Riche de notre histoire, bâtissons l’avenir !

Le 11 juillet dernier, l’Institut Martiniquais du Sport (IMS) à Mangot Vulcin a accueilli une conférence-débat intitulée « Les grands chantiers de la Martinique vus par des Bâtisseurs ». Cet événement, organisé à l’initiative du magazine trimestriel Bâtisseurs, dédié aux secteurs de la construction durable, du logement, des travaux publics et du BTP en Guadeloupe, Guyane et Martinique, a rassemblé professionnels et passionnés pour échanger sur les enjeux et les réussites de la construction en Martinique.

Animée par la journaliste et autrice Barbara Jean-Elie, cette rencontre qui s’est terminée par un cocktail dînatoire*, véritable occasion de rencontres et de convivialité,  à permit à différents acteurs et historiens de la construction en Martinique de s’exprimer sur l’état des lieux du secteur du BTP et ses perspectives d’avenir.

L’objectif principal de cet échange était de motiver les jeunes générations à s’engager dans ces métiers d’avenir, en leur faisant découvrir, par des exemples concrets, les réalités géographiques, humaines et techniques des grandes réalisations. L’approche historique et prospective a permis de parcourir les problématiques du développement -durable- sur l’île, ses défis et ses solutions, du réseau routier à la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie de la CTM, de l’expertise en construction (Société Anco) à la pérennisation des ressources humaines (Samir), en passant par les défis du raccordement électrique (SMEM).

Une histoire de routes et d’infrastructures

Gérard Théodose et Yves-Marcelle Richer

À l’arrivée des premiers colons en 1635, il n’y avait ni routes ni chemins. Le gouverneur Blénac a établi la première trame du réseau routier.

Gérard Théodose et Yves-Marcelle Richer

Gérard Théodose et Yves-Marcelle Richer, co-auteurs de « Routes et ouvrages d’art à la Martinique : un défi permanent de 1635 à nos jours », ont ouvert la conférence en expliquant comment la Martinique a surmonté les défis de la construction et de la modernisation de ses infrastructures routières. Ils ont retracé les étapes majeures du développement du réseau routier de l’île. À l’arrivée des premiers colons, les déplacements étaient extrêmement difficiles et dangereux. Il fallait plusieurs heures pour traverser l’île à cheval, et les routes étaient souvent impraticables en raison des conditions météorologiques. Les routes royales, appelées ensuite routes coloniales puis routes nationales, ont évolué au fil des siècles, chaque étape marquant une avancée significative.

En 1951, les routes coloniales sont devenues nationales, et la construction et l’entretien des routes sont devenus une affaire d’État. Ce n’est qu’en 2003, après les lois de décentralisation, que le réseau routier est passé sous la compétence du Conseil Régional de la Martinique. Aujourd’hui, la Martinique dispose d’un réseau routier de 357 km, comprenant des routes nationales, départementales et communales. Cependant, le défi de la saturation des grands axes reste à relever. Les intervenants ont souligné l’importance de solutions multimodales, telles que le TCSP (Transport Collectif en Site Propre), pour désengorger les routes et offrir des alternatives de transport efficaces et durables.

Le contrôle des grands chantiers

Didier Deris

L’innovation est la clé pour bâtir durablement dans un environnement aussi exigeant que la Martinique.

Didier Déris

Didier Deris, Président Directeur Général de la Société ANCO, a partagé ses 44 années d’expérience dans la construction et le contrôle des grands chantiers en Martinique. La loi Spinetta de 1978, qui impose des assurances pour les constructeurs, a rendu le contrôle des constructions primordial. Anco se spécialise dans le contrôle de la solidité des constructions, notamment vis-à-vis des risques sismiques et cycloniques. Didier Deris a souligné l’importance de l’innovation et de l’adaptation aux conditions locales, en mentionnant les défis particuliers posés par les ouragans et les tremblements de terre.

La mission d’Anco est de garantir la conformité des équipements, des travaux et des installations avec les nombreuses réglementations en vigueur. L’entreprise intervient dès la conception des projets pour s’assurer que les techniques et matériaux utilisés répondent aux normes les plus strictes. Anco a participé à des projets colossaux comme le lycée Schœlcher, construit sur isolateurs pour résister aux secousses sismiques, et la tour Lumina, un symbole de modernité et de résistance face aux éléments. Ces projets illustrent l’importance de l’expertise locale dans la réalisation de grands chantiers. L’entreprise est également impliquée dans la réfection de la cathédrale et d’autres édifices historiques, démontrant ainsi son rôle crucial dans la préservation du patrimoine architectural de l’île.

