Chers jeunes, apprenez d’abord à vous méfier des adultes autoproclamés responsables qui disent comprendre les graves exactions et les violences commises depuis des jours car AUCUN D’EUX n’encouragerait ses propres enfants à le faire.

Mon honnêteté d’adulte n’est pas de vous leurrer avec un monde qui n’a jamais existé. Le monde de l’égalité entre tous est une pure fiction qui n’a jamais existé.

Le monde de l’équité est en revanche une volonté politique, culturelle, philosophique, que des démocrates, des humanistes, tentent tant bien que mal de faire exister ou perdurer.

Le discours sur les jeunes désœuvrés et abandonnés en Martinique figurait déjà dans un article du journal Le Naïf relatant la Martinique des années 50. (Ndr: l’auteur veut dire « dans lés années 70, Le Naïf à été créé beaucoup plus tard…)

Oui des ANNÉES 50.

« Ils vous rabâchent les oreilles avec l’abomination de l’esclavage, non pour vous instruire et faire naître en vous une conscience du « plus jamais ça », mais parçe qu’ils savent que votre jeune âge vous rend plus poreux, plus perméables, aux émotions qu’à la raison.

Avant eux d’autres gouvernements l’ont fait.

Avant eux d’autres manipulateurs l’ont fait.

Il faut toujours un motif pour entretenir intacte la flamme de la haine chez celui que l’on veut envoyer au front, aux avant-postes.

Bien sûr que l’esclavage est une ABOMINATION, un CRIME ODIEUX mais vous ne portez en rien une malédiction séculaire liée à la couleur de votre peau.

Lutter contre le racisme, les discriminations, est une ABSOLUE NÉCESSITÉ, mais le discours victimaire qu’on vous inocule est souvent destiné à vous maintenir dans une position d’infériorité, qui existe souvent certes, mais qui est destiné à expliquer tous vos échecs, en vous ôtant toute responsabilité personnelle, car nous les humains adorons nous dédouaner.

La seule volonté ne suffit pas, c’est vrai, mais la vérité, c’est que seuls vos efforts personnels, votre capacité à tirer profit de personnes ressources, de ne jamais vous reposer sur vos acquis, vous feront sortir de la spirale de l’échec.

Si ces adultes vous aimaient autant qu’ils le disent voilà ce qu’ils vous diraient :

– l’école n’est pas parfaite mais on n’a pas trouvé mieux pour savoir, comprendre, analyser et avoir le choix de son orientation pour ne pas simplement subir le système. Le chômage touche d’abord majoritairement les non formés et non diplômés.

Tout le reste c’est de la parlotte destinée à vous embrouiller. Avec la formation et le diplôme vous ouvrez toujours vos possibilités, même pour faire autre chose. Un diplôme est une marche d’escalier.

  personne n’a jamais rien obtenu en se plaignant avec un « ki sa ou fè ba mwen ». Avec un peu de chance ça vous ouvrait les portes d’une collectivité mais gravir ensuite les échelons a toujours été une affaire personnelle.

– ce n’est ni la Martinique ni la Guadeloupe qui changeront le monde. Ceux qui vous font croire l’inverse ont juste besoin de votre force de mobilisation et de votre naïveté car des millions de jeunes dans le monde apprennent en ce moment même les fondamentaux qui leur permettront de vous diriger demain pendant que vous rêvez sur des barrages d’un monde qui n’existera jamais.

– la culture ce n’est pas le repli sur soi dans des mythes en tout genre qui n’ont qu’un objectif, vous convaincre qu’une couleur de peau vous rattache à une lignée séculaire, niant la réalité du lieu où vous avez grandi, niant les relations complexes entre les humains, les trajectoires familiales, les apports de cultures. On est d’une lignée humaine avant tout.

La culture et l’ADN sont deux choses absolument distinctes.

Ce discours de la pureté originelle est le même que des régimes racistes et totalitaires ont servi à leurs peuples pour en exterminer d’autres, ou pour justifier les conflits visant à tuer des civils.

Je pourrais encore vous dire mille choses mais je suis un adulte, père de deux enfants, tonton de nombreux autres, et le discours que je vous tiens est aussi celui que je leur tiens car ma grand mère, analphabète, mais pas que,  décédée le 10 juillet 2015, a cherché, comme tous ceux qui ont lutté pendant l’esclavage et après 1848, à prendre sa vie en main pour travailler, élever ses enfants, en ayant pris part à toutes les grèves des ouvriers agricoles du nord atlantique, des mouvements très durs, mais sans jamais se laisser bercer d’illusions. Sans jamais laisser quiconque lui en raconter.

Surtout pas des nantis faussement compréhensifs.

Sans jamais croire qu’elle n’avait pas un rôle personnel à jouer dans la conduite de son quotidien.

“Ça ne vous plaira pas, mais le rôle des adultes n’est pas de vous plaire. Nous ne sommes pas des vidéos YouTube ou des émissions de télé réalité.

Philippe Diser.

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