L’EDITO

Autonomie versus solidarité, le ton monte entre les parlementaires Polynésiens et le gouvernement !
La question récurrente des engagements de solidarité à l’égard de la Polynésie française est au cœur d’un contentieux qui commence à prendre de l’ampleur entre les parlementaires polynésiens et le gouvernement.
Mardi 24 novembre à l’Assemblée nationale, la députée Maina Sage a ainsi interpellé le gouvernement sur le soutien au tourisme et au transport aérien en observant notamment que la compagnie aérienne Air Tahiti Nui qui a un intérêt stratégique pour le territoire est en concurrence directe avec des compagnies nationales qui ont bénéficié de tous les dispositifs de soutiens de l’état, dont le chômage partiel pour leurs salariés.
Même son de cloche au Sénat jeudi avec la sénatrice Lana Tetuanui qui déclare : « Je ne retrouve pas, à la lecture de ce PLF, les engagements de l’état convenus à l’égard de ma collectivité (…) L’état tiendra-t-il ses engagements ou devons-nous en conclure que nos statuts spécifiques constituent une limite et non le gage d’une confiance réciproque entre l’état et ses collectivités d’Outre-mer ? »
En réponse à Maina Sage, le secrétaire d’état au tourisme, Jean Batiste Lemoyne, a indiqué que Air Tahiti Nui devrait bientôt bénéficier d’un prêt garanti par l’État de 66 millions d’euros et aussi qu’une campagne de promotion de la destination préparée avec Atout France serait bientôt finalisée.
Visiblement plus « remonté » au Sénat vis à vis des propos de Lana Tetuani, le ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu, a commencé par rappeler les mesures de soutien mises en place depuis mars par l’état en Polynésie, « Cette solidarité on y répondra et on a déjà commencé à le faire depuis le mois de mars, aucune raison d’en douter ». Il a aussi déclaré que le nouveau prêt à la Polynésie est suspendu à l’évaluation « du besoin précis et réel de trésorerie » du Pays. Un retour à l’envoyeur en quelque sorte !
Ces questions d’actualité et les réponses gouvernementales pointent en fait le statut d’autonomie de la Polynésie française. Quand Maina Sage demande, sur le chômage partiel, : « Est-il envisageable, durant cette crise exceptionnelle, historique, que le gouvernement reconsidère sa position pour permettre à la Polynésie de bénéficier de cette mesure essentielle à la survie de nos familles ? », le gouvernement répond que sur ce sujet « La compétence est territoriale ». De son coté, même si le ministre des Outre-mer reconnaît que « Il y a une vraie question sur les situations de crise et d’urgence » et s’il propose en conséquence au Sénat de « s’emparer » de cette question, il tempère aussitôt en déclarant que cela implique aussi de travailler sur la question des impôts et taxes payés en Polynésie, qui ne sont pas aujourd’hui dirigés vers l’état.
Pour le gouvernement, le débat sur la solidarité est donc aussi celui de la fiscalité. Il n’est pas sûr que cela rassure les élus mais aussi les entreprises et les polynésiens.La France doit redevenir une nation déclarait le président de la République il y a quelques semaines en invoquant le réapprentissage d’une « nation de citoyens solidaires ». Mais visiblement il y a des limites !
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