C’est un argument qui revient souvent dans le débat autour de la réforme des retraites proposée par le gouvernement français, à savoir celui des exemples de nos voisins européens. Quels sont les modes de calcul des pensions ou l’âge légal de départ ? Ce projet de réforme soulève également d’autres interrogations sur l’espérance de vie après la retraite ou encore le taux d’emploi des seniors. Tour d’horizon en cartes de ces questions. Source : www.touteleurope.eu
Le taux d’emploi des seniors en Europe
Alors que le gouvernement français prévoit le report de l’âge de départ à la retraite de 62 à 64 ans, la question de l’employabilité et du chômage des seniors se pose avec insistance. Dans l’Union européenne, leurs taux d’emploi peuvent fortement varier d’un pays à l’autre.
Annoncée le 10 janvier dernier, la réforme des retraites augmentera le nombre d’années de cotisation nécessaires pour toucher une pension à taux plein en France. Pour travailler plus longtemps, il faut toutefois être en mesure d’avoir un emploi. Ce qui est loin d’être une évidence, et encore moins pour les seniors (55-64 ans).
Dans l’Union européenne, leurs taux d’emploi – à savoir le pourcentage de personnes de cette tranche d’âge ayant un emploi – connaissent d’importantes variations entre Etats membres. Selon Eurostat, c’est en Suède qu’il est le plus élevé avec 76,9 % en 2021 contre 43,8 % en Roumanie, pays où il est le plus bas. La moyenne européenne se situe à 60,5 %. La France est quant à elle à la 16e place sur 27, avec un taux d’emploi des seniors de 55,9 %.
A l’exception de la Roumanie, du Luxembourg, de la Grèce et de la Croatie où il est inférieur à 50 %, la majorité des pays de l’UE connaît un taux compris entre 50 et 70 %. Seuls la Suède, le Danemark, l’Allemagne, l’Estonie et les Pays-Bas voient plus de 70 % des 55-64 ans travailler.
La comparaison avec le taux d’emploi des 20-64 ans permet de mieux constater encore les difficultés rencontrées par les seniors par rapport à l’ensemble de la population active. A l’échelle des Vingt-Sept, celui-ci est de 73,1 % en 2021, soit un écart de 12,6 points avec le taux d’emploi des seniors. Une différence qui se retrouve au niveau des Etats membres. A titre d’exemple, la France se situe juste au-dessus de la moyenne européenne en matière d’emploi des 20-64 ans, avec un taux de 73,2 % et donc un différentiel de 17,3 points avec les seniors.
Départ à la retraite décalé, plus d’emplois pour les seniors ?
La plupart des économistes établissent un lien entre report de l’âge de départ en retraite et taux d’emploi des seniors. De fait, tous les Etats membres de l’UE où celui-ci dépasse les 70 % ont fixé l’âge de la retraite après 64 ans, à l’exception de la Suède où il est flexible avec possibilité d’arrêter de travailler à 62 ans mais où une pension complète ne peut être perçue avant 65 ans.
Ce lien ne bénéficie cependant pas à tout le monde. Les 55-64 ans les plus qualifiés, souvent cadres, et ayant déjà un emploi ont tendance à le conserver. Quand ceux qui sont au chômage peinent à retrouver un travail, notamment en raison de préjugés liés à l’âge, tels que la productivité supposée plus faible.
Dans son projet de réforme des retraites, le gouvernement d’Elisabeth Borne prévoit la création d’un “index senior”, qui obligerait les entreprises à rendre publique la part de personnes en fin de carrière employées. Ce mécanisme serait obligatoire à partir de cette année pour les entreprises de plus de 1 000 salariés et à partir de 2024 pour celles qui en comptent plus de 300. En cas de non-publication, des sanctions seraient appliquées.
Si le taux d’emploi des seniors est faible en France, il a cependant connu une impressionnante progression au cours des dernières années : de 39,8 % en 2005 à 55,9 % en 2021, soit 16,1 points en un peu plus de 15 ans. Enregistrée dès la fin des années 1990, cette hausse s’explique par plusieurs facteurs – dont l’importance respective ne fait pas consensus parmi les économistes : démographie (afflux des “babyboomers” sur le marché du travail à partir des années 2000), augmentation du niveau de qualifications (et donc entrée plus tardive dans la vie active), hausse du taux d’emploi des femmes, amélioration de l’espérance de vie en bonne santé, mais aussi réformes des retraites successives.
Source : www.touteleurope.eu