LETTRE D’INFORMATION HEBDOMADAIRE.
Quand la crise sanitaire interroge notre démocratie


Sans préjuger de leur légitimité sur le seul plan sanitaire, les nouvelles restrictions de déplacement Outre-mer (avec la septaine notamment), ont été vécues comme « un coup de massue aux conséquences économiques et sociales dramatiques » pour reprendre le mot du Président de la CCI de Guadeloupe Patrick Vial Collet.



Alors que le tourisme outre-mer avait repris un peu de couleur en décembre, l’espoir des professionnels de tenter de sauver une partie de la haute saison touristique sur le premier trimestre 2021 s’évanouit.
La plus grande vigilance est requise, dès maintenant, pour apporter aux entreprises tout le soutien nécessaire par des mesures d’aide adaptées et renforcées pour tenter d’éviter les vagues de faillites à venir. La mise en œuvre rapide et efficace du plan de relance Outre-mer sera aussi déterminante.
Mais au-delà, alors que les perspectives globales sur le plan sanitaire pourraient s’assombrir durablement avec l’apparition des « variants », peut-on encore durablement continuer avec une gestion de la crise « en réaction » faite de stops and go – confinement/déconfinement/couvre-feu/re-confinement – imposé d’en haut et pensé principalement autour de l’objectif (bien légitime au demeurant) de non-saturation des structures de soins ?
Ne peut-on pas réfléchir davantage, de manière moins technocratique et en meilleure association avec les acteurs concernés, à des scenarii d’évolution potentielle de la maladie en plusieurs niveaux de risques pour anticiper des protocoles par métiers, gradués selon les hypothèses épidémiologiques ?
Les débats s’agitent autour de l’insuffisante prise en compte des conséquences économiques, sociales, psychologiques et démocratiques, incalculables et non véritablement calculées – notamment pour la jeunesse – des mesures prises. Ces débats sont utiles tant ces questions sont au moins tout aussi graves pour la cohésion et l’avenir de notre pays que les conséquences directes du virus sur la santé de nos concitoyens.
En démocratie, le prix à payer des libertés perdues doit en permanence être interrogé.
Cela veut dire aussi qu’il vaut toujours mieux miser sur le principe de responsabilité individuelle et accepter de laisser de côté les discours parfois apeurant ou infantilisant pour adopter une rhétorique et des actions qui réinjectent dans l’ordre des priorités, au même niveau que la gestion sanitaire du virus, tout ce qui doit au fond permettre de garantir la solidité du lien social.
Le défi est immense, car comme l’écrit le ministre de l’Economie et des Finances, Bruno le Maire, dans son récit “L’ange et la bête” qui vient de paraître : “Moins les institutions politiques fonctionnent, plus la mâchoire administrative devient puissante. La monarchie gaullienne était une monarchie populaire, tolérable par tous. Elle est devenue une monarchie technocratique, critiquée par le plus grand nombre.” Et de poursuivre “Entre le courage de refonder nos institutions et la facilité du régime autoritaire, je choisis le courage de la refondation. Il est la condition de la fin du malaise démocratique. Il répond à la culture de notre nation, qui a toujours su ouvrir de nouvelles voies politiques dans les temps de détresse. Il garantira le succès de notre modèle économique : la confiance dans les institutions construit la puissance de la nation”.

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