L’opposante au président vénézuélien Nicolas Maduro soutient la ligne dure de Donald Trump
Un prix sous haute tension politique
Figure de la droite radicale vénézuélienne, Maria Corina Machado, 58 ans, s’est vu décerner, vendredi 10 octobre, le prix Nobel de la paix « pour son combat en faveur de la démocratie ». Depuis la présidentielle de juillet 2024 au Venezuela, remportée par Nicolas Maduro, la dirigeante de l’opposition vit dans la clandestinité. « Machado a été obligée de vivre cachée. Malgré les menaces sur sa vie, elle est restée dans le pays. Lorsqu’un pouvoir autoritaire s’installe, il est essentiel de reconnaître ceux qui défendent la liberté », a déclaré le comité Nobel norvégien.
Dans un message sur X, la lauréate a dédié son prix « au peuple du Venezuela qui souffre et au président Trump pour son soutien décisif ».
Le message a été relayé par la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt. Le directeur de la communication de Donald Trump, Steven Cheung, a pour sa part dénoncé un comité Nobel ayant « préféré la politique à la paix », reprochant au jury de ne pas avoir récompensé le président américain lui-même.Un prix salué et contesté
Au sein de la diaspora vénézuélienne et dans le pays, les partisans de Machado exultent. Plusieurs chefs d’État ont salué son courage, y voyant « un coup dur pour Nicolas Maduro ». Mais les médias d’État vénézuéliens sont restés silencieux, et les partisans du président ont dénoncé un « instrument de l’impérialisme occidental », accusant Machado d’être « la marionnette de Donald Trump ». Même au sein de l’opposition, son prix ne fait pas l’unanimité.
Certains rappellent qu’avant sa candidature à la présidentielle de 2023, elle avait longtemps prôné l’abstention, soutenu les sanctions américaines contre l’industrie pétrolière et gardé le silence sur le déploiement de navires de guerre américains au large des côtes vénézuéliennes. Pour une partie de l’opposition, cette distinction est une « catastrophe potentielle », risquant d’encourager une intervention militaire étrangère.
Une figure de la droite radicale
Née à Caracas, mère de trois enfants, Maria Corina Machado est entrée en politique il y a plus de vingt ans. Opposante farouche à Hugo Chávez puis à Nicolas Maduro, elle cofonde en 2002 l’ONG Súmate, dédiée à la transparence électorale, puis fonde son parti Vente Venezuela. Elle s’est fait connaître en 2012 à l’Assemblée nationale en lançant à Chávez : « Exproprier, c’est voler. » Ce à quoi le président répondit : « Un aigle ne chasse pas les mouches. »
Longtemps marginalisée, Machado s’impose en 2023, remportant 93 % des voix à la primaire de la Plateforme unitaire démocratique, qui regroupe les principaux partis d’opposition. Faute de pouvoir se présenter, déclarée inéligible, elle soutient la candidature d’Edmundo Gonzalez, finalement contraint à l’exil après la victoire contestée de Maduro.
Entre héroïsme et ambiguïtés
Maria Corina Machado, désormais clandestine, est applaudie par les partisans de la droite dure internationale. Elle a participé à des forums régionaux d’extrême droite, fait l’éloge de l’ultralibéral argentin Javier Milei, et a été félicitée par le chef du parti espagnol Vox, Santiago Abascal, qui la décrit comme « une amie et une alliée ». Depuis sa cachette, Machado promet de poursuivre son combat :
« Le moment approche pour que les Vénézuéliens retrouvent leur souveraineté et la démocratie. »
Mais dans un Venezuela meurtri par la crise, seuls 3 % des habitants soutiennent une éventuelle intervention militaire américaine. La politologue Eglée Gonzalez espère que ce Nobel incitera Machado à privilégier le dialogue et la négociation, plutôt qu’une escalade dangereuse.
Maria Corina Machado, figure charismatique et controversée, symbolise aujourd’hui la fracture d’un pays : entre la soif de liberté et la tentation d’une libération par la force.