Le point de départ est un texte, diffusé, de Roland Jean-Baptiste Edouard, intitulé : « Dans la Radio de la personne »

     Mon cher Roland, ce n’est pas un point d’accord ou de désaccord ; mais un point de débat : je n’ai peut-être pas raison, mais j’ai vécu une telle évolution de la pensée sur les relations de l’homme et de la nature, que la phrase suivante de ton propos : « Les événements que nous vivons actuellement par virus interposé montrent que la Nature vient de reprendre le contrôle pour nous mettre tous à l’arrêt et confinés afin de nous faire réfléchir au destin de l’humanité, elle nous demande de changer. », m’interpelle.

       En particulier , les deux affirmations, « la nature vient de reprendre le contrôle » et « elle nous demande de changer », relève, me semble-t-il, de ce formatage de nos esprits à tous,qui fait référence à cet être supérieur qui nous déterminerait, et auquel nous devons obéir, que l’on l’appelle, Dieu, la Nature, ou autrement.

          Mon itinéraire, comme d’autres, m’a permis d’évoluer tout particulièrement sur cette question des relations hommes nature.

            Le José des années 50 traversait, à pieds, de la campagne du Morne Pitault Desroses, vers le bourg du François, les champs de cannes et de bananes des habitations,les bois, les rivières et les ponts, les sentiers et les routes, parfois asphaltées, pour arriver, en sueur, et en retard, à l’école du bourg, un peu à la manière du José de Zobel. La vie à la campagne offre tant d’occasions de profiter et de subir de la nature, que sa puissance n’est pas interrogée. De l’eau que l’on va prendre à la source pour boire, de la rivière où on va laver le linge, des fruits que l’on consomme directement dans les arbres, des lianes et des herbes que l’on ramasse pour la nourriture des animaux domestiques, sans oublier l’abondance des légumes que l’on tire du jardin, on ne pouvait, des lors, que s’incliner devant tant de générosité. Dame nature étantsouvent assimilée au bon Dieu. Mais, la vie à la campagne, c’est,  aussi, des pluies, voire des orages, sans parler des cyclones, qui obligent à tout arrêter, des inondations  qui isolent tout un quartier pendant deux ou quatre jours, des herbes coupantes, des bêtes piquantes, quand ce n’est pas la peur qui vous remue le ventre quand vous devez passer sous un gros fromager. Dame nature étant parfois assimilée aussi au mauvais Diable, qu’on ne pouvait que, là aussi, subir sa puissance.

          Le José des années plus tard, ayant embrassé une profession dans le domaine de la nature, se trouva conforté par son expérience de la campagne, et encore plus par une idéologie qui idéalisait de plus en plus la nature, dans lopinion, comme dans le droit. Il faut, nous a-t-on dit,protéger la nature, l’homme doit adapter sa technologie à la nature, le développement lui même doit se faire à partir de la préservation de la nature. La pédagogie et la force de conviction d’un Jacques Ellul à Science politique renforçât encore mes convictions. Et à Rio de Janeiro, en 1992, au sommet de la terre, la nature, sinon l’environnement en général avait pris le pouvoir, autour de 3 concepts : « Biodiversity, « appropriate technologie » et « sustainable développent ». Ce sont ces termes que l’on entendait, sur les plages et arrière-plages où se déroulait cette conférence ; de la plage de Botafogo, à la plage de Leblond, en passant par Flamengo, Copacabana, et Ipanema. La promotion de ces concepts était faite sur des écrans géants par la jeune Serven Curlis Suzuki, la Greta Thunberg de l’époque. Ces conceptsvont fleurir d’année en année, avec une 1ère étape de consécration en 2002, à Johannesburg, ou je m’étais aussi rendu, à ce Sommet du développement durable. Depuis, le concept « d’appropriate technologie », hélas a disparu. Mais ce n’est qu’à partir de là que j’ai commencé à comprendre l’illusion de la protection de la nature par les hommes. A Johannesburg, j’avais été impressionné par de nombreuses expressions singulières des relations entre les hommes et la nature dans cette Nation Arc -en-ciel d’Afrique du Sud ; aussi bien au Musée de l’Apartheid, qu’à cette extraordinaire exposition « UBUNTU », mot qui signifie humanité et fraternité en langue Bantou. Mais J’y avais rencontré surtout,la puissante organisation du WBCSD. J’ai été définitivement convaincu, en allant les rencontrer à Genève, où elle siège, deux ans après, en 2004.

         Pas facile, des lors de faire comprendre autour de soi, que la nature n’a pas besoin de nous ; que tout ce que nous avons à faire c’est de protéger les hommes. Si bien que, de mon point de vue, la nature « n’est pas en train de reprendre le contrôle ». On pourrait mème dire qu’elle n’en a nullementbesoin. De même, « elle ne nous demande pas de changer ».C’est nous qui concevons et ressentons que le manche est chaud et qu’il faut le lâcher ; et donc qu’il faut changer ; Il serait donc de la nature humaine d’aller aussi loin, dans ses relations avec la nature, que ses découvertes, ses inventions lui permettent ; Et il apprend de ses erreurs, chaque fois, pour contourner les obstacles…..de la nature, quitte à ce que des civilisations entières se brulent. Ce serait même une « loi » de la nature que nous n’aurions pas intégré, même si des générations d’étudiants ont répété avec Paul Valéry : « Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles »

      L’histoire montrerait qu’après les grandes crises, il y aurait eu souvent des dictatures qui ont maintenu les systèmes antérieures ; Et que ce sont surtout les grandes découvertes et les nouvelles sources d’énergie, en particuliers qui ont généré de nouvelles civilisations. Nous verrons, si nous sommes encore là, ce que donnera l’après Covid 19 ; lequel, à l’évidence remet en cause notre civilisation actuelle.

                            Cordialement

                                                                  José NOSEL       nosel.jose@wanadoo.fr

                                                                Fort de France 26/04/2020

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