L’art moderne caribéen se donne à voir à la Fondation Clément. Un peu de Cuba et de République Dominicaine s’installent à la Fondation jusqu’au mois de janvier. D’une part, paradoxe, l’artiste Roberto Fabelo explore sa vision de l’humanisme à travers de nombreuses représentations animales. De l’autre, douze artistes dominicains, douze interprétations différentes de l’art.
Honneur à Roberto Fabelo. L’artiste plasticien cubain à la renommée internationale expose sa ronde infinie, Ronda infinita en espagnol. Jusqu’au 12 janvier 2025, ses œuvres seront visibles dans les salles d’expositions de l’ancienne habitation franciscaine. Trois pour être précis. Trois salles dans lesquelles Roberto Fabelo décline ses œuvres : peinture, sculpture, installation. Présent, incorporé, esquissé, le dessin est partout.

« Le dessin est la colonne vertébrale de mon travail. Je dessine depuis mon enfance », précise Roberto Fabelo. L’artiste s’est constitué une banque d’images par milliers à partir de ses esquisses. Horde de rhinocéros grandeur nature et cafards démesurés à têtes d’homme grouillant sur les murs sont l’incarnation de l’inspiration de ces dessins. « Cela me permet d’exprimer divers thèmes et cela me donne une liberté d’action », ajoute l’artiste cubain qui pioche ses idées dans la banque d’images qu’il s’est constituée. « C’est une accumulation d’idées ramassées partout, de l’expérience personnelle, culturelle, émotionnelle que ce soit dans mon pays ou par ailleurs. » Roberto Fabelo veut laisser la liberté d’interprétation de ses œuvres au visiteur.

Ronda infinita, l’exposition doit son nom à l’œuvre du même nom. Un fait-tout noir haut comme un homme paré de ses deux anses. Sur la tranche du fait-tout, une série de petites sculptures. Des hommes armés de fourchette semblent marcher sans fin. « Il s’agit de l’idée centrale de l’exposition. L’Homme est toujours à la recherche de solutions pour la subsistance chaque jour de sa vie », indique le Cubain. Raison pour laquelle, le visiteur pourra examiner des objets – ou leur dessin- du quotidien détournés de leur usage dans une vision humaniste de l’art.

Non loin de l’artiste cubain, la République dominicaine rayonne. A travers douze artistes, le panel créatif de Diferentes miradas égrène la singularité artistique dominicaine de chacun d’entre eux. Installation, sculpture, peinture « ils proposent des techniques différentes et un discours différent de l’art contemporain », explique Luz Severino, commissaire de l’exposition et elle-même artiste.

Diferentes miradas se veut un échantillon représentatif de ce que produit l’art dominicain. Dans cet échantillon, des valeurs sûres telles que Charo Oquet. L’artiste qui vit et travaille à Miami, expose son univers remarquable. Sa spécialité ? Créer des œuvres d’art à partir de matériaux recyclés, de seconde main voire parfois trouvés dans des bennes à ordure. « Je vais jusqu’à recycler mes propres œuvres », raconte Charo Oquet. Derrière son œuvre bigarrée et chaleureuse, la Dominicaine souligne la résilience de son peuple face aux révolutions, ouragans, et autres séismes.
Laurianne Nomel