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Certains professionnels de la santé d’Antigua-et-Barbuda ont engagé une action en justice contre le gouvernement de ce pays, pour contester la loi sur l’avortement, qu’ils jugent draconienne et qui limite gravement l’accès à l’avortement. L’avortement est illégal dans l’État des îles jumelles, et les femmes qui interrompent leur grossesse risquent jusqu’à dix ans de prison, tandis que les personnes qui les aident peuvent être condamnées à un maximum de deux ans derrière les barreaux. La loi n’autorise l’avortement que dans les cas où la vie de la mère est jugée en danger, ce qui laisse peu de place aux exceptions et soulève de profondes inquiétudes quant aux droits génésiques et aux soins de santé à Antigua.
Un gynécologue très respecté à Antigua, le Dr Dane Abbott, a pris la tête de la contestation. Leur objectif est de renverser les lois anti-avortement en vigueur depuis longtemps sur l’île, qui ont suscité un débat important parmi les habitants. La loi sur les infractions contre la personne, qui est restée inchangée depuis sa création en 1861, est au cœur de ce différend juridique.
L’Église chrétienne exerce une influence considérable sur la société caribéenne et ses dirigeants se sont fermement opposés à tout changement. L’affaire doit être entendue par la Haute Cour d’Antigua. L’Alliance évangélique d’Antigua-et-Barbuda a critiqué les changements proposés, affirmant qu’ils sapent les valeurs morales au nom des droits de l’homme.
Le pasteur Fitzgerald Semper, porte-parole de l’église, a déclaré : “Nous nous opposons à toute modification juridique. En tant qu’église, nous considérons que la vie est sacrée et que seul Dieu peut décider de sa fin. La loi actuelle n’autorise l’avortement que si la vie de la mère est en danger, et nous soutenons cette disposition inchangée.
Compte tenu de l’influence de l’Église, l’avortement reste une question politique très sensible, et de nombreux gouvernements des Caraïbes hésitent à l’aborder. Charlesworth Browne, pasteur principal de Kingdom Leaders, estime quant à lui que l’avortement peut être un désir humain et qu’il peut y avoir un fort désir de ‘trow way de pickney’, et peut-être même un désir compréhensible dans les cas de viol ou d’inceste. Cependant, prétendre que c’est un droit de la femme, c’est aller au-delà des limites du bon sens.
Des arguments émotionnels peuvent être présentés pour expliquer pourquoi un utérus devrait être transformé en tombeau, mais la loi suprême d’un pays – sa Constitution – est fondée sur la raison, et non sur l’émotion.
“Un droit de l’homme est le droit de chaque être humain à toutes les libertés et à tous les privilèges de l’être humain. C’est la dignité inhérente à chaque être humain, indépendamment du sexe, de la race, de l’origine ethnique, de la religion, de l’âge ou de toute autre caractéristique distinctive. L’avortement n’est PAS un droit de l’homme et le pro-choix ne peut JAMAIS le rendre correct. En fait, il est contraire à un droit humain fondamental : le droit à la vie”, a déclaré l’évêque Browne.
Alexandrina Wong, du groupe Women Against Rape, plaide en faveur de l’abrogation des lois obsolètes, mais souhaite conserver certaines restrictions, telles que la limitation de la durée de la grossesse. Elle a souligné les problèmes rencontrés par les femmes qui conçoivent un enfant après un viol, en insistant sur le fait qu’elles doivent avoir le droit de choisir en raison des graves conséquences potentielles sur leur santé mentale. À Antigua, le gouvernement a choisi de laisser le système judiciaire décider du sort d’un recours juridique essentiel contre les lois restrictives du pays en matière d’avortement.
Récemment, la Haute Cour a ouvert la voie à ce procès historique, marquant un moment important dans le débat en cours sur les droits génésiques. La juge Jan Drysdale a rendu un arrêt décisif en rejetant une requête visant à faire annuler l’affaire, ce qui a porté un coup sérieux aux efforts du gouvernement pour étouffer l’action en justice avant qu’elle ne prenne de l’ampleur.
Cette décision permet non seulement à l’affaire d’aller jusqu’au procès, mais elle oblige également les chambres du procureur général à dédommager les militants du droit à l’avortement à hauteur de 1 500 dollars. Cette sanction financière constitue une réprimande à la fois symbolique et pratique contre la tentative du gouvernement de saper la contestation. La juge Drysdale a souligné la complexité de l’affaire, affirmant qu’elle nécessitait des preuves supplémentaires et un examen juridique approfondi. Elle a estimé qu’une demande de radiation n’était pas appropriée et a donc ordonné que l’affaire se poursuive jusqu’au procès.
Le paiement de 1 500 dollars aux militants est une conséquence supplémentaire de l’excès de pouvoir du gouvernement. La procédure doit reprendre le 5 décembre, date à laquelle la Commission ecclésiastique pourra être introduite en tant que tierce partie s’opposant à l’abrogation des lois restrictives. Des indications supplémentaires concernant l’affaire seront fournies au cours de cette session, ce qui pourrait ouvrir la voie à une bataille juridique passionnée sur l’avenir du droit à l’avortement à Antigua.