Morale sexuelle, place des femmes, collégialité dans l’exercice du pouvoir… Des catholiques s’organisent pour mettre ces sujets sur la table et ainsi pousser l’institution au changement.

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Pour certains catholiques, le temps est venu de réformer la gouvernance de leur Eglise. Issus de différents horizons, en groupe ou chacun de son côté, des laïques de plus en plus nombreux réclament aujourd’hui un aggiornamento. Alors que l’Eglise est ébranlée comme jamais, depuis cinq ans, par l’accumulation des révélations sur les violences sexuelles et les abus de conscience commis par des ecclésiastiques, ces catholiques ont décidé d’agir pour pousser l’institution au changement. Ils sont convaincus que les abus ont des causes systémiques, que le pape François regroupe sous le vocable de « cléricalisme », un pouvoir disproportionné et quasi exclusif donné aux clercs, c’est-à-dire aux hommes ordonnés.

Place des femmes, rôle des laïques, collégialité dans l’exercice du pouvoir, nature des ministères, morale sexuelle : tous ces sujets sont sur la table pour ces croyants convaincus que le statu quo n’est plus tenable. Certains ont commencé à s’organiser pour se faire entendre des évêques avant le synode qui aura lieu à Rome en octobre 2022.

En mai, la théologienne Anne Soupa a frappé les esprits en se portant candidate à la succession du cardinal Philippe Barbarin aux fonctions d’archevêque de Lyon, un ministère réservé par le droit canonique à un homme ordonné. La bibliste était parvenue à la conclusion que la provocation est la seule manière de faire bouger une institution qui a du mal à faire place au débat en son sein. Il n’existe d’ailleurs pas d’instance nationale pour l’organiser et, contrairement à ce qui existe en Allemagne, par exemple, pas de représentation des laïques en tant que tels.

« Entre-soi [masculin] propice aux abus »

Par son geste, l’écrivaine de 73 ans protestait contre l’exclusion des femmes des postes de gouvernance de la hiérarchie ecclésiale – prêtre à la tête d’une paroisse, évêque à celle d’un diocèse. Elle voulait aussi dénoncer un « entre-soi [masculin] propice aux abus ». Une référence aux quatre évêques successifs de Lyon qui n’ont pas saisi la justice sur les agressions sexuelles de jeunes scouts dont s’est rendu coupable l’aumônier Bernard Preynat pendant vingt ansdans les années 1970 et 1980.

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