C’est un serpent de mer dont ce serait bien passé le président de la Ligue de Football de la Martinique, Samuel Péreau. Depuis 2015  l’autorité locale du football tente d’avoir l’aval de la Fédération Française de Football pour devenir membre à part entière de la FIFA ( Fédération Internationale de Football Association).  Après avoir eu le sentiment d’être mené en bateau par l’ancien président déchu, Noël Legraët, Samuel Péreau, attendait plus de considération, voire plus de compréhension de la part Philippe Diallo, l’actuel président en poste jusqu’en décembre 2024, lors de sa visite le mois dernier. Source d’espoir pour le dirigeant local , ce nouveau visage à la tête de son autorité laissait imaginer un revirement dans cette demande.  Hélas, Il semblerait que la FFF soit adepte du CSC ( du but contre son camp) quand il s’agit du dossier FIFA. Le constat est amer pour Samuel Péreau.

  

Antilla : Quelles étaient vos attentes lors de cette visite?

Samuel Péreau :  Lorsqu’il a annoncé son déplacement, son tour du bassin atlantique, c’est comme cela que nous sommes appelés en ce moment, nous lui avons dit qu’on l’attendait de pied ferme sur 2 sujets  : la situation du football antillo-guyanais peut se résumer en 2 choses. La première c’est que nous subissons un manque d’égalité avec l’Hexagone. A savoir, le plafonnement des compétitions, le fait que les champions de fédéral 1 ne puissent pas accéder au niveau supérieur, ce qui est légitime toutefois, qu’on peut comprendre pour des raisons géographiques, mais nous regrettons l’absence de compensation de cette réalité géographique. Mais aussi les questions liées à la Coupe de France masculine féminine, à la formation des cadres, l’absence de pôle espoir en Martinique et… L’autre sujet c’est la revendication de pouvoir intégrer la FIFA en tant que membre à part entière. Aujourd’hui on a une ébauche de statut de membre associé avec un début de perception de dotation financière. Depuis 2015, c’est à dire 2 ans après notre arrivée en tant que membre de la Concacaf, les ligues antillo-guyanaises  ont demandé l’autorisation de déposer une demande à la FIFA. Depuis 2015, cette demande a toujours été refusée.

 

A:  Avez-vous été entendu?

Très partiellement, Je suis resté sur ma faim. Selon M. Diallo, les choses se font mais à petits pas. Mais ce n’est pas normal qu’au sein d’une Fédération et d’une République vous puissiez vous contenter de petits pas pour rattraper une certains nombre d’inégalités. Surtout quand on sait que les Antilles Guyane sont pourvoyeurs de champions dans de nombreuses disciplines.  J’ai dit à M. Diallo qu’à son arrivée à la tête de la FFF, j’ai personnellement mis des espoirs dans ce nouveau visage. J’ai fondé mes espoirs sur une personne issue de la diversité, je n’ai pas peur de le dire, dans un milieu machiste, souvent sexiste,  et raciste. Il a commencé son périple en Guyane où il a eu un discours assure fermé. Il était sourd en Guyane, et il est arrivé ici, il a été mis devant les réalités par tous les acteurs directs et indirects du football… La France est la seule nation post coloniale a se comporter comme ça toujours avec ses outre-mers. La Fédération ne fait que reproduire peut-être la posture des gouvernements successifs sur cette affaire.

Qu’est ce qu’on nous dit: Non ce n’est pas possible. Votre statut ne le permet pas. Mensonge, triple mensonge. Ça été possible pour Tahiti et la nouvelle Calédonie. Ce n’est pas une question de statut. Il suffit d’avoir la volonté, la posture, de comprendre la situation de ces territoires pour dire je suis d’accord pour qu’ils évoluent vers ce statut. Et après l’instruction va se faire par la FIFA, et on verra si la FIFA accepte.

 

A: Quel intérêt pour la Martinique d’intégrer la FIFA?

1er point , une motivation financière : les fonds ( ndlr : perçus ) sont à hauteur de 2 millions de dollars par an. Cela veut dire que les 211 associations FIFA ont la possibilité de toucher jusqu’à 8 millions de dollars par mandature. Ces fonds sont éligibles à l’amélioration des structures, des terrains, à la formation des cadres, à l’aide à l’emploi etc.. Ne serait ce que cela ça devrait permettre à la Fédération de se dire : moi je n’ai pas les moyens de permettre le développement, même de permettre le rattrapage des retards pris dans ces territoires. Donc cette opportunité qu’ils mettent sur la table, je devrais avoir une autre posture par rapport à ça. Et ne pas faire en sorte de maintenir ces gens là, toujours à genoux, en train de demander quelque euros par ci, quelques euros par là.  Il y a deuxièmement l’aspect sportif. Etre membre de la Fédération internationale, c’est pouvoir participer à toutes les compétitions internationales, dans toutes les catégories d’âge, exactement comme la Nouvelle Calédonie, Curacao, les îles Vierge Britanniques, Porto-Rico etc… qui ne sont pas des pays souverains ou indépendants. Ce sont des territoires autonomes d’anciennes nations coloniales. Si demain, la Martinique, la Guadeloupe peuvent participer à toutes les compétitions possibles, ce sont des opportunités pour nos jeunes. C’est la possibilités de les exposer aux regards du monde entier pour leur donner peut-être des possibilités d’évoluer dans des filières d’excellence du football professionnel. Des garçons, des filles qui pourraient se faire voir.  C’est aussi la possibilité de percevoir des droits télévisés lors des compétitions.

Et la troisième dimension, c’est la représentativité. Un petit territoire s’il a une valeur sportive, il peut se faire reconnaitre dans le monde entier parce que personne ne connaitrait St Kitts et Nevis dans le monde s’il n’y avait pas eu Kim Collins, champion du monde du 100 m. Pour l’attractivité du territoire, des performances sportives peuvent mettre le projecteur sur ces territoires.

 

A : D’ailleurs est-ce possible d‘intégrer la FIFA quand sa fédération de tutelle en fait déjà partie?

Est ce que la Hollande où nous avons été joué le mois dernier est membre de la FIFA , oui et pourtant Curacao est membre de la FIFA. Rien n’empêche demain, si Curacao se qualifie à la Coupe du Monde d’affronter en phase finale la Hollande. C’est une posture de la Fédération Française de Football qui pense que ça va donner des idées politiques séparatistes peut-être à certains. 

 

A : En cas de réponse négative de la Fédération, quelles sont les alternatives?

On a perçu à la fin du séjour de M. Diallo, en Guadeloupe, une évolution dans le discours. Dans une interview il a dit qu’une des solutions pourraient être le statut de membre associé.

 

Thomars Thurar

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