CORONAVIRUS : LE JOUR D’APRÈS SE FERA AVEC LES OBJECTIFS DE DÉVELOPPEMENT DURABLE (ODD)
De crise sanitaire localisée, la pandémie du Covid-19 est devenue en un temps record une crise économique et sociale mondiale. Elle montre de façon dramatique l’interdépendance des trois piliers du développement durable : l’environnement, le social et l’économie et la nécessité de changer notre modèle de production et nos modes de vie. Pour y parvenir, une grille d’analyse existe : celle des Objectifs de Développement Durables (ODD) adoptée en 2015 par l’ONU qui démontre toute sa pertinence pour comprendre la crise et travailler à un futur plus durable.

Il ne peut exister d’économie pérenne sans la protection sociale et sanitaire des populations et de l’environnement. Ce principe de base du développement durable, incarné par les 17 Objectifs de développement durable adoptés en 2015 par l’ONU, trouve aujourd’hui sa traduction concrète et dramatique dans la crise du Covid-19. Car le virus parti d’un marché local de Chine a désormais contaminé tous les continents entraînant une crise sanitaire, économique et sociale en un temps record.

Le lien entre le développement des coronavirus et la perte de biodiversité est fort, montrant l’interconnexion entre protection de l’environnement et protection sanitaire des populations. La propagation ultra rapide de celui-ci, le Covid-19, à travers le monde a elle révélé la fragilité de nos systèmes économiques face au déferlement d’un nombre inattendu de malades au sein de systèmes de santé en crise, aggravant au passage les inégalités sociales, géographiques et de genre. L’ONU, qui vient de publier les premiers éléments d’un rapport sur les conséquences économiques et sociales du Covid-19 (en infographie), estime déjà qu’elle va conduire à la perte de 25 millions d’emplois avec 860 à 3 400 milliards de dollars de pertes de revenus liés au travail. L’Unesco table sur 1,5 milliard d’enfants coupés de l’école et les agences onusiennes du commerce, de la santé et de l’alimentation (OMC, OMS, FAO) alertent sur la menace qui pèse sur la sécurité alimentaire mondiale.

Les ODD, le meilleur business plan au monde

Si la grille d’analyse de ces 17 ODD nous permet de comprendre la chaine de causalité de cette crise à répercussions multiples, elle représente également un cap de développement de référence pour l’après crise, notamment pour les acteurs économiques. “Nous ne devons pas perdre de vue une rapide transition vers un modèle plus durable et équitable afin d’éviter de futures pandémies. Que peuvent faire les entreprises ? Beaucoup. La première étape est d’aligner leurs stratégies avec les ODD, le meilleur business plan du monde”, affirme ainsi Paul Polman, l’ancien PDG d’Unilever, désormais à la tête de son propre cabinet de conseil Imagine, au journal Ethical Corporation. C’est aussi le crédo de la plateforme d’action pour le Covid montée mi-mars par le World Economic Forum de Davos, qui insiste sur la nécessité de travailler sur le cap des ODD.

Certains envisagent déjà ce que cela pourrait donner. C’est le cas de Vanessa Logerais, fondatrice de l’agence de conseil et de communication durable Parangone. “Dès le début de la crise, nous avons pu voir qu’elle avait un impact sur chacun des ODD, que ce soit très négativement sur la santé, l’emploi, le creusement des inégalités, l’alimentation mais aussi positivement sur la pollution de l’air, des cours d’eau, la création de chaines de solidarité, de production durable, etc”.

Elle ajoute que “certaines entreprises prenaient la mesure de l’enjeu en travaillant sur leur utilité sociale… et d’autres non. Il me semble donc important de pouvoir analyser cette expérience inédite et terrible à travers cette grille et d’imaginer comment elle peut nous guider pour la suite”. De cette réflexion est ainsi sortie une infographie (ci-dessous) qui se veut le début d’un travail collaboratif.

La crise met en évidence la nécessité absolue de travailler sur l’un des piliers de ces ODD : le partenariat entre l’ensemble des acteurs économiques, publics et citoyens, du monde entier. Or si une certaine solidarité entre acteurs a bien été mise en place au niveau local et national, la pandémie a aussi montré un déficit criant de solidarité internationale. Et si les conséquences se font déjà ressentir dans les pays occidentaux, cela pourrait être fatal aux pays en développement, notamment en Afrique qui s’apprête à subir les ravages du Covid19.

Béatrice Héraud, @beatriceheraud

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