Signature de plusieurs conventions de prêts de financement et de préfinancement en faveur du développement durable 

L’Agence française de développement (AFD) de Fort-de-France, et la Ville ont signé ce mardi 20 décembre 2022 plusieurs conventions de crédit d’un montant total de 9 millions d’euros, première phase de formalisation d’une offre de prêt totalisant 16 millions d’euros. Ces octrois permettront, d’une part, de financer partiellement le programme d’investissement 2022-2024 de la ville et d’autre part, de préfinancer des subventions accordées à trois projets d’envergure : la réhabilitation de l’éclairage public, la sécurisation du Morne Calebasse, et l’aménagement de la forêt Montgérald. C’est une première à double titre, d’abord car c’est le signe de la bonne gestion de la Ville par l’équipe actuelle, parce qu’elle peut à nouveau prétendre à financements, et aussi que cela faisait 11 ans que l’AFD n’avait pas travaillé avec la Ville. Vous trouverez ici les explications de Didier Laguerre, Maire de la Ville et de Nicolas Picchiottino, Directeur de l’AFD…

 


1 – Interview de DIDIER LAGUERRE, Maire de la Ville de Fort de France


Didier Laguerre, Maire de Fort de France et Nicolas Picchiottino, Directeur de l’AFD (Photo Roland Dorival)

Antilla : Monsieur Laguerre, pouvez-vous nous en dire plus ?Aujourd’hui nous avons signés avec l’AFD deux prêts pour un montant  total de 5.000.000 euros pour les investissements 2022 de la ville. C’est un moment important parce que ça fait plus de dix ans que l’AFD n’accompagnait plus financièrement la ville de Fort-de-France. Nous avons travaillé ensemble aux conditions de redressement de la ville, c’est la matérialisation et la concrétisation des efforts qui ont été faits par l’équipe municipale afin de pouvoir avoir une trajectoire vertueuse et nous sommes sur la bonne voie. Cette signature en atteste. Nous allons également signer des conventions pour des préfinancements d’opérations de subventions. Cela veut dire que l’AFD va avancer l’argent des subventions, ce qui permettra d’alimenter la trésorerie des opérations à réaliser :

–  Le projet de réhabilitation de l’éclairage public s’inscrit dans le cadre de la Loi pour la transition énergétique. Il consiste à remplacer plusieurs luminaires et armoires électriques défectueuses par des installations plus performantes et moins énergivores. A terme, l’opération permettra à la commune de réaliser une économie d’énergie de 70 % par rapport à la consommation annuelle actuelle.

Morne Calebasse
  • L’opération de sécurisation du Morne Calebasse intervient à la suite d’un mouvement de terrain qui s’est déclaré en 2011. Il vise à finaliser des travaux qui avaient déjà été entamés les années antérieures, pour éliminer tout risque de glissement et mettre en sécurité la population du quartier Morne Calebasse.
  • Enfin, le dernier projet porte sur l’aménagement de la forêt urbaine de Montgérald. Il participera à sensibiliser le grand public à l’histoire et à la biodiversité du lieu en y introduisant un aménagement restreint et réglementé.

Nous avons 7.000.000 d’euros d’éclairage public à faire en 2023 sur le territoire de la ville, nous aurons fini la première tranche et allons enclencher la seconde pour à peu près 8.000.000 d’euros pour sa finalisation.

Antilla : Vous avez été l’une des villes de ces villes françaises qui a pu s’en sortir avec le COROM ?

Nopus avons monté un plan de redressement en interne pour rééquilibrer le budget de la ville, et avons contractualisé avec l’Etat sur un certain nombre d’objectifs. Nous avons un comité de suivi qui se tient tous les 3-4 mois avec l’ensemble des partenaires de l’Etat et un comité de suivi interministériel qui se tient en juillet et en septembre qui a attesté des bons résultats de la ville, de l’amélioration de notre situation, ce qui nous a permis d’obtenir une subvention exceptionnelle de 2,2 M en fonctionnement pour contribuer à l’amélioration de la situation de la ville. Nous sommes sur une trajectoire de redressement qui se poursuit et qui avance bien. Nous sommes d’ailleurs un peu en avance par rapport à nos objectifs initiaux. Ça nous permettra de mieux agir au bénéfice des foyalaises et des foyalais.

Antilla : Que souhaiteriez-vous aux foyalais et aux martiniquais pour fin 2022 et pour l’année 2023 ?

Je souhaite déjà de bonnes fêtes de fin d’année aux martiniquaises et aux martiniquais, aux foylaises et aux foyalais. Que ces fêtes permettent de se ressourcer en famille, entre amis, avec ceux que nous aimons et que nous apprécions et que ces moments de fête nous permettent de redémarrer l’année 2023 avec un moral regonflé à bloc et avec une volonté farouche d’affronter les difficultés qui se présenteront. Je ferai mes vœux aux martiniquaises et aux martiniquais en 2023.

 


1 – Interview de NICOLAS PICCHIOTTINO, Directeur de l’AFD Martinique


Dans le cadre de son mandat, l’AFD soutient les actions des collectivités afin de promouvoir le développement durable sur les territoires. C’est en ce sens qu’elle accompagne la ville de Fort-de-France pour favoriser l’émergence d’opérations indispensables à l’amélioration du quotidien des habitants, à la valorisation de la biodiversité, et à la protection de l’environnement. L’interview de son directeur Nicolas Picchiottino.

