Violences conjugales.
La Guadeloupe, la Martinique et la Guyane comptent parmi les territoires les plus touchés de France.
Des taux trois fois supérieurs à la moyenne nationale.
« Une honte bue comme de la ciguë » : voilà ce que nous avalons collectivement, en détournant le regard.
Un rapport de l’ONU révèle qu’une organisation sur trois
a suspendu ou fermé ses programmes de lutte contre les violences basées sur le genre,
faute de moyens, faute d’écoute, faute d’urgence politique.
Le fait est là.
Nous, Martiniquais, Guadeloupéens, Guyanais, avons hérité d’une société qui a appris la douleur avant la tendresse,la domination avant l’amour.
Et nous continuons de confondre autorité et affection, force et respect.
Dans nos maisons, dans nos rues, dans nos familles, l’eau des larmes coule plus souvent que l’eau du robinet.
Il est temps de rendre à nos couples, à nos enfants, le droit à la douceur —
ce droit élémentaire que la vie nous promet, mais que nous devons d’abord reconstruire en nous-mêmes.
Être Martiniquais, c’est difficile.
C’est porter cette dure mémoire dans le cœur, marcher sur une terre d’ombres et de souffrances du passé. Mais on peut, malgré tout, être un Martiniquais apaisé.
Décider de respirer avec tout cela — cette charge qui pèse sur nous — sans colère, sans honte, sans oubli.
Sans rien renier : ni les douleurs, ni les promesses trahies. Et avancer,debout.
Car la mémoire n’est pas un fardeau. C’est une force
C’est regarder la France, le passé, sans haine, sans soumission. Comme un fils lucide face à un parent compliqué.
C’est vouloir du respect, pas de tutelle. Du dialogue, pas de dépendance.
Et le regard tourné vers la mer, voir la Caraïbe. Se savoir archipel, dans une mère apaisée.
Et toujours, même dans la plus grande fureur
savoir que sa compagne, son épouse, sa compagne est faite pour être choyée, embrassée, dorlotée.
Car aimer, ici, c’est déjà réparer.
 
		

 
									 
					
