Le 11 octobre, le Conseil économique, social et environnemental (CESE) a pris une initiative cruciale pour l’amélioration du pouvoir d’achat dans les régions d’Outre-mer françaises en votant en séance plénière un avis intitulé « 10 Préconisations pour le pouvoir d’achat en outre-mer ». Face à une situation socio-économique préoccupante, marquée par la cherté de la vie et des revenus insuffisants, le CESE propose une série de mesures concrètes destinées à atténuer les difficultés rencontrées par les habitants de ces territoires. Cet article examine en détail les recommandations du CESE et leur importance pour l’amélioration du bien-être économique des résidents des Outre-mer.

Des défis majeurs pour le pouvoir d’achat en Outre-mer

La problématique du pouvoir d’achat demeure l’une des sources majeures de tension sociale dans les régions d’Outre-mer françaises. Cette situation est aggravée par la cherté de la vie et la faiblesse des revenus, principalement attribuables au chômage, ce qui génère un profond sentiment d’injustice. Près de 900 000 personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté en Outre-mer, et les écarts de prix par rapport à la métropole ne cessent de se creuser, atteignant 10 à 15 % dans les Départements et Régions d’Outre-mer (DROM), et jusqu’à 30 à 40 % en Polynésie et Nouvelle-Calédonie, en particulier sur les produits alimentaires, qui représentent une part significative des dépenses des ménages. Cette situation pousse 55 % des ultramarins à renoncer fréquemment à des dépenses essentielles pour leur survie.

Le CESE a ainsi identifié la crise du pouvoir d’achat comme étant le résultat de divers facteurs, notamment la faiblesse des productions locales, la taille réduite des marchés locaux, la concentration des principaux importateurs et distributeurs, les surcoûts liés aux importations, le manque d’emplois locaux et les bas revenus, ainsi que la fiscalité locale basée sur les importations. Face à ces défis, le CESE a formulé dix recommandations concrètes visant à résoudre rapidement ces problèmes préoccupants.

Les 10 préconisations du CESE pour l’amélioration du pouvoir d’achat en Outre-mer

  1. Aide alimentaire et sociale : Le CESE préconise la mise à disposition de “chèques” par les Centres communaux d’action sociale pour les foyers les plus modestes, couvrant les besoins essentiels tels que l’aide alimentaire, l’énergie, le transport, l’eau et le logement. Il encourage également le ministère des Outre-mer à garantir un financement pérenne adéquat pour ces aides.
  2. Adaptation des conventions collectives : Le CESE recommande l’application en Outre-mer de l’ensemble des accords nationaux et des conventions collectives antérieurs à 2017, avec des ajustements pour répondre aux spécificités locales, en collaboration avec les représentants des employeurs et des syndicats.
  3. Majoration de la prime d’activité : Pour tenir compte des bas revenus et de la faiblesse des conventions collectives, le CESE préconise une majoration de la prime d’activité versée par les Caisses d’allocations familiales.
  4. Enquête spatiale des prix : L’INSEE est invité à réaliser une enquête spatiale des prix tous les trois ans au lieu de tous les cinq à sept ans, et à recevoir des données de caisse des distributeurs en continu, comme c’est le cas en France métropolitaine.
  5. Renforcement de la concurrence : Le CESE suggère un renforcement des moyens de contrôle de la concurrence dans la distribution, le fret, le transport aérien et les communications en Outre-mer, ainsi que la pérennisation de la mission du délégué interministériel à la concurrence.
  6. Application numérique de comparaison des prix : Les Observatoires des prix, des marges et des revenus sont encouragés à développer des applications numériques de comparaison des prix pratiqués par les commerces, en mettant l’accent sur les produits du Bouclier qualité prix.
  7. Soutien à la diversification agricole : Le CESE recommande de flécher les crédits destinés à la diversification agricole vers les organisateurs de producteurs pour développer des filières alimentaires locales.
  8. Dérogation aux normes françaises et européennes : Une dérogation aux normes françaises et européennes est préconisée pour adapter les besoins des territoires, accompagnée de taxes réduites sur les produits n’entrant pas en concurrence avec les productions locales.
  9. Réforme de l’octroi de mer : Le CESE suggère d’élargir l’assiette de l’octroi de mer à tous les biens et services, de simplifier les taux et de maintenir un différentiel de taux entre produits locaux et importés.
  10. États généraux du coût de la vie : Le CESE demande la tenue d’États généraux du coût de la vie et du pouvoir d’achat dans chaque territoire, en associant les CESER et les citoyens ultramarins à la réflexion.

Ces dix recommandations sont le fruit d’une réflexion approfondie du CESE et visent à apporter des solutions concrètes à la problématique persistante du pouvoir d’achat en Outre-mer. Elles représentent un pas significatif vers l’amélioration des conditions de vie des populations ultramarines.

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