COMBAT La militante a créé le mouvement « Justice pour Adama » après la mort de son frère Adama Traoré lors d’une interpellation en 2016

20 Minutes avec AFP

Publié le 29/06/20

Photo: Assa Traore, le 13 juin 2020 à Paris lors d’une manifestation contre les violences policières. — AFP

Son combat résonne jusqu’aux Etats-Unis. Assa Traoré, 35 ans, a reçu dimanche aux Etats-Unis le prix BET Global Good. La militante contre les violences policières et le racisme a créé le mouvement « Justice pour Adama » après la mort de son frère en 2016, « tué » selon elle par les forces de l’ordre françaises.

BET, une chaîne de télévision américaine qui octroie des prix à des personnalités afro-américaines ou issues de minorités, a diffusé ses remerciements dans un message vidéo. « C’est une reconnaissance pour toutes les victimes, pour toutes les familles qui ne cessent de lutter pour la vérité et la justice », a-t-elle dit lors de la cérémonie virtuelle de remise de prix.

Elle réclame « justice pour Adama » depuis quatre ans

Depuis la mort en juillet 2016 de son frère après son arrestation par des gendarmes à Beaumont-sur-Oise, dans la région parisienne, elle enchaîne manifestations, prises de parole, interviews. Epaulée par un solide « comité » d’une vingtaine de proches et de militants des quartiers, elle réclame inlassablement « vérité et justice » pour Adama.

Sa « vérité » à elle est que son frère a été « tué ». L’enquête, toujours en cours, a viré à la bataille d’expertises, sans mise en cause des forces de l’ordre. Devenue militante à temps plein, elle n’a jamais repris son travail d’éducatrice spécialisée. Si le « combat Adama » restait jusqu’ici plutôt limité aux quartiers et aux sphères militantes, l’émotion planétaire suscitée par la mort de George Floyd lui a donné une autre ampleur : Assa Traoré, qui n’avait jamais milité auparavant, se voit aujourd’hui comparée à une Angela Davis française.

Un combat international

George Floyd, Afro-américain de 46 ans, a été tué par un policier blanc à Minneapolis le 25 mai. L’autopsie a montré que c’est la pression exercée par les policiers sur son torse et son cou qui ont provoqué sa mort.

Avec son comité, Assa Traoré a rassemblé début juin des milliers de personnes dans la capitale et des centaines d’autres partout ailleurs en France. Le « combat » d’Assa a aussi franchi les frontières. Plusieurs journaux américains ont fait son portrait ces derniers jours et la star Rihanna s’est fendue d’un post sur les réseaux sociaux via le compte de sa marque pour saluer son engagement.

En France, ses positionnements continuent de susciter la controverse, plusieurs intellectuels dénonçant une « racialisation » du débat public, au mépris de « l’universalisme républicain ». Depuis 2016, son discours s’est politisé. « Avec le nom de mon frère, je changerai tout ce que je peux changer », a-t-elle récemment déclaré à l’AFP. On l’a ainsi vue prendre la tête d’une manifestation contre la politique d’Emmanuel Macron en 2018, défiler aux côtés des « gilets jaunes » ou plus récemment des soignants

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