Pour répondre aux défis sociaux des territoires ultramarins, le COMPAS et l’UNCCAS ont lancé en novembre 2023 l’observatoire CORAIL, dédié aux réalités sociales des Outre-mer. Cette base de données est une ressource inestimable pour les CCAS, mais elle s’avère également être un outil précieux pour tout individu intéressé par les problématiques de nos régions. En visite en Martinique, Hervé Guéry, directeur du COMPAS, nous présente les fonctionnalités de CORAIL.

Le “Centre d’Observation et de Ressource pour l’Analyse des Informations Localisées ultramarine” est un outil de communication sur ce que sont les réalités sociales en Outre-mer.”

Antilla : Bonjour, pouvez-vous vous présenter ?

Hervé Guéry : Je suis le fondateur et le gérant du COMPAS, une entreprise qui œuvre sur l’ensemble du territoire national et plus particulièrement dans les départements et régions ultramarines. Le sigle “COMPAS” signifie “Centre d’Observation et de Mesure des Politiques d’Action Sociale”. L’observatoire a pour but de jouer le rôle d’une boussole en fonction de là où les décideurs souhaitent aller dans leurs politiques, en leur montrant les voies qui peuvent être prises.

Progressivement, notre organisme a compris que les réalités en Outre-mer étaient totalement différentes de celles de l’hexagone. A partir de là, nous avons alors eu un nouvel objectif : modifier la représentation que l’on peut souvent avoir des réalités sociales ultramarines, qui sont actuellement assez déformées et sous-estimées.

Pour étudier en profondeur les réalités sociales des territoires d’Outre-mer, vous avez fondé avec l’UNCCAS (Union Nationale des Centres Communaux d’Action Sociale) un observatoire du nom de “CORAIL”, en Novembre dernier. Quelles sont les spécificités de celui-ci ?

Le “Centre d’Observation et de Ressource pour l’Analyse des Informations Localisées ultramarine” est un outil de communication sur ce que sont les réalités sociales en Outre-mer. Il se compose de trois dimensions, parmi lesquelles deux sont accessibles à tous, tandis que la troisième est réservée aux CCAS :

  • Il s’agit à la fois d’un centre de ressource où les données locales servent à écrire des articles sur les sujets sociaux.
  • C’est aussi le recensement de tout ce qui peut être fait au niveau des rapports d’études.
  • Enfin, il constitue une précieuse base de données pour les CCAS ultramarins, en matière de connaissance des réalités sociales de leur territoire.

CORAIL fonctionne sur l’ensemble de l’Outre-mer, du moins partout où il y a des CCAS dans ces régions. Pour l’instant, il ne fonctionne pas encore sur les territoires tels que la Polynésie française ou encore Saint-Martin.

Comment l’observatoire contribue-t-il à une meilleure compréhension des réalités sociales, urbaines et économiques en Outre-mer ?

En utilisant la base de données, les CCAS peuvent obtenir des données spécifiques à leurs communes, leurs intercommunalités, leurs départements ou encore leurs territoires respectifs, facilitant ainsi les comparaisons. CORAIL offre la possibilité de construire des tableaux avec des indicateurs pertinents et propose un suivi dans le temps pour observer les évolutions. Cela permet aux CCAS de mieux comprendre les dynamiques de leurs populations, de comparer les données avec d’autres régions ou niveaux géographiques, et d’étayer des réflexions, analyses et recommandations.

En tant qu’outil, CORAIL s’adresse tant aux professionnels locaux pour soutenir leur action, qu’aux décideurs nationaux pour élargir leur vision et influencer les politiques publiques. Ainsi, CORAIL répond à plusieurs enjeux et s’adresse à différents acteurs, qu’ils soient locaux ou nationaux.

Quels sont les rôles respectifs du COMPAS et de l’UNCCAS pour le bon fonctionnement de l’observatoire ?

Tout d’abord, l’UNCCAS a investi financièrement afin de pouvoir faire vivre CORAIL. Elle décide des grandes orientations de l’observatoire, notamment sur les choix éditoriaux concernant les enjeux sociaux sur lesquels nous pourrions travailler.

Parallèlement, le COMPAS travaille sur l’aspect technique de l’organisme. Nous travaillons sur l’écriture des articles, ainsi que sur la mise à jour de la base de données. Faisons aussi en sorte d’animer la plateforme de CORAIL, afin que celle-ci reste très interactive.

Cependant, il est possible que nous formulions des recommandations à l’UNCCAS sur son rôle, et vice versa.

Imaginons qu’un journaliste souhaite écrire une enquête sur une problématique de l’Outre-mer. Sera-il possible pour lui de se servir de CORAIL dans sa documentation ?

Comme je l’ai précisé tout à l’heure, la base de données de CORAIL est avant tout réservée pour les CCAS, du moins pour l’instant. Néanmoins, il y a dans cet outil énormément d’articles qui peuvent s’avérer très utile dans la compréhension des sujets, en fonction des territoires. Il y a également des entrées organisées par thèmes, permettant ainsi de mieux identifier et cibler les besoins spécifiques relatifs à chaque sujet. On peut aussi y trouver des documents supplémentaires tels que des cartes ou encore des graphiques.

Les articles sont mis à disposition, la seule chose que nous demandons c’est que CORAIL soit cité. Notre objectif reste bien évidemment de simplifier l’accès à l’information.

Quels ont été les principaux défis rencontrés dans la mise en place et le fonctionnement de CORAIL ?

Les principaux défis rencontrés concernent souvent la formation à l’utilisation et la méthodologie. Il est important de comprendre que CORAIL est un outil qui soutient une approche méthodologique et part d’un diagnostic pour élaborer des projets. Dans le domaine social, il est parfois nécessaire d’adopter une approche plus humaine que purement sociale. Notre outil vise à développer une approche qualitative tout en fournissant des données quantitatives. C’est un défi majeur pour nous, car il doit permettre aux décideurs de s’informer sur les questions sociales en utilisant une approche quantitative.

Le deuxième défi actuel concerne la formation à l’utilisation de l’outil. Réunir tous les CCAS simultanément pour une formation n’est pas chose aisée. Nous avons encore du travail à accomplir pour que chacun puisse pleinement s’approprier l’outil.

CORAIL est un outil qui est encore très jeune. Quelles sont vos perspectives pour permettre à l’observatoire d’évoluer ?

Déjà nous comptons continuer à mettre à jour l’outil et d’élargir sa base de données. Nous aimerions aussi développer une option afin de permettre le dialogue. À présent, il est clair qu’il est essentiel pour les CCAS des départements différents de pouvoir échanger entre eux afin de partager leurs réalités spécifiques. Je pense par exemple à ces CCAS réunionnais qui ont pu inspirer certains CCAS martiniquais lorsqu’ils ont créé un chantier d’insertion autour de l’arbre à pain et de l’usage qu’ils pouvaient en faire. Nous espérons ainsi pouvoir devenir une belle plateforme de dialogue et d’échange pratique.

www.corail-observatoire-outre-mer.fr

Propos recueillis par Thibaut Charles

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