Vous avez sans doute vu ces affiches présentant trois visages : une femme, une larme glissant sur la joue, une autre femme, plus âgée, les yeux baissés, et puis la frimousse d’un petit enfant. Ces trois visages sont sous l’eau. Une illustration du caractère parfois intrafamilial – et souvent tabou dans notre société – des violences sexuelles, le point focal de la campagne 2011 pour l’élimination des violences envers les femmes. Aussi une façon de symboliser le silence, la résignation, l’hypocrisie.

Rita Bonheur et Yvette Ebion, directrice de Rosannie Soleil (MI)

Les chiffres, insupportables, de la police et gendarmerie ont été communiqués il y a quelques jours : en 2010, 410 cas de viols et autres agressions sexuelles ont fait l’objet de plaintes en Martinique – plus d’une plainte par jour. Hélas, 4000 victimes n’oseraient pas franchir le pas (ce qui donne une claire indication du nombre de violences par an). Un peu plus de 97% des victimes sont des femmes, très majoritairement agressées par des personnes de sexe masculin. Réalisé en 2008 en Martinique, l’Enquête Nationale sur les Violences envers les Femmes en France (ENVEFF) établissait que sur la période 2005-2008, il y eut en moyenne 29 viols (déclarés) et 10 homicides pour 100.000 habitants (contre respectivement 17 et moins de 4 en moyenne pour l’Hexagone). Insupportable, répétons-le. Parmi les rares points communs des victimes et auteurs de ces violences, le fait de ne pas appartenir à une tranche d’âge ou catégorie socio-économique particulière. Pas de « profil » exclusif en somme.

 

Pascale Benoît (MI)

 

 

Prévue jusqu’au 2 décembre prochain, cette campagne est menée par une coordination d’associations traitant de cette problématique : Union des Femmes de la Martinique (UFM), Rosannie Soleil, Association pour l’Accompagnement, le Développement et la Promotion de l’Action Sociale (AADPAS). Des structures réunies au sein du dispositif « Objectif égalité » (piloté par l’association Konbit), un dispositif soutenu financièrement par l’Etat, la Région, l’Agence Régionale de Santé, la CAF et le Contrat Urbain de Cohésion Sociale (CUCS) de Fort-de-France. Au programme de cette mobilisation collective, des forums de sensibilisation aux violences sexistes feront tourner la parole au Département et à la Région, au Crosma, ou encore à l’Atrium ; une caravane de l’UFM distribuera des tracts (ce samedi), dans le nord de notre île ; et, du 28 novembre au 2 décembre, une exposition itinérante de l’association Rosannie Soleil informera sur les dispositifs d’accueil des femmes victimes de violences (cela se passera au Conseil général). — voir Antilla cette semaine…

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