Alors que la Martinique est confrontée à une accumulation de crises sociales, économiques, sanitaires et mémorielles, la confiance de la population envers ses représentants est fragilisée. Mais ce peuple n’a pas renoncé : il attend de ses élus humilité, exemplarité et projets concrets capables de redonner espoir.
La Martinique traverse une crise
. Le chômage persistant, l’exil des jeunes, les inégalités sociales, les fragilités sanitaires, l’urgence climatique et les blessures toujours vives de l’histoire de la traite et de l’esclavage composent un paysage lourd d’inquiétudes. Dans ce contexte, la population n’attend plus de grands discours ni de promesses incantatoires, mais des attitudes nouvelles, incarnées et exemplaires.
Les élu·e·s doivent d’abord faire preuve d’humilité.
Les taux de participation aux élections qui les ont désigné·e·s rappellent que leur légitimité repose sur une base étroite. Trop de citoyen·ne·s se sont éloignés de la chose publique, désabusés par des années de promesses non tenues, de divisions et de jeux politiciens. Reconquérir cette confiance exige non pas des postures, mais une volonté sincère de rassembler.
Ce que le peuple martiniquais attend de ses élu·e·s, c’est ensuite une lucidité sans fard. Nommer les difficultés, reconnaître les chiffres du chômage, de la pauvreté ou du vieillissement démographique, c’est cesser de maquiller la réalité et admettre que les défis sont immenses. La confiance commence par la vérité.
Certes cette vérité doit s’accompagner d’un travail de mémoire: L’histoire dramatique de l’esclavage et du colonialisme reste une plaie à vif. Les élu·e·s doivent en tenir compte, non pour s’y enfermer, mais pour en faire un levier de réconciliation, de dignité et de transmission. Ce peuple a besoin qu’on lui dise que son passé ne le condamne pas, mais qu’il est au contraire la matrice d’une force collective.
La gouvernance locale doit rompre avec les travers hérités de l’Hexagone :
luttes partisanes, clientélisme, promesses sans suite. Les élu·e·s martiniquais·es doivent être des catalyseurs et non des diviseurs. Ils doivent prouver, par leur comportement, qu’ils sont au service d’un intérêt commun plus grand qu’eux-mêmes. Cela implique de transformer les assemblées en véritables lieux de dialogue, ouverts et accessibles au public, où le débat se fait dans la clarté, la pacification et l’harmonie.
Enfin, la population attend des résultats tangibles.
Redonner espoir passe par l’action concrète : créer des emplois, soutenir l’initiative locale, préparer l’adaptation au dérèglement climatique, garantir un système de santé digne, et surtout offrir aux jeunes une raison de rester et de construire ici leur avenir.
Élus de Martinique, le message est clair : soyez des artisans d’unité et non des marchands de division. Soyez des bâtisseurs d’avenir et non des gestionnaires du déclin. Le peuple n’attend pas que vous l’imitiez, il attend que vous l’inspiriez. À vous de choisir : l’histoire retiendra soit votre courage, soit vos renoncements.
Gérard Dorwling-Carter