Antilla : Nous avons eu à couvrir plusieurs manifestations AFD qui, apparemment est un acteur incontournable notamment pour les mairies en matière d’investissement, pouvez-vous nous le confirmer et nous dire ce qui se passe aujourd’hui ?

L’Agence française de développement est partenaire de 30 des 34 communes de la Martinique et cette année nous avons réalisé 9 partenariats financiers avec des communes. Il est important que l’Agence française de développement puisse continuer à accompagner les investissements des communes puisqu’on connait leur situation financière dégradée. Pour autant, il faut répondre à des besoins importants pour les citoyens de la Martinique et en l’occurrence des besoins qui sont portés par les municipalités.

“Il est important que l’Agence française de développement puisse continuer à accompagner les investissements des communes “

Si on prend l’exemple de Fort-de-France aujourd’hui on pourrait dire que vous êtes la solution adéquate afin de soulager la ville financièrement pour lui permettre de faire les différents investissements nécessaires à l’amélioration des foyalais ?

Pour Fort-de-France, il s’agit d’une situation un peu particulière. Je considère que cette signature est la plus symbolique de l’année 2022. Fort-de-France – dont vous connaissez la situation financière depuis longtemps, on en parle toujours de façon négative – a fait des efforts extrêmement important ces dernières années. Ceux-ci ont été matérialisés par la signature d’un contrat de redressement outre-mer, le COROM qui a été signé entre la Ville et l’Etat, dans lequel la ville s’engageait à faire des efforts pour redresser sa situation financière. C’est ce qui a été fait, cela a été unanimement salué à la fois en local, mais je tiens à le signaler, au national où Fort-de-France a été vraiment mis en avant ; 11 communes ultramarines bénéficient du COROM ; Fort-de-France a été mis en avant parmi ces communes et la conséquence de ces efforts financiers et de ces efforts de redressement, c’est que, ils sont en capacité de signer des prêts avec l’Agence française de développement. Ces prêts sont d’une importance aussi extrême pour l’AFD parce qu’ils touchent à tout ce qui concerne l’adaptation  et l’atténuation au changement climatique.

Par exemple le plan Lumière ; c’est 70% d’économie d’énergie en remplaçant les ampoules par des Led, en mettant des armoires intelligentes et un investissement qui est rentabilisé en cinq ans. Il y a ensuite la préservation de la biodiversité de la forêt de Montgéralde et enfin, un projet qui est attendu depuis très longtemps par les foyalaises et les foyalais, c’est la réhabilitation du quartier Morne Calebasse qui avait été victime de  glissements de terrain.

Antilla : Trois projets donc pour la ville de Fort-de-France et les foyalais qui vont plus vers le développement durable ? C’est ce que prône l’AFD, c’est l’une de vos valeurs.

Tout à fait, c’est le rôle de l’Agence française de développement qui nous a été confié par l’Etat, notre mandat, mettre en œuvre les dix-sept objectifs de développement durable. En l’occurrence, nous sommes en plein dedans et c’est encore plus symbolique puisque cela faisait onze ans que l’AFD n’avait pas travaillé avec la ville de Fort-de-France. Je suis extrêmement heureux de l’engagement de toute l’équipe municipale et en particulier, bien entendu, un grand coup de chapeau à son maire Didier Laguerre qui a fait des efforts incroyables pour redresser la barre et qui donne ce jour qui est un très beau jour pour les foyalaises et les foyalais.

Ce qui est important c’est de croire en la Martinique”

Antilla : Que pourriez-vous dire à nos lecteurs et quels sont vos vœux pour l’AFD dans les années suivantes et surtout en 2023 ?

Je pense que ce qui est important c’est de croire en la Martinique, qu’on arrive à démontrer ensemble que la Martinique peut avancer lorsque l’ensemble des contreparties décide d’agir ensemble pour le bien commun. C’est vraiment le message à garder de cette année 2022 qui est une année de reprise, il ne faut pas l’oublier, nous avons vécu deux ans, 2020 et 2021 très compliqués, qui ont été marqués par la crise Covid. Nous sentons une reprise, il y a une certaine effervescence dans la vie martiniquaise et c’est très agréable. C’est un message d’espoir parce que je pense que les volontés sont là et les envies de faire mieux pour la Martinique sont là ; notre rôle à l’Agence française de développement c’est d’accompagner ces volontés, c’est d’accompagner ces envies, c’est d’accompagner ces projets, c’est ce qu’on va continuer à faire.

Pour 2023 si j’ai un vœu à formuler, c’est qu’on aille encore plus loin sur la transition écologique de la Martinique qui est portée à tous les niveaux, en particulier au niveau de la CTM par son président, par son conseiller exécutif David Zobda, mais aussi au niveau des EPCI et des municipalités. Je sens un vrai changement dans cette approche et je souhaite vraiment que l’on accélère sur cette transition écologique dont on a besoin de façon très très forte.

Propos recueillis par Philippe PIED

 

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