Coronavirus : les trois critères défendus par le Conseil scientifique pour sortir du confinement
(Source: Les échos.)
Le Conseil scientifique a rendu au gouvernement un avis sur le confinement, et sur les critères permettant de savoir quand en sortir. Il faudra d’abord juguler la saturation hospitalière, réduire fortement le nombre de cas et avoir mis en place une stratégie préventive. Les experts appellent notamment à modifier la doctrine de tests.
Le ministre de la Santé l’a dit mardi matin à la radio, et le directeur général de la santé l’a répété le soir : le pic de l’épidémie n’est pas encore passé . Il faut continuer à se terrer chez soi. Et cela risque de durer, devine-t-on à la lecture de l’avis du Conseil scientifique qui a été publié mardi soir, cinq jours après avoir été remis au gouvernement.
A la demande du Premier ministre Edouard Philippe , les coéquipiers du professeur de médecine Jean-François Delfraissy ont planché sur le thème du confinement – fonctionne-t-il, et quand faudra-t-il en sortir. Leur mission : définir des critères permettant de lever les restrictions de circulation. Aucun des trois critères n’est pour l’instant rempli, de très loin. « La priorité demeure la poursuite d’un confinement renforcé dans la durée », écrit le conseil.
Reconstituer la force de travail à l’hôpital
Premièrement, il faudra que la saturation des services de réanimation soit « jugulée ». Et de manière plus générale, que l’hôpital reconstitue sa force de travail : prévoir, pour les soignants,« une période suffisante pour récupérer de l’effort considérable », et pour le matériel, les médicaments, une reconstitution des stocks.
Avec encore plus de 7.000 patients Covid-19 en réanimation mardi soir , et 30.000 autres malades hospitalisés, on est loin du compte.
Deuxièmement, le nombre de personnes infectées doit considérablement diminuer dans la population.
« Idéalement, cette réduction devra être suffisamment importante pour que la détection des nouveaux cas de façon systématique redevienne possible »explique le conseil. C’est bien sûr chose impossible lorsqu’en une seule semaine, les médecins de ville estiment avoir pris en consultation près de 90.000 personnes présentant des symptômes de Covid-19.
Elargir le dépistage
En tout cas, il ne faut pas attendre le déconfinement pour « modifier la doctrine actuelle d’utilisation des tests afin de proposer une prise en charge significativement élargie du diagnostic, permettant par ailleurs une montée en charge progressive de leur utilisation », recommande le Conseil scientifique.
L’installation de plateformes à haut débit pour les tests PCR et l’arrivée dès la troisième semaine d’avril de tests sérologiques en grande quantité permettent de voir plus grand. Le conseil demande d’élargir le dépistage aux soignants en ville, de le systématiser pour les résidents et le personnel des établissements médico-sociaux, et dans les prisons. En outre, il veut que l’on mesure la prévalence du virus dans les territoires, via des études sérologiques.
Moins de 15 % de la population immunisée
Troisièmement, il faudra avoir une politique post-confinement opérationnelle, impérativement. Il est hors de question de s’en remettre à la garde de l’immunité collective , prévient le conseil, car le pourcentage de population immunisé est vraisemblablement inférieur à 15 %. Le laisser-faire signifierait le retour à l’urgence hospitalière et à la surmortalité. C’est sans doute la condition la plus difficile à remplir. Parmi les éléments à inclure dans cette stratégie, il y aura bien sûr les mesures de distanciation sociale, mais aussi la distribution de gel et de masques « à l’usage des personnels soignants, des personnes en situation d’exposition au virus en priorité, puis à l’ensemble de la population, comme en Asie ». Il faudra également mettre au point « des capacités de diagnostic rapide d’infection aiguë et de rendu des résultats aux patients avec transfert des données en temps réel aux systèmes de surveillance épidémiologique », et
« de nouveaux outils numériques permettant de renforcer l’efficacité du contrôle sanitaire de l’épidémie ». Les personnes particulièrement à risque, car âgées ou malades chroniques, ont été estimées à 17 millions : il faudra qu’elles soient protégées et isolées.

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