Qu’a annoncé Emmanuel Macron ?

Emmanuel Macron a présenté aujourd’hui des excuses inédites aux harkis, des anciens combattants algériens ayant servi l’armée française pendant la guerre d’Algérie (1954-1962), reconnaissant un « abandon » de l’État français vis-à-vis d’eux. « Aux combattants abandonnés, à leur famille, qui ont subi les camps, la prison, le déni, je demande pardon », a-t-il déclaré. « Au nom de la France, je dis aux harkis et à leurs enfants à voix haute et solennelle que la République a alors contracté à leur égard une dette », a également affirmé le chef de l’État lors d’une réception à l’Élysée avec des harkis, leurs descendants et des responsables associatifs, à cinq jours de la Journée nationale d’hommage aux harkis. Emmanuel Macron a annoncé que le gouvernement porterait avant la fin de l’année un projet de loi sur « la reconnaissance et la réparation à l’égard des harkis », qui doit permettre de revaloriser les allocations des anciens combattants et de leurs veuves.

Qui sont les harkis ?

Les harkis sont des Algériens recrutés comme supplétifs de l’armée française pendant le conflit qui opposa de 1954 à 1962 la France et les indépendantistes algériens. Au moins 200 000 harkis ont servi la France pendant la guerre d’Algérie, selon l’Office national des anciens combattants (ONACVG). Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, seule une minorité de harkis ont été autorisés à s’installer en France, mais plusieurs dizaines de milliers d’entre eux sont parvenus à s’y rendre de manière clandestine. Près de 42 000 harkis sont passés par des camps de transit dans le sud de la France dans les années ayant suivi la fin du conflit, selon l’ONACVG. Considérés comme des traîtres par les indépendantistes algériens, les harkis restés en Algérie ont été la cible d’exactions et d’exécutions. Autour de 60 000 à 80 000 harkis ont été arrêtés, torturés et massacrés, selon une estimation retenue dans un rapport remis en 2018 au ministère des Armées.

Comment a évolué la position de l’État sur les harkis ?

La reconnaissance et la réparation par l’État français du sacrifice des harkis ont été tardives. En 1974, une loi leur a accordé le statut d’ancien combattant. Plusieurs mesures attribuant des indemnités et des aides financières aux harkis et à leur famille ont également été prises. En 2001, Jacques Chirac a été le premier président à affirmer que la France avait « un devoir de reconnaissance » et « une dette d’honneur » à l’égard des harkis, alors qu’elle n’avait « pas su » empêcher qu’ils soient massacrés. En 2016, le président François Hollande a reconnu explicitement « la responsabilité des gouvernements français dans l’abandon des harkis, des massacres de ceux restés en Algérie et des conditions d’accueil inhumaines » dans les camps en France. Dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron, l’Association justice information réparation pour les harkis avait appelé en mai à une « loi de reconnaissance et de réparation », la jugeant « indispensable pour la résilience des individus et la réconciliation du pays ».

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