C’était le sentiment général du début à la fin de cette foire 2011. En effet, dès le premier jour, le choc visuel était en faveur des Guadeloupéens. Incontournables, car bénéficiant des deux entrées principales! Le visiteur devait donc traverser l’ensemble de leurs stands, avant d’arriver chez les Martiniquais. Enclavés entre la Guadeloupe et la Guyane, consternation, dépit, découragement se lisaient sur les visages. Puis les derniers jours, le succès d’affluence aidant, chacun retrouva les siens. Mais, comme l’affirme le poète, les jours perdus ne se rattrapent jamais. Ne pas avoir réalisé le chiffre des années précédentes ne s’explique pas uniquement par la conjoncture économique. Alors, le sourire tardif de l’exposant ne doit pas être l’arbre masquant la forêt.

Nous avons frôlé le conflit de compétence entre le C.M.T et la Chambre de Métier. Cela devant deux parlementaires, le sénateur Serge Larcher et le député Louis-Joseph Manscour qui avaient fait le déplacement. L’incident fut, heureusement, de courte durée et circonscrit à l’espace officiel. Dès le lendemain, Catherine Conconne, représentant le président du Conseil Régional recadrait les choses. Pour la nouvelle équipe cette première année est un galop d’essai, promesse étant faite d’une année 2012 recadrée et tenant compte des nécessaires mutations dans un monde en pleine recomposition. Très bien. Mais il convient, avant tout, de prendre en compte l’Artisan. Celui qui, par son talent, est l’expression de cette identité, dont nous brandissons le drapeau à toutes les sauces et, sans qui la Foire de Paris ne saurait exister.

LA BALLE EST DANS LE CAMP DE LA CHAMBRE DES MÉTIERS…

Une vraie révolution doit s’opérer dans la tête de l’artisan lui-même mais, en premier lieu, les instances dirigeantes doivent redonner à l’artisanat ses lettres de noblesse en suscitant des vocations et le désir de se dépasser dans l’affirmation de cette fierté identitaire qui nous anime tous. Ensuite, de façon pédagogique, expliquer la différence entre l’expression de son moi intime, conduisant à la création de l’œuvre défiant le temps et la production, certes liée au besoin alimentaire, mais qui est recherchée par le touriste. C’est en effet, la preuve d’heureuses vacances au soleil que l’on brandit lors de soirées d’hivers, face à des amis envieux. Luz Sévérino peintre De Saint-Domingue dont l’une des toiles illustre la page couverture de l’un de mes romans, me disait: « je travaille pour l’Art et pour la descendance, mais aussi pour l’alimentaire, l’alimentaire c’est l’immédiat pour un besoin vital. » La balle est désormais dans notre camp, mais nous devons opérer une nécessaire révolution dans les mentalités à un moment où le message du gouvernement actuel est clair: les caisses de l’Etat sont vides. Nous sommes sommés de générer notre propre richesse. Demande, d’ailleurs, de la gauche martiniquaise tout au long de ces quarante dernières années. La première action de l’élu de la chambre de métier doit être de gommer les séquelles de l’assistanat mis en place par les gouvernements qui se sont succédés, l’une d’elle étant la confusion entre l’artisan de vocation et le chômeur, bombardé artisan. Celui reçoit une carte valable trois ans, qui lui accorde les droits et devoirs d’un artisan. Bien entendu, ce dernier insiste beaucoup sur les droits. Les devoirs… on verra après!

RIEN N’OBLIGE LE CONSEIL RÉGIONAL DE CHOISIRL’ARTISAN HABITANT LA MARTINIQUE.

La vocation de la Foire de Paris est d’être l’une des vitrines permettant de vendre l’image de la Martinique, le tourisme ayant été déclaré secteur clé. Or, le handicap majeur pour l’artisan est le prix des produits amenés dans ses cartons. En outre, la clientèle visée n’a plus la fascination connue, il y a huit dix ans, pour le sorbet coco, par exemple. Les Antillais de Paris, voire le Chinois du coin, se sont accaparés du produit désormais familier. De même que du boudin créole et du punch coco. Du shrub et du bois bandé. Du nougat-pays et du caco-doux, toutes ces choses pour lesquelles les Antillais, ou ceux qui ont résidé aux Antilles, n’hésitaient pas, jadis, à faire des kilomètres en payant sans sourciller. Et, au nom de quoi le président du Conseil régional, ou celui de la chambre des métiers, privilégierait-il une demande d’un Martiniquais de Paris aux produits nettement moins chers, car achetés sur place, plutôt que celle d’un martiniquais vivant en Martinique?

Face à des adversaires, qui se glosent de nos zandolages, il est temps du bon constat d’huissier révélant les questions judicieuses qui, livrées à notre sagacité, nous permettraient enfin de saisir… les bonnes cartes.

Tony DELSHAM.

 

 

 

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