Le secteur du BTP traverse actuellement une profonde crise structurelle. A l’occasion d’une conférence de presse qui s’est tenue, ce jeudi 31 août, à la Chambre des métiers et de l’artisanat, les entrepreneurs ont voulu faire le point sur la situation. Ils exigent beaucoup plus de dialogue avec les maîtres d’ouvrage, pour faire entendre leurs solutions.
Le secteur du bâtiment menace de s’effondrer ! Les entreprises martiniquaises du BTP sont actuellement fragilisées par une profonde crise sociale. Entre les délais de paiement non respectés, le travail illégal ou encore la forte variabilité de la commande publique, les entrepreneurs sont sur le point de craquer. Ce jeudi 31 août, les présidents des fédérations du BTP ont pris les devants, lors d’une conférence de presse à la Chambre des Métiers et de l’Artisanat. Ont répondu présent pour tirer la sonnette d’alarme : CAPEB, FFB, FRBTP, CNATP. “Nous souhaitons informer la Martinique de la situation de notre secteur qui est très important pour l’économie mondiale, introduit Jean-Yves Bonnaire, Secrétaire Général FRBTP. Actuellement, il y a un profond décalage entre ce que les entrepreneurs vivent et ce que plusieurs maîtres d’ouvrages peuvent annoncer comme solution. Nous sommes ici pour montrer nos réalités”.
Une situation insoutenable
Depuis de nombreuses années, le secteur du BTP croule sous le poids d’un système le mettant en péril, au fil du temps. La liste des problèmes auxquels sont confrontés les entrepreneurs est longue, très longue.
“Notre secteur fait face à un très gros problème qui est celui du travail illégal”,
prévient Félix Happio, Président de la CAPEB.
Les entreprises qui gèrent ce genre de défaillance se mettent en difficulté. Elles n’arrivent pas à trouver les financements nécessaires pour compenser les prestations réalisées.” Certains entrepreneurs dénoncent un cruel manque d’investissement de la part des hautes institutions censées les soutenir. “Il n’y a pratiquement aucune communication, informe Steve Patole, président de la FRBTP. Elle a littéralement été coupée avec la CTM. Ils nous ont fait des promesses et quand ils ont vu qu’ils ne pouvaient pas les tenir, on ne pouvait plus avoir de contact avec eux. Quand on essaie de les voir, ils fuient.”
Cette réunion était surtout l’occasion pour les entrepreneurs de faire part de leur sentiment d’abandon de la part de l’Etat français. Ils dénoncent une différence de traitement vis-à-vis des autres départements. “L’un des problèmes dont nous pourrions parler est celui des délais de paiement, détaille Steve Patole. Depuis des années, les partenaires ne sont pas en mesure de nous régler dans les 30 jours qui suivent. La loi prévoit que les intérêts moratoires doivent être payés à partir du moment qu’il y a un retard de paiement. Pourtant, chez nous, ça ne se fait pas. A croire que nous ne sommes pas un département comme les autres.” Naturellement, les entrepreneurs s’accordent à dire qu’il faut que cette situation change.
“Historiquement, on se retrouve avec des statistiques qui sont défavorables à la Martinique”,
rappelle Jean-Yves Bonnaire. Il y a des départements où les choses se passent moins mal, pour ne pas dire “mieux”. Il n’y a aucune raison à ce que la Martinique soit le moins bon élève de la classe ultramarine en matière de délai de paiement.”
Un gros chantier à réparer
Rien n’est encore joué pour les entrepreneurs du BTP. Pour faire face à la situation, certains n’hésitent à proposer leurs solutions pour ne pas que le bâtiment s’écroule. “Il faudrait faire en sorte de pouvoir reconnecter le BTP à la jeunesse, reprend Steve Patole. Il faut relancer le secteur avec de véritables acteurs qui ont envie de travailler pour le pays. On doit comprendre que sans le bâtiment, on ne peut rien faire. Les politiques en premier doivent comprendre ça.” Un message clair : il faut revaloriser l’apprentissage dans le secteur. “Nous proposons des formations à des chefs d’entreprises, on prend des apprentis. Nous faisons tout notre possible pour partir dans un relais de changement, explique Eve Petit-Prés, Vice-présidente de la FFB. Aujourd’hui, nous sommes actifs. Il est impossible de dire qu’on ne forme pas nos salariés, ni les chefs d’entreprises. Nous avons beaucoup de solutions, il faut impérativement que nous soyons écoutés.”
Armés d’optimisme, ces entrepreneurs sont prêts à tout mettre en œuvre pour rénover ce secteur. “Il faut que l’on reste positif si l’on veut espérer affronter l’avenir, lance Eddy Ouly, président de la FFB. Même si beaucoup d’entreprises risquent de disparaître, il faut rester optimiste. Les chefs d’entreprises ont bien conscience que s’ils ne le sont pas, ils seront obligés de mettre la clé sous la porte.” Ayant beaucoup de projets, ils arrivent à voir loin dans l’avenir des bâtiments martiniquais.
“Le secteur est optimiste, termine Stéphane Carnier, Secrétaire Général FFB. On continue d’essayer d’avancer et on s’occupe de surtout préparer l’avenir. On essaie d’adapter nos entreprises aux normes futures. Dans les mois avenir des choses évolueront et il faut que nos entreprises soient prêtes.”
Thibaut Charles