La basketteuse française, médaillée de bronze aux Jeux de Tokyo, explique à franceinfo: sport pourquoi elle a choisi de garder secrète sa grossesse pendant l’Euro et les JO cet été.

Article rédigé par

<Célia Sommerfranceinfo: sport

France Télévisions

La basketteuse française Valériane Ayayi Vukosavljević, médaillée de bronze au Jeux olympiques de Tokyo, a tenu secrète sa grossesse durant la compétition. (D.R.)

Championne de France, vice-championne d’Europe et médaillée de bronze aux Jeux olympiques de Tokyo : c’est le palmarès affiché cette année par la basketteuse française Valériane Ayayi Vukosavljević. Des succès d’autant plus forts, que l’athlète les a vécus en étant enceinte.

Afin de ne pas en faire “un évènement dans l’évènement“, Valériane Ayayi Vukosavljević a préféré attendre la fin des Jeux olympiques de Tokyo pour dévoiler publiquement la nouvelle. Outre ses proches, seules quelques personnes en équipe de France étaient dans la confidence. La basketteuse s’est confiée à franceinfo:sport sur la manière dont elle a géré sa vie d’athlète de haut niveau en même temps que sa grossesse sur les seize dernières semaines.

Franceinfo: sport : Votre grossesse était-elle prévue ?

Valériane Ayayi Vukosavljević : L’année dernière, avant que les Jeux ne soient décalés, j’avais refusé un contrat à Prague. Avec mon mari, nous souhaitions une maternité après les JO. Mais finalement, les Jeux ont été reportés. J’ai fait le choix de signer à Basket Landes, en leur expliquant mon projet. Le club l’a tout de suite accepté. C’était donc quelque chose d’anticipé, mais nous n’imaginions pas que cela arriverait de si tôt. À ce jour, je suis enceinte de trois mois et demi, plus précisément de seize semaines.

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BONJOUR LA FRAAAAANCE 🇫🇷😍

Est-ce qu’à un moment donné vous avez eu peur que cette grossesse ne remette en question votre participation au championnat d’Europe et aux Jeux ?

Pas du tout. J’étais super heureuse lorsque j’ai appris la nouvelle, car c’est un projet que nous avions depuis de longue date avec mon mari. Comme je suis sportive de haut niveau et que j’ai l’habitude de faire du sport quotidiennement, ma gynécologue a affirmé qu’il n’y aurait problème vis-à-vis de ma pratique sportive à trois mois et demi (de grossesse) et que je pouvais aller jouer l’Euro et les JO.

Vous avez préféré garder votre grossesse secrète. Pourquoi avoir fait ce choix ?

Avant l’Euro, je l’ai annoncée au médecin de l’équipe de France, ainsi qu’à la coach Valérie Garnier. Je tenais à ce que quelqu’un au sein du staff médical soit au courant, on ne sait jamais ce qu’il pouvait arriver. Ce sont les seules personnes qui l’ont su. Je voulais être tranquille et faire mes deux compétitions sans me prendre la tête, sans devoir gérer les réactions d’autres joueuses, des médias ou autres. C’est vrai que ça a simplifié la chose. J’avais l’accord du médecin de la fédération, l’accord médical de ma gynécologue, et c’était le principal. La coach m’a dit qu’elle était très contente pour moi, que cette grossesse ne remettait pas en question ma sélection à l’Euro et aux JO, si tout était bon sur le plan médical.

“J’avais peur que des coéquipières, ou même des adversaires, agissent différemment avec moi sur le terrain, sous prétexte que j’étais enceinte.”

Valériane Ayayi Vukosavljević à franceinfo:sport

Vos coéquipières n’étaient donc pas au courant…

Seules trois d’entre elles étaient dans la confidence. D’ailleurs, il y a eu des moments où on a bien rigolé. Les autres filles savaient que j’avais des projets juste après les Jeux. Mais dès qu’on en parlait, j’esquivais un peu le sujet. À vrai dire, j’avais peur que des coéquipières, ou même des adversaires, agissent différemment avec moi sur le terrain, sous prétexte que j’étais enceinte. Je n’aurais pas trouvé cela super fair-play. Concernant les médias, je ne voulais simplement pas avoir à répondre à des questions autres que sur le basket, sachant que sur le plan médical tout était bien géré. Je ne souhaitais pas que ce soit un évènement dans l’évènement. Nous avions des gros objectifs et pour le bien de l’équipe, c’était mieux comme ça.

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Valériane A. Vukosavljevic

Championne de France

 Vice Championne d’Europe

et Médaillée Olympique

mais ma plus belle médaille se trouvait depuis tout ce temps gardée bien au chaud

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Valériane A. Vukosavljevic

@valeriane_ayayi

Aujourd’hui, il est l’heure pour moi de me reposer, de profiter de cette grossesse avec mon mari et ma famille ! Je reste là, présente autour des terrains. Je vous donne rdv très vite en 2022, de retour sur le parquet et avec comme toujours de gros objectifs

Et personne ne l’a remarqué ?

À cause du Covid, nous ne prenions pas souvent la douche en équipe. Nous rentrions à l’hôtel, et je me douchais seule dans ma salle de bain. Mais parfois, aux JO, nous n’avions pas trop le choix après les matches car la salle n’était pas forcément à côté de l’hôtel. J’essayais alors de le cacher comme je pouvais… avec plus ou moins de réussite. J’ai quand même eu le droit à quelques petites blagues marrantes de la part de mes coéquipières, mais j’ai toujours réussi à m’en sortir en avançant des excuses qui tenaient la route.

