BRIDGETOWN, Barbade (CMC) – La crise du coronavirus (COVID-19) a révélé les vulnérabilités des économies de Saint-Vincent-et-les Grenadines, de la Barbade, de Sainte-Lucie et d’autres petits pays des Caraïbes dépendants du tourisme.

Ces économies doivent généralement faire face à une disponibilité limitée de terres arables, des populations petites et souvent dispersées, des environnements naturels fragiles, une dépendance à l’importation d’énergie, une vulnérabilité extrême au changement climatique et aux catastrophes naturelles, ainsi que des taux élevés de maladies liées à l’alimentation. Ces dernières années, ces pays ont également connu des niveaux élevés de dette extérieure et intérieure.

La grave situation de ces petites économies s’est encore aggravée avec la récente éruption du volcan La Soufrière à Saint-Vincent-et-les Grenadines. L’éruption du 9 avril à 8h41 a libéré une colonne de cendres qui a dérivé vers l’océan Atlantique. Depuis lors, les éruptions ultérieures ont continué d’aggraver la situation.

Environ 20 000 personnes à St Vincent ont dû être évacuées et ne pourront pas rentrer chez elles pendant au moins trois ou quatre mois. Il y a eu une interruption de l’approvisionnement en eau potable dans la majeure partie de l’île et la présence de fumée et de cendres a forcé la fermeture de l’espace aérien.

Cette catastrophe a de multiples implications pour St Vincent, d’un point de vue économique, sanitaire, social et sécuritaire. Le phénomène naturel a un effet particulièrement néfaste sur l’agriculture, car les agriculteurs de la zone touchée ont dû être évacués, abandonnant leurs récoltes et laissant leurs animaux sans surveillance. La baisse de la production agricole à court terme sera sévère.

Depuis les années 50, l’économie de Saint-Vincent-et-les Grenadines repose sur l’agriculture, principalement la production de bananes. Ces derniers temps, le tourisme, l’industrie et les services financiers sont devenus des secteurs importants de l’économie.

Les revenus réguliers générés par les exportations de bananes ont alimenté la croissance économique des années 80 et du début des années 90. Cependant, étant donné que la culture est vulnérable aux ouragans, à la sécheresse et aux ravageurs, elle a surmonté de sérieux défis.

Récemment, le pays a visé la diversification agricole et aujourd’hui St Vincent exporte une grande variété de fruits et légumes au Royaume-Uni et du bétail vers le marché des Caraïbes. L’industrie de la pêche génère également des revenus importants.

L’éruption du volcan aggravera la situation des économies dépendantes du tourisme des Caraïbes orientales, étant donné que ses effets se sont étendus à la Barbade, à Sainte-Lucie et à d’autres îles voisines.

L’agriculture dans la plupart de ces pays a été affectée négativement par la chute des cendres. Ce scénario préfigure une réduction encore plus importante du tourisme et des défis systémiques redoutables pour la sécurité alimentaire régionale provoqués et aggravés respectivement par la pandémie COVID-19.

Les pays des Caraïbes sont également extrêmement vulnérables aux catastrophes naturelles. Les ouragans sont courants dans la région – le passage des ouragans Irma et Maria en 2017 et Dorian en 2019 en est un rappel brutal.

Par conséquent, il est important que les pays se préparent à faire face à des événements similaires potentiels en 2021. Dans les Caraïbes, un seul ouragan peut anéantir le PIB annuel d’une petite île, les pauvres en prenant souvent le coup le plus dur. Des mesures préventives doivent être mises en œuvre pour protéger la vie et les revenus des personnes.

Dans le contexte de l’éruption du volcan, de la pandémie et d’une saison cyclonique imminente de juin à novembre, il y a une opportunité de repositionner le secteur agroalimentaire de St Vincent et les Grenadines. La première étape consiste à consolider le rôle stratégique du secteur agricole des Caraïbes pour garantir la sécurité alimentaire, créer des emplois et lutter contre la forte incidence des maladies chroniques non transmissibles.

Le moment est venu de s’engager dans un travail conjoint et collaboratif basé sur la politique régionale de sécurité alimentaire et nutritionnelle approuvée en 2010 et le plan d’action régional pour la sécurité alimentaire et nutritionnelle 2012-2026, et en réponse à l’appel à créer un plan alimentaire pour les Caraïbes et un Fonds de développement de la sécurité alimentaire des Caraïbes.

Ce n’est pas par hasard que, lors du sommet de la Communauté des Caraïbes (CARICOM) en février 2020, le Premier ministre de la Barbade, Mia Amor Mottley, alors présidente de l’organisation régionale, a affirmé que la sécurité alimentaire est un enjeu clé pour la région et a invité le secteur privé. de soumettre des propositions visant à réduire les importations alimentaires de 25 pour cent d’ici 2025.

L’approfondissement de l’intégration régionale au moyen d’un marché unique et commun et d’une union économique serait des piliers essentiels de la reconstruction économique. Par conséquent, le Plan alimentaire pour les Caraïbes doit favoriser des actions conjointes visant à tirer parti des avantages comparatifs nationaux tels que la terre, l’eau et les marchés, ainsi que favoriser des partenariats stratégiques entre les gouvernements et le secteur privé.

Les actions qui permettraient de repositionner l’agriculture des Caraïbes comprennent la réduction de la dépendance vis-à-vis des importations agroalimentaires extrarégionales; le renforcement des liens entre les secteurs de l’agroalimentaire, du tourisme et de la santé; l’établissement de partenariats public-privé dans la production et la transformation des aliments locaux; mettre en œuvre des technologies intelligentes face au climat; transition vers l’agriculture numérique; sensibiliser les sociétés caribéennes à l’importance de la production et de la consommation d’aliments sains; et la mise en œuvre de la politique régionale de sécurité alimentaire et nutritionnelle approuvée en 2010.

La mise en œuvre de ce programme exigera une coordination entre les agences nationales, régionales et internationales. L’Institut interaméricain de coopération pour l’agriculture (IICA) est prêt à servir de pont pour la coopération et de force unificatrice dans ce vaste partenariat, travaillant aux côtés de partenaires nationaux et internationaux pour jeter les bases d’un «nouveau» secteur agricole à Saint-Vincent-et-les Grenadines et, par extension, dans l’ensemble de la région des Caraïbes.

L’IICA exprime sa solidarité au gouvernement et au peuple de Saint-Vincent-et-les Grenadines et de toutes les nations des Caraïbes, réaffirmant son engagement à aligner ses forces et à œuvrer pour une agriculture plus durable, diversifiée et résiliente.

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