambda des produits spécifiques en fonction de leurs besoins.

Quelles sont les entreprises visées en Martinique ?

Les ateliers du Sermac ; toutes les compagnies de carnaval pour la création, la conception, (recherche du prototype et réalisation proprement dite). On peut concevoir par exemple un prototype et si cela correspond à la demande du client, il pourra contacter les professionnels du secteur pour lancer la fabrication. C’est l’occasion de donner du travail aux couturières.

Il y a également tous les spectacles vivants de patrimoine, les entreprises qui organisent un spectacle en fin d’année, dans les écoles aussi : plusieurs possibilités sont offertes et peu exploitées. Par exemple, les défilés de mode dans lesquels toutes les tenues pourraient être créées.

Au lieu du prêt-à-porter où il existe déjà une pléthore de produits à des prix très bas, nos jeunes pourraient se spécialiser dans des domaines où l’on ne trouve pas ce savoir-faire au niveau local et montrer la qualité des produits et des prestations. Je suis persuadée qu’il y a un public qui serait attiré par ces produits. …et quand bien même, on pourrait créer la demande.

L’enseignante de la section théâtre du Lycée Schoelcher a été enchantée : peut-être pourraient-ils demain retourner vers un professionnel pour réaliser leurs costumes ?

Cela concerne aussi les vêtements de tous les jours, l’intitulé « Couture à façon » correspond à la création d’ouvrages uniques ou en petites séries en fonction de la demande particulière du client, dans une démarche de concertation et d’échange pour répondre au besoin.


La formation « Couture à façon, création, rénovation, transformation de vêtements – mode et art des costumes du spectacle » 

Cette formation complémentaire d’initiative locale (FCIL) dénommée « Couture à façon, création, rénovation, transformation de vêtements, mode, art du spectacle » s’ouvre le 17 octobre et se termine en juin, au lycée Dumas Jean-Joseph de la pointe des nègres. Il s’agit bien d’un complément de formation, doté d’un référentiel de compétences, ouvert aux personnes (demandeurs d’emploi ou pas) déjà formées ou expérimentés en couture, avec ou sans diplôme, et qui aimeraient compléter leur expérience ou leur formation pour pouvoir monter une structure par exemple, ou s’insérer dans le monde professionnel.

Les 12 apprenants positionnés sur cette formation ponctuelle seront en alternance en centre de formation et en entreprise à raison de 14 semaines en centre et de 12 semaines en entreprise. Les jeunes seront aidés dans la recherche d’une entreprise d’accueil.

En effet, avant même l’ouverture de cette formation, le lycée a prospecté des entreprises pour leur présenter le programme et les inciter à s’engager en prenant des élèves en stage, l’idéal étant que le jeune se fasse embaucher par la suite dans cette même entreprise ou qu’il créée sa propre structure.  Ce qui permettrait de déposer une demande de renouvellement de formation, avec à l’appui le taux de satisfaction des professionnels.

Il est possible aussi pour ceux qui ont appris sur le tas parce qu’ils ont travaillé avec une couturière et se sont formés, de valider leur expérience après cette formation par le biais de la validation des acquis de l’expérience.

Notons que cette formation proposée par l’Éducation nationale et la CTM est gratuite : pas de frais d’inscription, ni de frais de scolarité. Le jeune a obligation de respecter l’emploi du temps et les jours où il sera en entreprise. En fin de formation, si les compétences sont validées, il lui sera délivré un certificat de compétences qu’il pourra présenter comme un diplôme et qui lui permettra de travailler.

 

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