À l’aube de l’année 2025-2026, l’académie de Martinique fixe le cap : protéger ses élèves, élever leur niveau et réduire les inégalités. Santé mentale, lutte contre le décrochage, égalité filles garçons et école inclusive : des chantiers ambitieux dans un contexte démographique et social difficile. Ce lundi sonne l’heure de la rentrée pour plus de 62 000 élèves.
C’est une petite révolution discrète qui s’opère dans les établissements de Martinique. Alors qu’un jeune sur cinq souffre de troubles psychiques, chaque collège et lycée disposera désormais de référents santé mentale et de points d’écoute. Objectif : dépister, accompagner et prévenir avant que la souffrance ne vire à l’isolement ou au décrochage.
Cette attention au bien-être ne s’arrête pas aux élèves. Des formations à la gestion du stress et à la communication bienveillante sont proposées aux personnels, avec l’idée simple mais essentielle : des enseignants sereins pour des élèves mieux accompagnés.
Sécurité et climat scolaire sous surveillance
Dans un territoire où la violence des jeunes inquiète, l’académie renforce son arsenal. Le Plan Confiance et Sécurité, déployé cette rentrée, s’attaque à la consommation de stupéfiants et à la prédélinquance, en lien avec l’ARS, la préfecture et la justice. Des concours inviteront les élèves à dire « non » à la violence, tandis que les contrôles de cartables contre les armes blanches seront intensifiés.
« L’école doit redevenir un sanctuaire », répètent les responsables académiques, convaincus qu’aucun apprentissage n’est possible sans sentiment de sécurité.
Lire, écrire, compter : retour aux fondamentaux
Au-delà du climat scolaire, l’accent est mis sur les savoirs. De nouveaux programmes de français et de mathématiques, de la maternelle à la 6e, redonnent toute sa place à l’apprentissage rigoureux de la lecture, de l’écriture et du calcul.
L’académie poursuit également son dispositif « 100 % lecteurs », soutenu par l’écrivain Patrick Chamoiseau, pour combattre l’illettrisme dès le primaire et jusque dans les lycées professionnels. Un enjeu crucial, alors que le diplôme national du brevet et le baccalauréat deviennent plus exigeants dès 2026.
Lutter contre le décrochage et ouvrir des horizons
Avec un taux de décrochage inférieur à la moyenne nationale, la Martinique veut aller plus loin. Un nouveau label récompensera les établissements les plus actifs dans la prévention. Des plateformes de suivi permettront de repérer plus vite les élèves en difficulté.
Parallèlement, l’académie mise sur l’orientation dès la 5e. Découverte des métiers, stages à l’étranger et plan « Avenir Pro » dans les lycées professionnels doivent donner du sens aux parcours scolaires et faciliter l’accès à l’emploi.
Une école plus juste et inclusive
La rentrée 2025 marque aussi le lancement d’un plan spécifique pour les enfants relevant de l’Aide sociale à l’enfance, avec un accompagnement renforcé sur le plan scolaire, médical et psychologique.
Les inégalités de genre sont également ciblées : davantage de filles seront orientées vers les filières scientifiques, et la Martinique fait partie des académies pilotes pour expérimenter des classes à horaires aménagés dédiées aux sciences.
Enfin, l’école inclusive franchit une nouvelle étape. Avec 14 pôles d’appui à la scolarisation supplémentaires et 97 % des notifications d’accompagnement effectives, la Martinique affiche des résultats bien supérieurs à la moyenne nationale pour l’accueil des élèves en situation de handicap.
Des moyens maintenus malgré la baisse démographique
Le paradoxe martiniquais persiste : la démographie scolaire recule (–800 élèves en 2025), mais l’encadrement reste l’un des plus favorables de France, avec près de neuf enseignants pour cent élèves en primaire. Une « exception martiniquaise » que le rectorat attribue à l’engagement des personnels et à l’attention particulière du ministère.
Une rentrée décisive
Entre la santé mentale, la lutte contre le décrochage et la quête d’excellence, l’école martiniquaise avance sur une ligne de crête : protéger et élever, inclure et sécuriser, moderniser et soutenir. Autant de défis pour que l’institution demeure ce lieu où se construit l’avenir du territoire.



