Depuis maintenant près de deux ans, la Martinique (comme le monde entier) est confrontée à une pandémie dʼampleur sans précédent provoquée par le virus SARS- COV 2 et ses variants et qui, par vagues successives a déjà causé environ 5,5 millions de morts à travers le monde,dont plus dʼun millier de nos compatriotes. Au- jourdʼhui, cʼest son nouvel avatar du nom dʼOmicron qui nous menace. Ici, comme partout ailleurs, leurs défer- lantes successives ont mis à mal les systèmes de santé même les mieux organisés, fragilisé le lien social et ag- gravé les difficultés économiques. Ceux qui continuent de sʼen moquer feraient mieux de prendre au sérieux lʼampleur du danger que cette pandémie fait planer sur leur propre vie et sur lʼavenir de lʼhumanité. Cʼest la gra- vité de cette menace qui a provoqué la mobilisation sans précédent des scientifiques qui, en sʼappuyant sur les ca- pacités extraordinaires de la science et les progrès consi- dérables réalisés dans le domaine de la génétique, ont mis au point en un temps record, des vaccins qui per- mettent aujourdʼhui de protéger ou de sauver la vie des 3,7 milliards de personnes qui les ont déjà acceptés. Des vaccins qui sont, au stade actuel des connaissances, lʼune des armes les plus efficaces pour lutter contre la pandémie. Sommes-nous les derniers à les accepter alors que, partout à travers le monde, dʼautres peuples les réclament à cor et à cri ? Mais ces remarquables avancées scientifiques ont fait naître partout des résis- tances parfois justifiées, mais souvent alimentées par des courants obscurantistes de diverses obédiences, des charlatans avides de profits ou des spécialistes de la dés- information qui inondent les réseaux de théories qui vont à lʼencontre des savoirs établis par les plus éminents chercheurs. Dans ce monde globalisé, notre pays nʼéchappe pas à ce déferlement de “fake news” qui sus-
citent, même chez une partie de nos professionnels de santé le rejet de la vaccination. Quitte, au nom dʼune pré- tendue liberté, à mettre en danger la vie des malades ou à renoncer à lʼexercice de leur profession ! Ont-ils oublié le serment dʼHippocrate ?
Mais cette crise sanitaire sʼest vite doublée dʼune crise sociale alimentée dʼabord par les revendications légi- times des soignants qui, depuis longtemps, dénoncent la décrépitude des hôpitaux, le manque de matériel, lʼin- suffisance de personnel soignants, ou la faiblesse des rémunérations. Des sujets de mécontentement auxquels sont venus sʼagréger ceux liés au système néocolonial, sans cesse dénoncés par les forces de progrès de notre pays dont le PCM et qui concernent notamment le chô- mage, lʼabsence de perspectives pour notre jeunesse, la cherté de la vie, lʼempoisonnement des ouvriers agricoles et des sols par le chloredécone, etc. Pas étonnant donc que la jeunesse chez qui le sentiment dʼêtre abandon- née à son sort ne cesse de grandir ait fait irruption dans le mouvement, au point de déborder les organisations syndicales et de commettre des actes qui ont soulevé la
réprobation dʼune grande partie de la population. Mais sʼil est légitime pour ces milliers de nos compatriotes dʼexiger des solutions immédiates, beaucoup ignorent quʼelles ne peuvent être trouvées dans le cadre institutionnel dans lequel se trouvemaintenue la Martinique, depuis le rejet lors de la consul- tation de 2010 de lʼarticle 74 qui nous permettrait dʼac- céder à une certaine autonomie et qui nous doterait des moyens juridiques de porter des solutions martiniquaises aux problèmes qui nous assaillent. Car, même dans le cadre de la Collectivité territoriale, notre pays demeure régi par lʼarticle 73 de la Constitution qui la soumet au droit commun. Difficile, sinon impossible pour elle de de- mander la non-application des textes votées pour lʼen- semble de la France.
Mais cette crise sanitaire et sociale a au moins le mérite de remettre à lʼordre du jour la question de la domicilia- tion chez nous dʼun véritable pouvoir de décision dans de nombreux domaines comme celui de la Santé, comme cʼest le cas pour la Polynésie, au lieu de subir des décisions venues de Paris.
Mes chers camarades et compatriotes, en attendant cette avancée, nous devons tout mettre en œuvre pour sauvegarder les intérêts de notre peuple qui, comme chacun le reconnaît aujourdʼhui, est menacé dans son existence même, non seulement par lʼexode massif de sa jeunesse, par la crise démographique, mais aussi par les ravages de la pandémie. Nous devons dʼabord assu- rer sa survie pour continuer la lutte contre le pouvoir co- lonial, ce qui sous-entend la mise en œuvre de toutes les dispositions de nature à sauvegarder son existence, à commencer par la vaccination dont seulement 45% de notre population dispose dʼun schéma complet, alors que pour atteindre lʼimmunité collective, ce taux devrait at- teindre les 80%. Ce qui nous impose de faire confiance à la science, dont le génie humain ne cesse de repous- ser les limites dans tous les domaines, médical en parti- culier. Nʼest-ce pas grâce aux vaccins que ces maladies qui, naguère faisaient des ravages à travers le monde telles la lèpre, la poliomyélite, la tuberculose, la rougeole ou la diphtérie ont été presque totalement éradiquées?
C’est pourquoi nous invitons notre peuple à se dé- tourner des actions qui le divisent afin de se ressai- sir pour mener, dans l’unité, les vrais combats en faveur du développement véritable et de la respon- sabilité politique et éradiquer les séquelles du colo- nialisme.
Jeudi 6 Janvier 2022 – Justice N° 01
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Bonne et heureuse année à tous.
Georges Erichot

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