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    Home » L’histoire d’une professeure américaine blanche qui a fait semblant d’être noire pendant des années révèle les écueils d’un certain identitarisme.
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    L’histoire d’une professeure américaine blanche qui a fait semblant d’être noire pendant des années révèle les écueils d’un certain identitarisme.

    avril 5, 2021Aucun commentaire
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    Grâce à sa fausse identité, l’universitaire Jessica Krug a notamment pu obtenir des bourses réservées aux minorités ethniques. | Hannah Busing via

    Pendant toute sa vie d’adulte, l’historienne américaine Jessica Krug, qui est blanche, a fait semblant d’être maghrébine-américaine puis afro-américaine et enfin portoricaine. Krug, qui a 38 ans et a grandi dans une famille blanche de Kansas City, a admis dans un article publié sur le site Medium, que son identité était un mensonge.

    Le texte est une séance d’autoflagellation dans laquelle Krug décrit sa supercherie comme «immorale, anti-noire et coloniale», ainsi que comme le summum de «la violence, du vol et de l’appropriation». Elle évoque des problèmes de santé mentale, des traumatismes d’enfance, tout en admettant que cela n’excuse pas son attitude. Sa condamnation finale est sans appel: sa vie est fondée sur «un violent mensonge anti-noir» et «toute vie anti-noire est dépourvue de valeur».

    Selon une ancienne collègue, Krug a décidé de tout avouer car plusieurs universitaires avaient commencé à se poser des questions sur ses origines. Quelques jours après ses révélations, elle a démissionné de son poste de professeure à la George Washington University.

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    CNN Breaking News

    @cnnbrk

    George Washington University says Jessica Krug, the professor who said she had been lying about being Black for years, will no longer teach classes this semester

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    Pour une universitaire spécialiste des black studies, le rôle de composition que s’était choisi Krug était basé sur une impressionnante accumulation de stéréotypes. Sa vie était en quelque sorte devenue un mauvais sketch raciste. Krug se faisait surnommer Jess La Bombalera, elle enseignait la salsa, affectait un faux accent portoricain de New York, portait des créoles et se décrivait comme une fière «enfant du ghetto». Elle était toujours la première à dénoncer la blanchité des autres: lors d’une réunion municipaleen ligne, on peut la voir s’énerver contre les «New Yorkais blancs» accusés de ne pas avoir «laissé assez de temps de parole aux New Yorkais noirs et indigènes». En cours, il lui arrivait de dénoncer l’influence des universitaires blanc·hes dans sa discipline.

    Si Jessica Krug, qui a la peau très blanche, est parvenue pendant si longtemps à passer pour une Afro-Latina, c’est parce qu’aux États-Unis de nombreuses personnes se revendiquent noires même si elles ont la peau claire et un seul parent métis. En effet, selon la règle de l’unique goutte de sang, mise en place au temps de l’esclavage, toute personne ayant un ou une ancêtre noire peut être considérée comme noire. La militante antiraciste Rachel Dolezal s’est longtemps présentée comme noire alors que ses parents étaient blancs. Contrairement à Krug, Dolezal, qui a fait l’objet d’un documentaire, continue à se revendiquer noire, expliquant que «l’idée de race est un mensonge» et qu’elle est «transraciale».

    Assignations raciales

    Alors qu’il était auparavant beaucoup plus courant pour des personnes noires à peau claire d’essayer de se faire passer pour blanche afin d’échapper aux discriminations, il y a désormais quelques cas de trajectoires inverses. Au moment où Krug a publié sa confession, une doctorante à l’Université du Wisconsin a admis un mensonge similaire. Alors qu’elle était américano-sicilienne, elle avait fait semblant d’avoir des origines éthiopiennes et cubaines. À plusieurs reprises sur les réseaux sociaux, elle avait évoqué les dommages causés par la colonisation sur sa famille, ainsi que le racisme qu’elle avait subi en tant qu’enfant. Elle a depuis démissionné. Une semaine après cet incident, une militante antiraciste d’Indianapolis, Satchuel Cole, a aussi avoué qu’elle était blanche alors qu’elle avait longtemps prétendu avoir des origines afro-américaines.