Avez-vous modifié, peut-être inconsciemment, votre style de jeu pendant votre grossesse ?

Pas du tout. Je n’y pensais pas, c’était tellement instinctif. Si je devais me mettre devant quelqu’un pour provoquer une faute, je le faisais. Je continuais à plonger sur les ballons lorsqu’il le fallait. Je n’avais pas envie que cette grossesse m’empêche de jouer au basket. Il n’y a pas eu un seul moment sur le terrain où je me suis dit “ne fais pas ce geste là parce que si ça se trouve…“. Jamais. Et je n’ai rien modifié dans ma manière de jouer. Pour mon mari, c’était un peu plus compliqué, sachant que nous étions à distance. Il était plus inquiet. À chaque fin de match, il me rappelait une action où j’étais tombée ou avais bloqué une fille qui arrivait à pleine vitesse. “Tu ne réfléchis pas, fais attention…“. Justement, je lui expliquais que c’était bien mieux que je ne réfléchisse pas, car c’est lorsque l’on y pense que les choses se produisent. J’avais de gros objectifs avec l’équipe. Je ne voulais pas abandonner les filles si j’étais en capacité de donner le meilleur de moi-même.

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Valériane A. Vukosavljevic

Championne de France
Vice Championne d’Europe
et Médaillée Olympiquemais ma plus belle médaille se trouvait depuis tout ce temps gardée bien au chaud

 

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6:30 AM · 11 août 2021

Au final, comment vous êtes-vous sentie physiquement à l’Euro et aux Jeux olympiques de Tokyo ?

Je n’ai raté aucun entraînement. Je me sentais super bien sur le terrain, j’étais en jambes. J’ai joué 20, 25, voire 30 minutes sur certains matches, comme lorsque j’étais en club pendant la saison. Statistiquement parlant, j’ai réalisé le meilleur Euro de l’équipe de France. C’était particulier, mais je n’ai eu aucune appréhension. C’était surtout après les matches où je sentais que je ne réagissais pas de la même façon qu’auparavant. J’avais beaucoup de crampes, d’énormes tiraillements et je ressentais de gros coups de fatigue. Deux jours avant l’Euro, j’ai eu une pubalgie. Ça n’a pas été facile de gérer la douleur, mais le staff a mis en place tout un protocole et des soins qui m’ont bien soulagée. Après, il n’y a jamais rien eu de grave au point de me dire que c’était dangereux pour ma santé. D’un autre côté, j’ai aussi eu l’impression de récupérer beaucoup plus vite de petites blessures qui arrivent souvent et où ça peut habituellement traîner.

On peut dire que la passion a été plus forte que ces petites douleurs ?

Carrément. L’aventure a été folle. Au final, j’ai disputé les playoffs de championnat de France en étant déjà enceinte. Quand on voit qu’on gagne un titre, on en veut d’autres. J’étais à fond, j’ai eu onze filles autour de moi avec qui on a vécu une histoire incroyable. C’était un objectif que j’avais depuis longtemps et j’avais envie de vivre ça avec elles. Mais j’avais vraiment envie de jouer au basket et de vivre tout ça.

Allez-vous avoir des aménagements spécifiques ou des exercices à faire en plus par rapport à votre grossesse en tant que sportive de haut-niveau ?

Ma préparatrice physique m’a dit qu’il n’y a pas grand chose à faire pendant une grossesse. Mais je suis une hyperactive, donc j’ai besoin de bouger. J’ai aussi l’objectif de revenir forte, plus forte que je ne suis partie. Ça va être le moment de travailler sur des aspects que je n’aurais pas pu travailler pendant une saison normale. Je pense que c’est vraiment le bon moment pour continuer à avancer en tant que joueuse. À mes yeux, la grossesse, ce n’est que du bon. C’est une expérience que je pourrai raconter à mon bébé plus tard. La maternité ne me fait pas peur du tout. J’ai hâte de pouvoir concilier les deux, partager les deux, vivre les deux en même temps. Je suis sereine sur le fait que je vais revenir, que je vais travailler. Je sais très bien que dans la vie, il se passe beaucoup de choses et qu’on ne contrôle pas tout. Mais pour l’instant, ce que je peux contrôler, je le contrôle, et le reste, on verra.

Quel message souhaitez-vous faire passer en choisissant de prendre la parole publiquement sur le sujet ?

La grossesse n’est pas une maladie. Elle n’empêche pas de pratiquer son sport. J’ai disputé trois grosses compétitions : les playoffs du championnat de France, l’Euro, ainsi que les JO. Et je vais bien. Après, c’est un choix. Je savais que je voulais avoir un enfant pendant ma carrière. Là, je vais prendre du repos parce que c’est nécessaire et que je pratique un sport où à six mois (de grossesse) je ne peux plus être sur le terrain. Je vais partir à Los Angeles voir mon petit frère (Joël Ayayi) que je n’ai pas vu depuis deux ans. Je vais profiter avec mon mari, mes parents, et mes deux autres frères et soeurs. Je suis heureuse et épanouie. J’ai hâte de me reposer et de profiter pleinement de cette grossesse.

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