Le voile continue de se lever sur les violences sexuelles faites aux enfants. Et cela donne la nausée. En France, 160 000 mineurs sont victimes chaque année. Dans plus d’un cas sur cinq, les violences ont commencé avant 5 ans. En 2024, 614 nourrissons de 0 à 2 ans ont été accueillis pour violences sexuelles dans les unités médico-judiciaires. À Paris, une quinzaine d’affaires touchant des enfants de moins de 5 ans sont en cours. Et l’affaire Bétharram ou les révélations sur l’Église rappellent l’ampleur de la pédocriminalité.
Ces drames ne sont pas une série de faits divers. Ils forment un système. #MeToo a révélé, au-delà des cercles militants, les ressorts d’un patriarcat qui produit violences, silences et inégalités. Désormais, des voix questionnent aussi la « domination adulte » et défendent les droits de l’enfant.
En Martinique : un phénomène massif mais sous-documenté
En Martinique, la réalité demeure largement méconnue faute d’un observatoire dédié. Pourtant, policiers, gendarmes, médecins, travailleurs sociaux et magistrats dressent le même constat : la prévalence des violences sexuelles sur mineurs est élevée, probablement comparable à la moyenne nationale.
Les unités médico-judiciaires accueillent des enfants de plus en plus jeunes. Les signalements pour agressions sexuelles intrafamiliales augmentent, freinés par l’« effet de huis clos » propre à l’insularité. L’inceste demeure le premier facteur de violences.
Des moyens insuffisants
Les services de l’ASE sont saturés. Les expertises médico-judiciaires manquent de ressources. Les psychologues spécialisés sont trop peu nombreux. Les associations tentent de combler les manques, mais avec des moyens dérisoires.
Un silence qui se fissure
La dynamique #MeToo a commencé à libérer la parole. Les juridictions martiniquaises constatent une hausse des révélations, signe d’un phénomène profond et ancien.
Protéger vraiment les enfants
La Martinique a besoin d’un plan territorial d’urgence : prévention dès la maternelle, formation des professionnels, renforcement de l’ASE, observatoire, prise en charge spécialisée.
Ici comme ailleurs, ces violences ne sont pas des accidents. Elles forment un système qui prospère sur le silence. Les enfants martiniquais n’ont plus le temps d’attendre.
Jean-Paul BLOIS



