Elu à l’unanimité président du Parti Progressiste Martiniquais (PPM) à l’issue du récent 22ème Congrès dudit parti, Didier Laguerre répond ici à quelques interrogations. Entretien aux accents de lucidité du nouveau leader de l’historique formation.

Antilla : A quoi vous sentez-vous engagé suite à cette élection à la présidence du PPM ?

Didier Laguerre : L’élection à la présidence du Parti Progressiste Martiniquais est un devoir moral pour moi ; cette élection m’impose des devoirs moraux : défendre l’idéologie du PPM, défendre et assurer l’unité, la cohésion du parti. C’est une charge importante. Le PPM a participé à toutes les luttes émancipatrices de la Martinique, depuis la création du parti en 1958. Il s’agit donc de participer au combat, qui n’est pas terminé, pour la reconnaissance de l’identité martiniquaise, de la personnalité collective martiniquaise, de l’existence de la nation martiniquaise ; de participer au combat sur l’évolution institutionnelle et doter la Martinique des moyens de décider, de prendre nos décisions et d’agir sur notre développement. Donc c’est d’abord une charge symbolique, une charge forte, mais c’est aussi un challenge exaltant. C’est mon parti, ce sont mes idées, c’est mon ADN, c’est ma volonté de contribuer à la préservation et aussi à la modification, c’est-à-dire adapter cette idéologie aux problématiques, discours et perceptions d’aujourd’hui. Et de faire en sorte que nous puissions apporter notre contribution à la marche de la Martinique vers son émancipation.

Je ne vous apprendrai rien en indiquant que l’élection du secrétaire général du PPM, dans le cadre de ce Congrès, aura selon des sources concordantes généré des tensions chez des membres et militant.e.s du parti : est-ce l’enjeu de l’unité, de la cohésion et d’une sérénité retrouvée, qui pèse le plus sur la pérennité du PPM ?

L’unité et la cohésion sont indispensables au travail efficace du parti et des militants. Il y a toujours un enjeu qui pèse sur l’existence d’un parti et ce serait très présomptueux de penser que rien ne peut arriver : on a vu par exemple de grands partis politiques français se réduire à leur plus simple expression en très peu de temps. Donc c’est un enjeu qui existe, qu’il faut prendre en compte, c’est justement pour ça qu’il faut travailler la doctrine, qu’il faut former les militants, qu’il faut adapter nos pratiques, nos méthodes en interne et en externe, qu’il faut être encore plus performants en matière de co-construction, d’élaboration des décisions, d’élaboration de choix de stratégies, de choix électoraux, d’alliance ou pas d’alliance, de désignation des candidats, etc. Il y a tout un travail à faire pour que les militants se sentent de mieux en mieux dans le parti ; il faut renforcer le travail de cohésion, de camaraderie dans le parti. 

Et c’est un challenge ça ?

Oui c’est un challenge. Ce sont des objectifs mais Aimé Césaire, dans ses discours pour le dixième anniversaire du parti et à différents congrès, parlait de ce travail d’unité, de camaraderie, disait qu’il n’y avait pas de place pour les cancans subalternes et les querelles de clocher, parce qu’on a devant nous un enjeu qui est celui de l’émancipation de la Martinique. Donc c’est un travail permanent parce que c’est un groupe humain. Nous savons que dans les groupes humains les tensions naissent, et par exemple à l’occasion de ce dernier congrès il y a eu à un moment deux listes en compétition* (pour le secrétariat général du PPM, ndr). Et même s’il n’y a pas de divergences fondamentales sur le fond, vous avez fatalement des campagnes qui vont être menées et qui peuvent créer des tensions entre les camarades… . Après il y a lieu de retrouver la sérénité, de se retrouver sur l’essentiel et ce qui nous réunit, c’est-à-dire notre doctrine, notre idéologie, notre volonté d’émancipation pour le peuple martiniquais. Et progressivement, d’apaiser les différents qui ont pu naître.

Propos recueillis par Mike Irasque

*Ces deux listes ont donc ‘’fusionné’’, « selon la volonté de Serge Letchimy et d’un certain nombre de militants » indiqua médiatiquement le nouveau secrétaire général du PPM : Alain Alfred. (MI)

 

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