Publié le 02/10/2020 sur Antilla magazine

CHLORDECONE : GDC rappelle l’action fondamentale de Pierre Davidas, il y a 20 ans déjà ! ( Publié le 02/10/2020.)

VOICI LE TEXTE RÉFÉRENCE PUBLIÉ PAR GÉRARD DORWLING-CARTER, EN L’HONNEUR, ET EN MÉMOIRE, DE L’ACTION DÉCISIVE DE PIERRE DAVIDAS, DÉNONÇANT, DANS UN SILENCE QUASI GÉNÉRAL,  LES MÉFAITS DU CHLORDÉCONE.


«Quand Pierre Davidas est venu frapper à ma porte, il y a de cela un quart de siècle, il avait sous les bras un énorme dossier avec écrit de travers, de son écriture de scribe :« Chlordécone », je me suis demandé ce que cet homme que j’avais connu dans les rangs de l’émigration consciente, à Paris quelques années auparavant, aux côtés de Marcel Manville, attendait de moi.

Il m’expliquât que ce pesticide qui était utilisé de façon inconsidérée par les planteurs de bananes (toutes races et toutes surfaces confondues), sans discernement et que le produit était un poison fatal pour la santé publique martiniquaise. Il était surtout axé sur le fait de la création, par le mélange du produit pesticide au chlore mis dans l’eau des stations de traitement pour la purifier, de chaînes moléculaires dont l’homme jusqu’alors n’avait pas mesuré la nocivité : stérilité, troubles de toutes sortes et certainement pensait-il, cause de tous les cancers plus nombreux ici qu’ailleurs, même qu’en Bretagne pourtant mitée déjà à l’époque par les nitrates… Et la phrase qui emportât mon adhésion à la cause fut : « A quoi cela sert-il donc de militer pour la responsabilité des Martiniquais, pour un changement quelconque de statut si le peuple martiniquais est malade ? »

C’est ainsi que la conséquence de mon appartenance à la cause créa un étonnement dans les milieux auxquels j’appartenais, mais bien vite le journal Antilla ouvrit toutes grandes – et le premier- ses colonnes à Pierre Davidas ; une rubrique que j’ai tenue, « Martinique pays pollué » entretenait les lecteurs de la question de façon quasi hebdomadaire. C’est d’ailleurs à la même époque que les « écologistes » distingués, marris de voir un ancien policier municipal (Pierre Davidas) et un généraliste de l’information (votre serviteur) intervenir sur leur pré clos de l’écologie, réagirent à nos écrits et analyses.

Ce fut le cas le mon ami Louis Boutrin (devenu depuis un proche) qui n’admettait les critiques sur la qualité des eaux de consommation humaine de la Martinique ! Rappelons en effet que l’angle d’attaque de Pierre Davidas et d’APPELS, l’association qui l’aidait dans cette tâche importante, était d’expliquer que très volatile, le chlore des stations de traitement des eaux ajouté à la chlordécone, envahissait toutes les nappes phréatiques, remontait les rivières et envahissait notre cadre de vie. C’est par caravanes, mégaphone à la bouche que Pierre Davidas sillonnait la Martinique, bourgs et campagne pour expliquer les méfaits de la situation. A mes émissions avec Mano sur RCI , je dénonçais à toutes les occasions la chlordécone, le mélange du chlore, jusqu’au jour où j’ai découvert négligemment abandonnées dans les studios les conclusions d’un rapport d’une officine sollicitée par RCI, selon lesquelles l’auditeur « nouveau » voulait de la légèreté, de la joie ce qui voulait dire à contrario que les donneurs de leçons, les vieilles barbes de la radio tels Mano ou « Avocat Caraïbe »,( nom de micro dont on m’avait affublé) devaient changer de tonalité…Il fallut de peu de temps pour que le temps d’antenne de Mano soit réduit comme peau de chagrin et que l’on m’affuble de deux animateurs formatés « jeunes » et que m’ennuyant à deux millions à l’heure je quittai à l’occasion du premier incident de parcours un rôle que j’avais tenu durant de longues années. >> Exit de l’antenne les questions de Chlordécone, du comportement général de l’homme martiniquais face à ses responsabilités etc.

Un point néanmoins positif est que le Conseil général a entendu les critiques d’ APPELS et qu’à l’occasion de la mise à niveau d’une station d’épuration, le système du charbon actif était venu remplacer le chlore. Enlevant par là même une grande partie de la nocivité des eaux servies au robinet du consommateur. Reste à le faire pour tout le système… Les services sanitaires, silencieusement ont fermé certains points de captage, le directeur des services qui avait feint ignorer la nocivité des eaux de consommation fut remplacé…

Et il a fallu d’un conteneur de tubercules imbibé de pesticides en provenance de Martinique pour relancer le débat, que des mesures insuffisantes soient mises en œuvre par la puissance publique. Tardive, mais non négligeable, une campagne d’information lancée durant de longues semaines par le quotidien France-Antilles. Le système médiatique Bellepomme est bien connu de ceux qui ont milité à Paris.

Il suffit d’avoir un bon carnet d’adresses de journalistes, ( avec le net tout est devenu si facile pour communiquer) une bonne thématique : la Martinique déjà ravagée par Dean (pour laquelle les ministres sont venus en nombre avec la presse nationale dans leurs bagages), aussi la notion d’ « empoisonnement » par les pesticides et sous-jacente l’irresponsabilité des responsables de la chose : les Békés ( appelons un chat un chat !), caste étrange aux yeux de tous ceux qui ne sont pas de ce pays qui auraient inondé le marché phytosanitaire d’un produit mortel, pour empocher les bénéfices d’une banane dont ils seraient les seuls exploitants. Mais la réalité est plus subtile, les charançons qui menaçaient la spéculation bananière étaient bien réels et c’est nous tous Blans Kon nouè qui, dans la banane, utilisions les ressources de la chimie pour produire un fruit de qualité et nourrir les 15 000 personnes qui tirent leurs revenus de la banane.

C’est une responsabilité collective qu’ici-dans nous avons refusé d’assumer, c’est cela qu’il faut tirer comme leçon pour relancer le combat contre la chlordécone. Il s’agit d’une cause nationale martiniquaise, battons-nous ensemble pour vaincre ce péril chimique. Gérard Dorwling-Carter. 2007.

[Dans Antilla 1541 de janvier 2013. reprenant l’article du même GDC publié, dans notre jnl en 1967]

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