L’école de commerce Essec vient de dévoiler son plan de transformation durable. Tous les cours intégreront désormais les dimensions environnementales et sociétales. Une démarche ambitieuse alors que les grandes écoles à l’instar de Sciences Po et Polytechnique intègrent de plus en plus ses enjeux dans leur cursus, poussés par les étudiants du Réveil écologique notamment. Zoom sur l’évolution de ces trois grandes écoles.

Zoom sur trois grandes écoles qui prennent le chemin de la transition durable.
@ESSEC

Alors que les appels à la relance verte se multiplient, la question de la formation des futurs dirigeants et managers est clé. Fin avril, plusieurs professeurs de grandes écoles (HEC, ESCP Europe, Dauphine, Sciences Po, Kedge) se regroupaient pour demander que “la reconstruction de l”économie” soit “l’occasion d’une révolution managériale qui commence dans l’enseignement supérieur”. Une révolution demandée depuis quelques années maintenant par les étudiants eux-mêmes et qui commence à se voir sur le terrain.

L’ESSEC, UNE TRANSFORMATION DURABLE AMBITIEUSE

C’est un symbole fort. L’Essec vient d’annoncer sa “démarche de transition” avec quelques mois d’avance sur le calendrier prévu. Initiée il y a dix-huit mois, dans une logique de co-construction avec ses parties prenantes, son importance et sa nécessité ont été confirmées par la “crise du Covid-19 qui a largement confirmé les limites du fonctionnement actuel de nos sociétés et renforcé l’impérieuse nécessité de redéfinir nos priorités, nos modèles économiques et nos organisations”, assure l’école de commerce. La démarche vise “à transformer en profondeur l’École dans toutes ses dimensions : enseignement, recherche et vie des campus” via 50 projets mis en œuvre dès la rentrée prochaine.

“C’est une révolution copernicienne pour les contenus car tous les cours vont intégrer les dimensions environnementales et sociétales de la RSE (Responsabilité sociétale des entreprises, ndr), du marketing à la finance”, assure Viviane de Beaufort, professeure à l’ESSEC. Tous les étudiants suivront également un enseignement conséquent sur les enjeux climatiques et des modules spécifiques ont été concoctés avec le cabinet de conseil Carbone4 comme un MOOC “Climat et Entreprises” et une “Sustainability Case Factory” pour produire des cas d’études pédagogiques intégrant les enjeux de durabilité.

L’autre point clé de la réforme passe par la question des profils, souligne la professeure : “il s’agit d’élargir le champ des boursiers mais aussi des personnalités et des codes qui leur sont inculqués et qui doivent être ceux de la responsabilité”, assure-t-elle. Enfin, l’école entend s’appliquer à elle-même les préceptes de durabilité en réduisant son empreinte carbone de 25 % d’ici trois ans, en proposant une alimentation plus locale et saine et en développant les ateliers d’éco-citoyenneté.

SCIENCES PO SE DOTE D’UNE FEUILLE DE ROUTE SUR TROIS ANS

Sciences Po accélère la cadence. Alors qu’au printemps 2019, poussée par les manifestations sur le climat, la célèbre école avait lancé le programme “Climate Action : Make it work” pour faire “face à l’urgence des transformations planétaires”, Sciences Po transforme l’essai. L’école vient de se doter d’une feuille de route sur trois ans avec de nouveaux diplômes sur les enjeux écologiques en Master, la création d’une école d’été pour aborder les enjeux de la recherche en sciences sociales sur l’environnement pour les doctorants ou encore une certification aux enjeux écologiques.

À cela s’ajoutent 10 objectifs pour un campus plus durable allant de la végétalisation des infrastructures au renforcement des achats responsables. Malgré ces annonces, le 20 mai, les associations écologistes des Sciences Po ont appelé leurs écoles à être à la hauteur des enjeux écologiques et sociaux. 10 propositions ont été faites comme la rédaction d’une charte contraignante et commune à tous les Sciences Po ou la création d’un poste de chargée de missions de la transition écologique dans chaque campus. “Les Sciences Po, qui aspirent à former leurs étudiants aux grands enjeux contemporains, doivent prendre en compte les défis environnementaux, sociaux et démocratiques que pose la crise écologique”, appellent les étudiants.

À POLYTECHNIQUE, UN SOCLE DE DÉVELOPPEMENT DURABLE POUR TOUS

Polytechnique a ceci de particulier qu’évolue en son sein une communauté très active d’étudiants ayant rejoint le collectif Pour un réveil écologique. Ils ont donc pesé de tout leur poids dans leur école et ont réussi en juin 2019, à ce que Polytechnique prenne cinq engagements forts, comme la création d’Energy4Climate, un grand centre pluridisciplinaire de recherche sur la transition énergétique. Surtout, l’objectif est désormais que tous les élèves soient dotés à l’issue de leur formation “d’une culture générale environnementale à la hauteur des défis sociétaux”.

L’enjeu pour le président de Polytechnique, Éric Labaye, est d’inscrire le développement durable “comme une priorité de l’École”. Une ambition forte quelque peu ternie par une polémique autour de l’implantation d’un centre de recherche de Total sur le campus de l’école. Les étudiants craignant le lobbying à venir du pétrolier. Ils dénoncent la présence de Patrick Pouyanné, PDG de Total, au sein du conseil d’administration et la promesse de 3,8 millions d’euros du groupe pour financer une chaire de recherche.

Béatrice Héraud, @beatriceheraud et Marina Fabre, @fabre_marina

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