    Il y a aussi des cas plus flous, comme celui de Shaun King, un activiste de Black Lives Matter avec plus d’un million de followers sur Twitter, qui se revendique tantôt noir tantôt métis, malgré sa peau blanche. En 2015, après le cas Dolezal, il a dû expliquer qu’il se considérait comme noir car son père biologique, qu’il n’a jamais connu, était métis. Shaun King avait-il vraiment plus de légitimité à se dire noir que Dolezal, qui a été élevée avec quatre enfants afro-américain·es adopté·es par ses parents blancs, des enfants auxquel·les Rachel s’est fortement identifiée? (Elle a par ailleurs légalement adopté son frère noir, qui fuyait la maltraitance de leurs parents).

    Ces cas de trajectoires peuvent paraître paradoxaux à un moment de réflexion sur la notion de privilège blanc.

    Même si on a tendance à privilégier le biologique, la réponse n’est pas forcément évidente et montre le caractère arbitraire des assignations raciales. Pourtant, alors que Dolezal a été quasi universellement condamnée (elle a été harcelée et a eu du mal à retrouver un emploi), Shaun King a échappé à un sort similaire.

    Ces cas de trajectoires du «blanc» au «noir» peuvent paraître paradoxaux à un moment de réflexion sur la notion de privilège blanc. Le discours antiraciste actuellement dominant aux États-Unis a tendance à tellement essentialiser l’opposition entre personnes noires et blanches, sans prendre en compte les dynamiques socio-économiques, qu’on peut avoir l’impression qu’être noir·e est toujours un désavantage. Or, dans certains domaines précis, comme le milieu universitaire, ne pas être blanc·he peut être un atout. En effet, afin de remédier à la sous-représentation des Noir·es et des Hispaniques liée à des décennies de discriminations, les personnes non blanches diplômées sont actuellement en forte demande dans plusieurs secteurs.

    À LIRE AUSSI Aux États-Unis, la lutte contre le privilège blanc vire-t-elle à la parodie?

    Une «sangsue de la culture»

    C’est de cette situation que Jessica Krug a tiré profit. Sa fausse identité lui a permis d’obtenir des bourses réservées aux minorités ethniques, et l’a probablement aidée à obtenir son poste d’historienne spécialiste de l’Afrique et de la diaspora africaine. Ce qui est particulièrement frustrant pour ses collègues afro-américain·es. Krug a réussi à bénéficier des quelques avantages de l’identité noire sans avoir à subir le racisme ordinaire dont elle aurait fait l’objet si elle avait eu la peau plus foncée.

    En 1986, une comédie controversée intitulée Soul Man racontait une histoire similaire. Un jeune blanc qui veut éviter de payer ses études de droit se bronze la peau et porte une perruque pour obtenir une bourse réservée aux Afro-Américain·es. L’idée au départ bien intentionnée de ce film était de montrer que chemin faisant, le jeune héros (grimé en Noir) découvre le racisme ordinaire, finit par culpabiliser et rend l’argent pour qu’une personne noire en bénéficie.

    Au-delà des avantages liés à la discrimination positive, le cas de Jessica Krug attire l’attention sur un autre phénomène: le fait que son mensonge lui a permis de pouvoir parler en tant qu’Afro-Latina. À ce sujet, le journaliste Matt Bruenig parle, dans un article publié sur le site Medium, de «déférence identitaire», soit l’idée que «les individus privilégiés doivent s’en remettre aux opinions d’individus opprimés, particulièrement sur des sujets qui ont à voir avec l’oppression de ces individus». Ce système à la mode dans les milieux universitaires et médiatiques ne prend en compte que l’origine ethnique et le genre, presque jamais l’identité de classe.

    Dans son livre de 2017 sur la gauche identitaire, le politologue Mark Lilla faisait une observation similaire au sujet des conversations, de plus en plus nombreuses, qui commencent par «en tant que X», où X est une identité considérée comme opprimée et où le vainqueur du débat est souvent celui ou celle qui a invoqué «l’identité considérée comme moralement supérieure».

    Krug a su manipuler ce système pour avoir plus de pouvoir à l’université et parmi les activistes. Elle se décrit elle-même comme une «sangsue de la culture». Selon Matt Bruenig, qui observe le phénomène de «déférence identitaire» depuis 2013, il est tellement tentant de pouvoir ainsi tirer profit de son identité, intellectuellement et socialement, que ces nouveaux cas de mensonges, comme ceux de Krug, sont loin d’être voués à disparaître.

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