La justice est aveugle, et le Conseil Supérieur de la Magistrature est son digne représentant. Quels que soient les faits, avérés ou non, reprochés au couple Fillon, jusqu’au piège final des costumes offerts par Robert Bourgi qui achèvera de décourager les électeurs, rien ne serait sans doute arrivé à François Fillon si, justement, il n’avait pas eu un boulevard électoral devant lui. Corollaire de ce constat : sans cette affaire tombant à point nommé, jamais Emmanuel Macron n’aurait accédé à l’Elysée.


La vitesse à laquelle la machine judiciaire s’est mise en branle et a refermé ses griffes procédurières sur le favori de cette élection demeurera elle aussi l’exception confirmant la règle de la lenteur proverbiale de la justice en France : procédure ouverte le jour même de la publication de l’article du Canard enchaîné, instruction ouverte un vendredi soir à 19h pour contourner la juge Simon dont la permanence s’achevait une heure avant, enquête préliminaire clôturée en moins d’un mois, et juges à peine désignés convoquant immédiatement M. Fillon pour le mettre en examen…

Pourtant, comme le rappelle le CSM, Conseil Supérieure de la Magistrature dans l’avis tout juste rendu sur cette affaire, “l’ouverture de l’information judiciaire par la procureure de la République financier le 24 février 2017 n’est intervenue qu’au seul motif du risque de prescription, du fait d’une évolution législative imminente, des infractions visées par l’enquête préliminaire.” Une motivation qui demeure des plus originales. Et, surtout, ce même Conseil n’a vu ni pressions ni irrégularités dans les insistances passées à connaître le moindre acte de procédure, parfois dans l’heure, au terme de l’enquête demandée par l’actuel locataire de l’Elysée suite aux déclarations explicites d’Eliane Houlette, alors à la tête du Parquet National Financier, quant au “contrôle très étroit” exercé par le parquet général en pleine campagne présidentielle.

Pour le CSM, “il n’apparaît pas que des « pressions » aient été exercées sur les magistrats du parquet général près la cour d’appel de Paris ou du PNF par le garde des sceaux, son cabinet ou la DACG.” Selon lui, « une attention particulière a pu être portée, à tous les échelons de la chaîne hiérarchique, à une affaire comportant un enjeu démocratique majeur.” Ainsi, les relations entre parquet général et PNF “ont sans doute pu être vécues par plusieurs magistrats du PNF comme vecteurs d’une « pression ». Pour autant, le terme de « pression » ne doit pas être entendu ici au sens d’« influence coercitive » mais plutôt au sens de « source de stress ».” Circulez, il n’y a par conséquent rien à voir, les pressions étant entre guillemets : “la justice a fonctionné dans cette affaire de façon indépendante et conforme aux principes régissant l’exercice du ministère public”, insiste le CSM. C’est donc dans le respect le plus total des us et coutumes judiciaires français que François Fillon a été écarté de façon inédite de la course à l’Elysée. Gageons qu’en 2022, un tel exploit sera difficile à renouveler pour reconduire Emmanuel Macron dans ses fonctions.

Quant au garde des sceaux de l’époque, Jean-Jacques Urvoas, rappelons qu’il a été condamné le 30 septembre 2019 pour “violation du secret professionnel”, pour avoir transmis à Thierry Solère, entre les deux tours de l’élection présidentielle de 2017, des informations sur une enquête judiciaire visant celui qui avait été en charge de la primaire de la droite et était même porte-parole du candidat Fillon. Un élu pourtant encore tout récemment conseiller d’Edouard Philippe à Matignon… Le monde politique est décidément petit, au propre comme au figuré…

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