AU CORPS-À-CORPS SUR LA PISTE DE DANSE

TOUT DANS LE BAL DE LA RUE BLOMET, comme dans La Comédie créole, le cycle romanesque qui le contient, parle de mémoire et d’oubli. Raphaël Confiant fait toutefois un usage modéré de la gravité dans ce roman aux airs de feuille ton balzacien. Certes, les personnages antillais sont marqués par les affres de la guerre de 14-18, le labeur à l’usine, le racisme ; mais le Paris de l’entre-deux guerres les emporte grâce à cet autre son des Années folles : la biguine.

Qui se souvient que cette musique née à Saint-Pierre, en Martinique, s’est imposée dans la capitale française grâce à ce lieu unique que fut le bal de la rue Blomet ?

Hemingway, Fitzgerald, Sidney Bechet, Joséphine Baker ont fréquenté ce petit cabaret de Montparnasse tenu par un Auvergnat. Dès 1922, les musiciens Stellio et Léardée y font danser tout un monde. Des ouvriers antillais et des femmes blanches venues s’encanailler. Des petits-bourgeois martiniquais, des servantes créoles et des artistes européens, américains ou japonais. Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Robert Desnos, le peintre Foujita faisaient partie des habitués.

L’auteur les dépeint en arrière-plan de son roman, écrit à hauteur de per sonnages fictifs et avec tous les accents qui s’exprimaient en ces lieux.

Au bal Blomet, Elise, Anthénor et Frédéric vont aimer, souffrir, panser leurs blessures au rythme du corps-à-corps qu’impose la biguine, l’une des ancêtres du jazz. Immatériels, leurs mouvements sont ici gravés dans la mémoire collective, que Raphaël Confiant désire plus que jamais vivante.

LE BAL DE LA RUE BLOMET, de Raphaël Confiant,

272 p., 21 €,
numérique, 15€


Signalons,du même
auteur la parution de :

Grand-Z’Ongle. Le Maître de l’invisible, Caraïbéditions, 432 p., 21,30 €.

 

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