Face à l’élévation du niveau de la mer, la solution, depuis des décennies, est de dresser des digues. Ce choix aboutit inexorablement à un dénivelé croissant entre la mer et la terre. Pour l’auteur de cette tribune, il faut plutôt favoriser « le retour de la mer », soit la restauration de vastes zones humides littorales résilientes et utiles à la biodiversité.
Éric Chaumillon est chercheur en géologie marine à l’université de La Rochelle.
La conséquence inéluctable du réchauffement climatique en cours est une élévation du niveau marin global. Cette dernière est évaluée par deux méthodes indépendantes mais complémentaires : l’altimétrie embarquée sur des satellites, et la marégraphie, en général opérée depuis la côte.
La première est générale et renseigne sur la presque totalité des océans. Elle donne directement le niveau absolu (par rapport au centre de la Terre), mais est relativement récente puisqu’elle date des années 1990. La deuxième méthode est celle des mesures marégraphiques qui sont locales, ne donnent le niveau absolu que si le marégraphe est positionné avec un récepteur GPS fixe de haute précision, mais offrent davantage de recul, puisqu’elles remontent sur plusieurs décennies et jusqu’à 300 ans. Ces mesures convergent vers une valeur très précise de + 3,2 mm/an en moyenne depuis les années 90.
Outre cette convergence, la robustesse de cette valeur tient au fait que l’on sait estimer l’impact de chaque cause de l’élévation du niveau marin de façon indépendante. Or la somme des causes est égale aux mesures d’élévation. Ainsi, pour les 25 dernières années, les glaces de montagne contribuent pour une hausse de 0,6 mm/an et celle des pôles de 1 mm/an. La dilatation thermique des océans contribue à une augmentation de 1,2 mm/an. Les eaux continentales (rivières, fleuves, eaux souterraines) contribuent à une progression de 0,4 mm/an.
Cette accélération de l’élévation du niveau marin n’est pas sans conséquence, puisque la moitié de la population humaine vit sur la bande côtière et qu’une grande partie est installée dans les zones littorales basses les plus vulnérables (estuaires, lagunes et deltas). Face à ce risque, dresser des digues a été depuis des décennies la principale façon de contrer ces effets.
Submersion et érosion des littoraux
Mécaniquement, l’élévation du niveau marin accentue deux aléas majeurs affectant les littoraux : la submersion et l’érosion. Les submersions marines sont déclenchées par des élévations brutales et locales, engendrées par les ouragans et les tsunamis. Elles peuvent atteindre plusieurs mètres par rapport au niveau normal et les inondations côtières qu’elles engendrent sont d’autant plus destructrices que le niveau global de la mer est haut.
Par comparaison avec les côtes rocheuses (80 % des côtes mondiales), les côtes sédimentaires (constituées de galets, graviers, sables et vases, mais aussi de débris de coquilles) sont à la fois les plus dynamiques et vulnérables à la montée de la mer, et concentrent les enjeux. Ces côtes sont classées en fonction des paramètres hydrodynamiques dominants que sont les vagues, les marées ou les fleuves. Parmi elles, les côtes abritées des vagues (estuaires, lagunes et deltas) sont les plus basses et donc les plus vulnérables. On y trouve les grands ports, de nombreuses infrastructures, des ressources agricoles et une forte concentration d’habitants.
Warning: count(): Parameter must be an array or an object that implements Countable in /homepages/39/d698375107/htdocs/backup2311/wp-content/themes/legatus-theme/includes/single/post-tags.php on line 5
Il n'y a aucun commentaire pour le moment, voulez-vous en ajouter un?
Ecrivez un commentaire