Alors que la levée des restrictions sanitaires permet au tourisme de revivre après deux années difficiles, il est plus que jamais nécessaire de ne pas “repartir comme avant” et d’orienter le secteur vers un modèle plus durable. Le tourisme génère en effet des dégâts considérables sur l’environnement et Emmanuel Macron appelle à développer une “stratégie de tourisme vert”.


Le tourisme génère des pressions sur l’environnement.

Novethic

Avec 89,3 millions de touristes avant la pandémie, la France est historiquement la première destination touristique du monde. C’est aussi un pilier économique qui représente plus de 7 % du PIB du pays. Mais ce secteur génère de graves pressions sur l’environnement. La pause forcée du tourisme avec le Covid-19 pousse ainsi la France à revoir sa partition. Le 2 juin, lors de la présentation du “plan de reconquête” pour le tourisme, le Président de la République, Emmanuel Macron, a estimé qu’il fallait “valoriser pleinement notre patrimoine”, “avoir une stratégie de tourisme vert, tourisme patrimonial et d’investir là aussi pour mettre en valeur notre patrimoine naturel et architectural”.

 

Si le gouvernement n’a pas encore dévoilé l’enveloppe qui sera dédiée au secteur, le chef de l’État a insisté sur la nécessité de “réinvention du modèle”. Le tourisme représente aujourd’hui 11 % des émissions de gaz à effet de serre de la France. “La crise sanitaire que nous traversons a certes freiné brutalement l’activité tourisme mais en parallèle, elle a aussi permis un coup d’accélérateur dans la dynamique de la transformation de ce secteur pour mieux répondre aux nouvelles aspirations de voyage des touristes et revisiter les modèles de développement des acteurs économiques”, note Arnaud Leroy, président de l’Agence de la transition écologique (Ademe), dans un nouveau rapport qui évalue les émissions de gaz à effet de serre du tourisme en France.

Le transport, principal coupable

Élaborée avec le cabinet Carbone 4, cette étude permet ainsi de dresser un bilan du poids environnemental du tourisme pour mieux le réorienter. On apprend ainsi que le secteur génère 118 millions de tonnes d’équivalents CO2 chaque année – avant la pandémie – soit l’équivalent des émissions annuelles de 11 millions de Français. Les trois quarts de ces émissions sont liées au transport, et 41 % sont exclusivement générées par l’avion. “Un visiteur venant de l’étranger émet quatre fois plus de GES par nuitée qu’un visiteur venant de France métropolitaine, notamment en raison des émissions induites par le transport : les visiteurs venant de l’étranger parcourent des distances plus importantes et majoritairement en avion pour les visiteurs extra-européens”,expliquent les auteurs de l’étude.

D’autres secteurs sont aussi émetteurs comme l’hébergement, les achats de bien touristiques ou encore la restauration, mais à une échelle bien moins importante. Reste que pour respecter l’objectif de neutralité carbone que s’est fixé la France, ce sont les leviers de chaque poste émetteur qu’il faut actionner. L’Ademe et Carbone 4 ont ainsi dressé quelques pistes d’actions autour de trois grands axes : la sobriété, l’efficacité énergétique, et la diminution de l’intensité carbone par unité d’énergie.

Se réinventer par le tourisme de proximité

Les deux acteurs proposent ainsi de promouvoir le tourisme de proximité auprès des touristes français en mettant par exemple en place des incitations financières avec des chèques vacances à consommer sur le territoire. Ils soumettent également l’idée de développer le covoiturage, l’offre ferroviaire ou le vélo. Pour inciter les touristes à privilégier ces modes de transports, l’Ademe et Carbone 4 tablent sur des incitations douces comme l’affichage des émissions de GES des trajets, des calculateurs carbones, etc. Côté hébergement, qui représente 7 % des émissions de GES du tourisme, il s’agirait de miser sur la rénovation énergétique en mettant davantage en lumière ces propositions de tourisme durable dans les guides, les plateformes, les offices de tourisme etc.

En attendant que des mesures concrètes soient prises, la réflexion est lancée. À Paris se tiennent à partir du 1er juillet les Assises du tourisme durable. “Au moment où les espoirs d’un retour à la vie d’avant se précisent, où les mobilités touristiques reprennent, où les réservations pour l’été affluent, il est plus que jamais nécessaire de faire en sorte que l’on ne reparte pas comme si rien ne s’était passé”, alerte dans une tribune Rémy Knafou, professeur émérite à l’université Paris I-Panthéon Sorbonne.

Marina Fabre, @fabre_marina

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