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Mercredi 22 septembre 2021
Le temps du vivre-ensemble : la chanson qui fait polémique
Guillaume de Reynal et Eric Virgal lors de l’enregistrement de la chanson “Le temps de vivre ensemble” – sortir@agmedias.fr

 

La chanson « Le temps du vivre-ensemble » enflamme les réseaux sociaux. Son clip tend même à disparaître des sites. Pourquoi ? Les paroles modifiées d’un poème d’Aimé Césaire et parce qu’elle a été produite par Guillaume de Reynal, celui là-même qui avait publié un message jugé raciste sur sa page Facebook en février 2009.

 

Une vingtaine d’artistes martiniquais ont pris part à ce projet musical initié par Guillaume de Reynal. Ce dernier a créé une association « Construire notre Vivre-Ensemble » qui a pour objectif de rassembler les différentes composantes de la population martiniquaise pour un “demain-tous-unis”. L’association, qui veut frapper un grand coup, se dit qu’elle devrait faire une chanson qui en appelle à la fraternité entre tous les Martiniquais.

Guillaume de Reynal, président de l’association, en est le producteur. Il se rapproche alors de la société de production de disques Chabine prod et de l’artiste, Eric Virgal. Tout se passe bien – très bien même – jusqu’à la diffusion sur les réseaux sociaux du clip qui démarre avec Eric Virgal qui serre la main de Guillaume de Reynal.

Les réseaux, qui ont la mémoire longue, se rappellent alors des propos jugés racistes que Guillaume de Reynal avait publiés en 2009 sur sa page Facebook lors de la grève de février.

Les internautes mettent alors le feu aux poudres. Et les interprètes de la chanson sont montrés du doigt pour avoir « travaillé avec un béké raciste».

Mais pas seulement. Les paroles font référence à un poème d’Aimé Césaire « malmené » par l’auteur de la chanson, Eric Virgal.

Là aussi les réseaux sociaux se sont enflammés, qualifiant le morceau de « honteux ».

Guillaume de Reynal se dit attristé par cette situation mais « pas en colère ». « Je sais que ma présence dans ce projet semble déranger. J’ai toujours eu l’habitude de communiquer mes pensées et, c’est vrai que j’ai, par le passé, fait quelques erreurs de communication et tenu des propos qui ont dépassé ma pensée. Des propos particulièrement mal interprétés dans la période des manifestations en février 2009 ».

 « Coup de foudre avec Eric Virgal »

L’homme avance qu’il traversait à ce moment-là « une période difficile avec le décès de (s)on père ». Mais il avoue avoir posté « un message douloureux, repris sur certains sites comme étant contre les militants ».

Depuis il s’en est excusé. « Même plusieurs fois et, je le fais aujourd’hui encore. Mais je le redis : je ne ne suis pas l’ennemi du combat des afro-descendants qui veulent trouver (et punir) ceux qui ont empoisonné les terres martiniquaises et le peuple martiniquais».

Dans un long communiqué adressé aux médias, Guillaume de Reynal explique qu’un homme évolue tout au long de sa vie. Celui qui dit “aimer la Martinique plus que tout” et “vouloir la protéger”, avoue ne pas toujours avoir été un bon communiquant, “ce qui a desservi (s)a cause, (s)on militantisme pour une Martinique performante tous ensemble”. “J’ai toujours pensé que la violence verbale et physique n’était pas une solution. Selon moi, la solution est dans la voie de l’amour, de la connaissance et du respect les uns des autres”.

L’homme insiste sur la nouvelle mission qu’il a accepté de suivre en devenant président, celle de rassembler tous les Martiniquais , et de préciser que l’association comprend «15 membres et un seul est béké…»

Guillaume de Reynal parle aussi de sa rencontre avec Eric Virgal, «un coup de foudre». «  Il a immédiatement compris l’enjeu du projet engagé et non politique : juste un pas vers la réconciliation de toutes les communautés martiniquaises. »

Le président  de l’association ne voit pas ce projet comme “une réponse ou solution ultime dans le rapport entre afro-descendants et békés”, mais comme “une démarche artistique parallèle, au combat nécessaire pour la réparation et, le dédommagement”. “C’est probablement une utopie de penser qu’aujourd’hui, ce jour de réconciliation est arrivé. Mais à travers ce titre, nous l’appelons simplement de nos vœux, même si l’issue semble à court terme impossible. Notre chanson est une petite pierre à l’édifice général. Elle contribue à poursuivre une discussion déjà entamée…”

 

“Le temps du vivre-ensemble” par l’association Vivre-Ensemble avec la participation de : Eric Virgal, Philippe Joseph, Dédé Saint-Prix, Cindy Marthély, Christiane Vallejo, Pipo Gertrude, Jean-Luc Guanel, Stony, Naamix.

* Stony a posté sur les réseaux sociaux son désengagement : “Je me désengage totalement de ce projet qui ne m’a pas été présenté de cette façon. Mais comme un projet de solidarité entre nous. N’ayant reçu ni clip ni chanson, je découvre les choses comme vous”. Dédé Saint-Prix et Moreen se désengagent aussi.

“On ne se désolidarise pas !”

“Je suis assez surpris de l’accueil réservé au titre car au départ, c’est une chanson pacifiste. Beaucoup de critiques se font non pas sur le fond mais, sur la forme. La forme est toujours subjective… Je peux comprendre certaines critiques car tout homme est faillible et des erreurs ont pu être faites en termes de communication et de gestion. Mais le fond de ce projet-ci reste honnête et pacifiste. Et les artistes ont adhéré car ça l’était. Je n’aime pas que l’on juge des artistes qui ont eu une démarche honnête ! Je trouve que ça fait partie d’un système d’intolérance. Guillaume de Reynal s’est excusé, mais on ne lui laisse pas le choix de s’excuser. Chez, nous, il est venu, il s’est excusé et on a compris. Alors, non : on ne se désolidarise pas. Pourquoi le ferait-on ? ”

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