La Martinique vient de se doter d’un établissement public foncier local confié, par le psdt de la Région Mq  à Luc-Louison Clémenté…Mais n’est-il pas trop tard ? Tony Delsham, qui en a tant vue dans sa carrière de journaliste et d’observateur lucide de la société martiniquaise, évalue ici (Voir aussi l’article complet dans ANTILLA), ce que peut encore apporter cette nouvelle structure à la gestion “rationnelle” de nos terres…

L’établissement public foncier local :
mieux vaut tard que jamais…, par TONY DELSHAM

 

Tony Delsham (Photos Mike Irasque)

 

 

La Martinique vient de se doter d’un établissement public foncier local…
L’intitulé parle de lui-même. Il s’agit, à l’évidence de gérer au mieux le foncier, notamment la terre, afin de l’utiliser dans l’intérêt général. Mieux vaut tard que jamais serait-on tenté de dire. En effet, l’idéal serait que cet établissement ait été installé dès après le 22 mai 1848, mais nous savons que les pères de cette étape importante ne menaient pas, à ce moment de notre histoire, une guerre de libération nationale. Nous savons qu’ils entendaient, avant tout, bénéficier des avantages promis par la révolution française, à travers le concept : Liberté Égalité Fraternité. Demande renouvelée en 1946, puis par 80 % des Martiniquais en 2010. Nos aînés ne revendiquaient pas le droit d’une gestion indépendante ni même autonome. Mon discours signifie-t-il que les jeux sont faits, qu’il est désormais trop tard ? Bien sûr que non, mais la difficulté est multipliée par des cents et des mille. En matière de foncier l’anarchie domine du nord au sud et de l’est à l’ouest. Les maires de nos différentes communes ont eu les plus grandes difficultés à loger leurs administrés, la plupart des espaces étant historiquement morcelés entre les grandes familles mulâtres et békés. Je me souviens parfaitement de l’occupation des alentours de Fort-de-France, notamment Sainte-Thérèse, Renéville, Volga plage, etc. C’est miracle que ces quartiers, et ceux des communes, jusqu’à ce jour, n’aient à déplorer aucune catastrophe majeure. Preuve que la débrouillardise ancestrale, aidée par le savoir-faire des municipalités, maîtrisaient parfaitement la science de la construction.
Que faire aujourd’hui ?
Tout. Aujourd’hui le sol tremble de plus en plus. L’eau s’invite partout. L’Établissement Public Foncier en précisant Local, annonce la couleur. C’est l’affirmation d’une prise de responsabilité et tentative désespérée de sauver ce qui peut l’être. Nous savons que de bonnes terres agricoles ont été offertes à la spéculation immobilière alors que la technologie permettait des constructions sur terrains rocailleux. Espérons que les surfaces repérées seront suffisantes pour assurer notre survie alimentaire tout en sachant que l’adversaire habituel, le produit importé, sera toujours présent. Et, il n’est pas sûr que notre portefeuille nous suive dans notre souhait d’une production locale, fut-elle destinée à faire face à une faillite de l’importation. Car, pour faire un fruit à pain, une igname, un chou, mon Dieu que c’est long ! Or, c’est dans l’immédiat qu’il nous faut nos trois repas par jour. Mais malgré tout et pour conclure, grâce à l’EPFL nous saurons désormais les zones riches pour la culture et les zones à risques où il est formellement déconseillé, voire interdit, de construire. Il ne restera plus qu’à faire respecter la loi, sans craindre un effet boutique de Sainte-Thérèse.

Tony DELSHAM

 

 

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