San Juan (Porto Rico). —
La visite surprise du secrétaire à la Défense Pete Hegseth et du général Dan Caine, président des chefs d’état-major interarmées, a marqué lundi 8 septembre une nouvelle étape dans la montée en puissance militaire américaine dans les Caraïbes.
Depuis la semaine précédente, plusieurs navires transportant des centaines de Marines ont accosté à Porto Rico, officiellement pour des exercices d’entraînement. Mais le ton du Pentagone est sans ambiguïté : « Ce n’est pas un entraînement, c’est une opération en conditions réelles pour protéger le peuple américain », a déclaré M. Hegseth depuis le navire USS Iwo Jima.
La gouverneure Jenniffer González a salué « la reconnaissance par l’administration Trump de l’importance stratégique de Porto Rico », citant la lutte contre les cartels de la drogue et le président vénézuélien Nicolás Maduro. Selon une source proche du dossier, dix chasseurs F-35 doivent prochainement rejoindre l’île.
Une opération régionale sous tension
Le 2 septembre, une frappe américaine contre un navire parti du Venezuela a fait onze morts. Washington accuse le gang Tren de Aragua d’opérer le bâtiment, tandis que Caracas dénonce une manipulation politique. La vice-présidente Delcy Rodríguez a fustigé « l’hypocrisie » des États-Unis, appelant à redéployer la flotte vers le Pacifique, principale voie de transit de la cocaïne colombienne.
Dans la région, les réactions divergent. Le Premier ministre de Trinité-et-Tobago a soutenu l’opération, tandis que la Caricom a réclamé à Washington plus de concertation afin d’éviter d’être prise de court.
Le spectre de Vieques
Sur l’île, la présence militaire réveille un souvenir douloureux : en 1999, la mort d’un civil lors d’un exercice à Vieques avait provoqué de vastes manifestations, aboutissant au retrait de la marine américaine. Dimanche, des dizaines de manifestants se sont de nouveau rassemblés devant la base de la Garde nationale de Carolina, brandissant des pancartes « Non à la guerre » et « Non aux bases militaires à Porto Rico ».
Le gouvernement local a toutefois minimisé les critiques, assurant que les exercices en cours sont « purement logistiques » et sans usage de munitions. Selon la Garde nationale, plus de 1 000 Marines participent aux manœuvres, incluant des entraînements amphibies et aériens.