Dans cet article, dont la 1ere partie est publiée ce jour 03 mai par le jnl “LE MONDE” daté du 4 mai2020, on suit à la trace les efforts, et, bientôt les embuches, des pouvoirs publics de France dans l’hypothèse d’une gravissime épidémie…Aujourd’hui, un “succulent” passage concernant le ministre de la santé de l’époque (Xavier Bertrand) face à un préfet, celui de la Réunion…

LA CITATION:

« Monsieur le ministre on fait quoi ? »

Xavier Bertrand, qui se demandait un peu ce qu’il faisait là, se rappelle de son embarras : « Je me pointe dans une immense salle, il y a cinquante personnes là-dedans, et moi, tout jeune ministre, on me dit : “Monsieur le ministre on fait quoi ?” Je ne suis absolument pas préparé au truc, je comprends que ce n’est pas un jeu, et je me prends ça en pleine figure. » Rude baptême du feu pour le futur secrétaire général de l’UMP.

Ce jour-là, Bertrand commence à prendre la mesure des périls sanitaires qui pèsent sur le pays, à l’image du chikungunya, ce virus dont la progression ne cesse d’inquiéter. Il éprouve aussi la toute-puissance de la haute administration… et son incurie, parfois. « Au moment du chikungunya, je vois que les préfets nous disent que tout est sous contrôle, mais il y a un truc que je ne sens pas… », témoigne-t-il. L’actuel président du conseil régional des Hauts-de-France a en mémoire une réunion de crise, un lundi matin, dans le bureau de François Baroin, alors ministre des outre-mer. Il restitue un échange savoureux au sujet de La Réunion.

Bertrand : « Je vais vous dire un truc, je ne sens absolument pas ce connard de préfet là-bas qui me dit que tout est sous contrôle… ».

Baroin : « Eh, ne parle pas comme ça ! »

Bertrand : « Pourquoi ? ».

A ce moment-là, une voix lance : « Euh… C’est moi, le préfet » !

Xavier Bertrand ne se démonte pas. « Je lui réponds : “Je m’en fous, vos alertes, je ne les sens pas”. D’ailleurs, j’obtiendrai ensuite son départ de La Réunion ». Car le malheureux préfet, Laurent Cayrel, muté dans le Morbihan en juillet 2006, a entre-temps aggravé son cas. « Les scientifiques me disaient : “M. le ministre, c’est pas mortel, personne n’est jamais mort de ça !” », poursuit Bertrand. « Or, un jour, un député me dit : “Tu sais on a un vrai problème sur l’île, on ne trouve plus de corbillards”. Je me dis, comment ça ?, il n’y a pas eu d’accident, alors j’appelle le préfet, je lui dis : “Ça va, tout va bien ?”, lui : “Oui, c’est sous contrôle M. le ministre, tout va bien”. Je lui dis : “Ça vous dérangerait d’aller voir les pompes funèbres de l’île pour voir s’il n’y a pas un problème de corbillards ?”. Il me rappelle une heure après et me dit : “Vous avez raison, on a un problème de corbillards, comment vous l’avez su ?” C’était toujours pas mortel, hein ? Le lendemain, on annonçait les premiers décès… ».

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