L’évolution de la réglementation et la fin de dispositifs financiers dédiés nécessitent une prise de décision rapide sur deux projets importants quant à la gestion des déchets sous nos cieux : une « unité de combustion » dite CSR (Combustibles Solides de Récupération) et un centre de tri dédié aux emballages. Dans l’objectif de définir la « meilleure stratégie de territoire » pour la réalisation desdites infrastructures, Serge Letchimy, le président du Conseil exécutif de la CTM organisait il y a quelques jours une réunion de travail avec les responsables de nos trois communautés d’agglomération – CACEM, CAESM (Espace Sud) et Cap Nord – du SMTVD* et de l’ADEME-Martinique. Explications.

Objectif de cette « unité de combustion CSR » ? Sécuriser l’actuelle « Unité d’Incinération des Ordures Ménagères » (UIOM) et détourner les déchets de l’enfouissement, indiquèrent les parties prenantes. Quant à ce centre de tri des emballages, il fut présenté par les acteurs du projet comme indispensable, afin notamment « d’intégrer les nouveaux flux du territoire liés à une ‘’Extension des Consignes de Tri’’ (ECT). » Premier sujet discuté durant cette réunion de travail, cette unité de combustion CSR (Combustible Solide de Récupération) ; une installation censée permettre de valoriser et produire de l’électricité à partir de déchets non-dangereux et non-recyclables, pour un coût situé entre 60 et 125 millions d’euros. Jean-François Mauro, le directeur de l’ADEME-Martinique, fit dans la pédagogie au sujet de ces CSR. « Ce sont tous les déchets qui font l’objet d’un tri mais qui ne sont pas recyclables », expliqua-t-il, « aujourd’hui le plastique on peut donner lui une ‘’seconde vie’’, mais il y a des matériaux pour lesquels on ne peut pas. La solution ultime c’est soit l’enfouissement, soit le fait de les valoriser énergétiquement, donc produire de l’énergie à partir de ces déchets. Donc une unité de combustion. » Puis le dirigeant de souligner : « Mais cette solution ultime qu’est l’enfouissement n’est plus acceptable d’un point de vue réglementaire et même moral. C’est le sens de l’histoire que de valoriser de la meilleure façon possible nos déchets. Et de faire qu’ils soient considérés comme des ressources, à qui on pourrait donner plusieurs vies. »

Jean-François Mauro, Directeur de l’ADEME

Nous l’avons mentionné, la construction d’un nouveau centre de tri (pour un investissement de 22 millions d’euros) a également fait partie des discussions inhérentes à cette réunion. Pour rappel contextuel, en Martinique ne sont triés qu’une partie des emballages – principalement les plastiques, papiers et cartons – destinés aux fameuses poubelles et bornes jaunes. Mais ‘’demain’’, la quasi-totalité des emballages pourrait être mise dans ces espaces de dépôt ; ce qui pourrait faciliter les gestes de tri des martiniquais.e.s. Cependant, cette « Extension des Consignes de Tri » (ECT) produira un flux supplémentaire d’emballages au centre de tri actuel ; une installation décrite comme étant contrainte, donc ne pouvant faire l’objet d’une extension sur son site actuel. Pour traiter ces nouveaux volumes d’emballages qui arriveront, il faut donc imaginer un centre de tri plus performant, plus grand et sis à un autre endroit. A suivre.

Serge Letchimy, président du Conseil exécutif

Autre réalité contraignante, et a priori non des moindres : les « dates limite » approchent quant au renouvellement et à l’obtention de nouveaux financements, émanant notamment de l’Union Européenne via le FEDER. Concernant la « ligne CSR » par exemple, les Collectivités ont en effet moins de six mois pour réaliser une étude de faisabilité et pour préparer un dossier de candidature. Sans quoi des financements devraient être suspendus. Et concernant le centre de tri, il y aurait une limitation des aides financières après l’année 2025. Il faudra donc faire diligence afin que ce nouveau centre soit construit et qu’il puisse absorber l’augmentation de déchets relative à cette Extension des Consignes de Tri (ECT). Vous avez dit compte à rebours ? Il est néanmoins à noter, en dernier lieu, que les institutions en charge de ce « dossier » global envisagent de demander des dérogations afin de disposer du temps nécessaire pour obtenir les financements indispensables à la réalisation de ces nouvelles infrastructures.

« On a un délai, entre 2024 et 2025, pour réaliser cette unité de tri… » 

« On a une obligation », assura Serge Letchimy médiatiquement à l’issue de cette réunion, « on ne pas partir en perspectives, certes très intéressantes, de modification de la Constitution, mais ne pas démontrer notre capacité à s’occuper du quotidien du peuple, c’est-à-dire de l’eau, de l’électricité, des ordures, etc. Aujourd’hui ce qu’on appelle les ‘’poubelles jaunes’’ sont triées mais il faut absolument amplifier ce tri, c’est très important, et pour faire cela on a des objectifs d’Etat qu’il faut respecter, puisqu’on a un délai, entre 2024 et 2025, pour réaliser cette unité de tri. Là on avance sur des pistes et ce sera concrétisé ou pas par les trois présidents d’EPCI (communautés d’agglomération, ndr). » Le chef de l’exécutif d’ajouter : « Nous avons aussi un sujet un peu plus complexe, à savoir les emballages, les encombrants, une série d’ordures qu’on n’arrive pas à trier, en plus des problèmes de matériaux de construction, etc. Donc là il faut trouver une solution qui implique une incinération. A ce titre il y a plusieurs hypothèses, y compris dans l’unité actuelle d’incinération de Martinique. Mais ça peut être aussi dans d’autres communes, pour construire une nouvelle unité d’incinération. » Un point d’étape, quant à l’avancée des réflexions et propositions des parties prenantes, devrait avoir lieu dans les prochaines semaines.

Mike Irasque

*SMTVD : Syndicat Martiniquais de Traitement et de Valorisation des Déchets.

 

 

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