La pérennisation des ressources humaines

Alex Dormoy

« Transmettre notre savoir-faire est essentiel pour la pérennité de notre industrie. »

Alex Dormoy, Pdg de SAMIR

Alex Dormoy, dirigeant de l’entreprise SAMIR, spécialisée dans la miroiterie et la menuiserie aluminium et PVC, a insisté sur l’importance des ressources humaines dans la construction en Martinique. L’entreprise Samir, avec plus de 55 ans d’existence, se consacre à la formation continue de son personnel. Aujourd’hui, 43% de leur personnel a moins de 45 ans, ce qui montre un succès dans la transmission du savoir-faire. Dormoy a mis en lumière les défis de maintenir un niveau élevé de compétence et de savoir-faire, malgré le départ à la retraite de nombreux employés expérimentés.

Cependant, le renouvellement du personnel reste un défi central pour les dix prochaines années. La société a investi dans des technologies modernes, comme la découpe automatisée du verre, pour attirer et retenir les jeunes talents. Alex Dormoy a souligné que la capacité de l’entreprise à s’adapter aux évolutions technologiques et à former de nouvelles générations d’artisans est cruciale pour sa pérennité. Samir a également participé à des projets emblématiques comme la médiathèque de Sainte-Luce, démontrant son engagement envers la qualité et l’innovation. En formant continuellement ses employés et en investissant dans de nouvelles technologies, Samir s’assure que son savoir-faire perdure et continue de contribuer au développement de la Martinique.

Les défis de l’énergie renouvelable

David Zobda

Notre objectif est d’atteindre une autonomie énergétique et un parc électrique 100% renouvelable d’ici 2030.

David Zobda, représentant de la CTM

David Zobda, représentant de la CTM, a présenté la Programmation Pluriannuelle de l’Énergie (PPE) de la Martinique. La PPE vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre en remplaçant les énergies fossiles par des énergies renouvelables comme l’éolien, le photovoltaïque, le biogaz et la géothermie. La première PPE, couvrant 2016-2023, n’a atteint que 25% de ses objectifs en mix énergétique. La nouvelle PPE pour la période 2024-2033 est ambitieuse et vise une part d’énergie renouvelable de 100% du mix électrique d’ici son terme.

L’objectif global est d’arriver à la neutralité carbone en 2050. M. Zobda a souligné les défis spécifiques liés à la mise en place de cette transition énergétique, notamment les coûts élevés et les contraintes techniques. Il a également mentionné les initiatives en cours pour développer la géothermie, une source d’énergie inépuisable et stable, qui pourrait jouer un rôle crucial dans l’atteinte des objectifs de la PPE. La CTM travaille en collaboration avec des partenaires locaux et internationaux pour identifier les meilleures technologies et pratiques afin d’optimiser le mix énergétique de l’île. L’amélioration des infrastructures de stockage d’énergie est également une priorité pour garantir une fourniture stable et continue d’électricité, malgré la nature intermittente de certaines sources renouvelables.

Modernisation du réseau électrique

Johan Villeronce

Le réseau doit être renouvelé intelligemment pour intégrer les énergies renouvelables.

Johan Villeronce

Johan Villeronce, Directeur Général des Services du SMEM, a abordé les défis liés au réseau de distribution électrique en Martinique. Le SMEM, propriétaire du réseau de distribution, travaille en partenariat avec EDF pour assurer la gestion des lignes à basse et moyenne tension. Le réseau doit être renouvelé pour intégrer les énergies renouvelables de manière efficace. Il a expliqué que limiter les temps de coupure et améliorer la résilience du réseau sont des priorités.

Il a souligné que le vieillissement des infrastructures existantes représente un défi majeur. Le SMEM vise à moderniser ces infrastructures pour améliorer l’efficacité et la fiabilité du réseau. L’intégration de solutions de stockage d’énergie est essentielle pour pallier l’intermittence des énergies renouvelables et garantir une énergie disponible à tout moment. Mr Villeronce a également évoqué les efforts pour sensibiliser les consommateurs aux économies d’énergie et à l’importance de la transition énergétique. Des projets pilotes sont en cours pour tester de nouvelles technologies de gestion de l’énergie, comme les réseaux intelligents, qui permettent une meilleure gestion de la demande et de l’offre en temps réel. Ces initiatives visent à créer un réseau électrique plus durable et résilient, capable de soutenir le développement économique et social de la Martinique.

Une série de conférences trimestrielles

Le succès de cette conférence inaugure une série d’événements trimestriels organisés par le magazine Bâtisseurs dans chacun des territoires de la Guadeloupe, Guyane et Martinique. Ces rendez-vous offriront des plateformes de discussion et d’échange pour continuer à inspirer et motiver les jeunes générations à s’engager dans les secteurs de la construction et du BTP et à informer les professionnels et élus des actualités et problématiques du secteur.

“Valoriser et préserver hier, innover et bâtir aujourd’hui nos territoires de demain”, tel est la phrase clé du Magazine Bâtisseurs”

*Cocktail dînatoire possible grâce au soutien de nos partenaires : CTM, FRBTP MARTINIQUE, SFR CARAÏBE, BAMITEL ET SYSTEKO

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