On appelle ça l’«ensemencement des nuages» (ou «cloud seeding»).

«Deux ans de pluie en une journée»: c’est ainsi que titrent plusieurs médias français à propos des très fortes précipitations qui ont plongé les Émirats arabes unis et d’autres pays du Golfe sous les eaux, mardi 16 avril. 254 millimètres de pluie sont en effet tombés lors de cette journée absolument terrible, qui a fait de nombreuses victimes (dix-huit à Oman notamment) et paralysé le pays émirien.

Pendant que la décrue s’amorce, les météorologues et climatologues ont déjà commencé à se pencher sur le phénomène, qu’il ne serait sans doute pas juste de qualifier de catastrophe naturelle. Selon Business Insider, cette tragique montée des eaux pourrait en effet être due au fait que les Émirats arabes unis jouent avec les nuages en utilisant une pratique créée à la fin des années 1990.

Nommée «cloud seeding» (ou «ensemencement des nuages» en français), celle-ci consiste à faire augmenter la quantité d’eau qui tombe de certains nuages grâce à un produit chimique, injecté lors de missions aériennes. Ce type d’opération facilite ensuite la lutte contre la sécheresse de certaines régions, ainsi que la production de flocons de neige.

«Don’t look up»

Dans le monde, d’autres zones utilisent cette méthode et notamment certains États de l’ouest des États-Unis, comme la Californie, le Colorado, le Nevada, l’Idaho et le Texas, qui rencontrent régulièrement des problèmes de sécheresse –la pratique existe aussi en Turquie, où elle a fait polémique. Les dirigeants qui ont recours à ce genre de stratégie n’en démordent pas: puisque ça fonctionne, il serait dommage de s’en priver –et tant pis pour les risques environnementaux.

À force de se prendre pour Dieu, on finit hélas par recevoir une punition venue du ciel. C’est ce que sont (peut-être) en train de comprendre les Émirats arabes unis, dont la pratique de l’ensemencement des nuages aura exercé un rôle de facteur très aggravant, explique Bloomberg.

Cadre du Centre national de météorologie des Émirats arabes unis, Ahmed Habib explique que de nombreuses missions de ce type ont eu lieu ces derniers jours. Lundi 15 et mardi 16 avril, deux avions ont été envoyés afin de traiter chimiquement des nuages, pour un total de sept interventions planifiées en deux jours. L’expert est très clair sur le rapport de son pays à l’ensemencement des nuages: «Pour tout nuage éligible se trouvant au-dessus des Émirats arabes unis, on lance l’opération.» Le fait que Dubaï ait trop tiré sur la corde surprend-il encore quelqu’un?

La catastrophe fera-elle réagir en haut lieu? Rien n’est moins sûr, car le département communication du gouvernement émirien a qualifié les précipitations de «pluies bienfaisantes» (les dernières années ayant été particulièrement sèches). Qu’il s’agisse d’éléments de langage simplement destinés à éviter la polémique ou de propos reflétant l’aveuglement dont sont une nouvelle fois victimes ceux qui maltraitent le climat, le résultat est le même: les faiseurs de pluie ont engendré de sacrés dégâts.

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