Si la Réunion dispose de son propre Institut Confucius, l’ensemble des Outre-Mer peuvent offrir des ressources intellectuelles à tous ceux qui se demandent quelle transformation attend, de nos jours, le Céleste Empire. Et peut-être un pont symbolique entre l’Hibiscus et le Port aux Parfums, porte d’entrée historique des échanges entre Orient et Occident dans la baie de Hong-Kong.

Les relations de coopération entre Maurice et l’ambassade de Chine à Port-Louis sont nées d’un intérêt historique pour la botanique et la biosphère de l’hémisphère sud, encouragées probablement par l’esprit Kavadenn (qui signifie « découvertes » en breton) de Mahé de la Bourdonnais.

Si cet héritage celtique dans l’océan indien s’appuie plusieurs diasporas, les bretons ont laissé le plus de traces en participant au peuplement de la Réunion et de Maurice par exemple. Mais d’autres communautés (irlandaise, écossaise, galloise) ont aussi facilité des ponts sur l’océan avec l’Extrême Orient.

Prenons l’exemple du chemin entrepris par James David McGregor, ancien gouverneur écossais de Hong-Kong où il s’était beaucoup investi dans l’éducation des jeunes Chinois. James McGregor avait encouragé l’arrivée d’une élite écossaise qui a stimulé le développement maritime et commercial du Port aux parfums. Pendant les années d’âge d’or mais aussi en temps de crise. Un médecin de marine écossais, Patrick Manson, avait fait de grandes découvertes pour lutter contre la malaria

Un rapport “A Home for Enterprise” rédigé par un certain Douglas Mason pour l’Institut Adam Smith, préconisait même qu’une île écossaise peu habitée serve de refuge à un “New Hong-Kong”, terre d’accueil “for anyone from Hong-Kong who wished to live there”. Une idée qui circulait aussi dans la tête des français (91 ans auparavant avec un traité signé en 1898) mais qui n’avait pas donné suite : Le Kouang-Tchéou-Wan, un projet de Hong-Kong français abandonné en 1930, devenu “the Ghost colony”.

Les légendes celtes sont restées présentes à Hong-Hong. De nombreux chemins de randonnée en montagne rappellent les traces des bâtisseurs écossais de l’expansion du Port aux parfums (Sir John James Cowperthwaite, Murray MacLehose, James Legge, David Clive Wilson…) tout en transportant les promeneurs dans un parfum mystérieux de vieille Ecosse des légendes. Edinburgh place, Matheson street, le funiculaire construit par l’ingénieur écossais Alexander Lindsay Smith pour rejoindre Victoria Peak, le quartier Aberdeen…

Un voyage étonnant qui réouvre aujourd’hui des liens diasporiques entre Outre-Mer, Bretagne et Asie. Évoquant MacGrégor, originaire de Iland en Écosse, ce nom a essaimé nombre de descendances de par le monde. Une piste qui a guidé des recherches sur l’origine du nom de la commune de Saint- Grégoire en Bretagne. Selon certaines sources, la paroisse Saint-Grégoire fait référence au pape éponyme dont le parcours est intervenu à l’époque d’une Rome décadente marquée par la fuite des intellectuels vers Constantinople. Il doit gérer les ravages de la Peste. Et sera reconnu par la somme de ses expériences et connaissances morales en remettant de l’ordre dans la Papauté : la fameuse réforme Grégorienne. Toutefois, le mot paroisse, du grec παροικία, est apparu pour souligner le caractère nomade, “de passage”, en référence biblique au séjour du peuple de Dieu en Egypte. Puis au IIe-IIIe siècle, le mot paroisse indique une idée de voisinage, de proximité.

D’autres sources précisent que les églises, en particulier rurales, ont appartenu en Europe à des particuliers pour diverses raisons (invasions normandes ou donations de fiefs à des chevaliers des croisades pour transmettre leur patrimoine). Des représentants bretons du clan McGregor seraient ils

venus en secours à la paroisse ? Celtique avec McGrégor, papale avec les Grégoire du Vatican ? Des pistes, mais pas de convictions ni de confirmations.

Pour y voir plus clair sur ces échanges diasporiques, un carnet de voyages : l’Hermine et le Lotus a été réalisé : https://books.google.fr/books/about/L_Hermine_et_le_Lotus.html?id=YfYqEAAAQBAJ&redir_esc=y

Cet ouvrage entend illustrer la force des relations entre la Bretagne et l’Orient de 1534 à aujourd’hui. Des chemins de mémoire ultramarins sont mentionnés, en particulier dans les relations de la ville aux cinq ports avec l’Asie, sur les pas du Lorientais Prosper-Marie Gicquel, ingénieur naval breton, qui a participé à l’élaboration de l’arsenal impérial chinois et est devenu l’ami du souverain de l’empire du Milieu.

L’Hermine et le Lotus, un ouvrage qui invite sans doute à écrire un deuxième tome : l’Hermine et l’Ibiscus pour souligner l’ancrage des Outre-Mer comme passage de témoin entre l’Asie et la Bretagne.

Kevin LOGNONÉ

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