M. Brassac était ce matin invité par France Inter pour partager son analyse sur les secousses déclenchées par les situations des banques régionales américaines ainsi que par celle de Crédit Suisse. 𝗜𝗹 𝗮 𝗲𝘅𝗽𝗹𝗶𝗾𝘂𝗲́ 𝗽𝗼𝘂𝗿𝗾𝘂𝗼𝗶 𝗶𝗹 𝗻’𝘆 𝗮𝘃𝗮𝗶𝘁 𝗽𝗮𝘀 𝗱𝗲 𝗿𝗶𝘀𝗾𝘂𝗲 𝗱𝗲 𝗰𝗼𝗻𝘁𝗮𝗴𝗶𝗼𝗻 𝗮𝘃𝗲𝗰 𝗹𝗲𝘀 𝗯𝗮𝗻𝗾𝘂𝗲𝘀 𝗳𝗿𝗮𝗻𝗰̧𝗮𝗶𝘀𝗲𝘀 𝗲𝘁 𝗱𝗼𝗻𝗰 𝗽𝗮𝘀 𝗱𝗲 𝗿𝗶𝘀𝗾𝘂𝗲 𝗱𝗲 𝗰𝗿𝗶𝘀𝗲 𝗯𝗮𝗻𝗰𝗮𝗶𝗿𝗲 𝗲𝗻 𝗙𝗿𝗮𝗻𝗰𝗲. A Antilla, nous avons souhaité relayer cette information primordiale afin de ne pas tomber non plus dans la “névrose”. Philippe Pied 

Il dit ceci :


J’étais ce matin invité par France Inter pour partager mon analyse sur les secousses déclenchées par les situations des banques régionales américaines ainsi que par celle de Crédit Suisse.

J’ai expliqué pourquoi il n’y avait pas de risque de contagion avec les banques françaises et donc pas de risque de crise bancaire en France.” 

La première de ces raisons, c’est que nous avons la chance d’avoir en France de très grandes banques (5 d’entre elles font partie des 20 plus grandes banques au monde, 2 parmi les 10 premières) et elles sont donc soumises aux règles spécifiques de prudence des très grandes banques mondiales :

  • Des niveaux de fonds propres très élevés
  • Des niveaux de liquidités disponibles également très élevés
  • Et une obligation de gestion très rigoureuse de notre risque de taux (nos portefeuilles de titres pour notre liquidité sont déjà couverts du risque de taux). Ce n’était pas le cas des banques régionales américaines : en Europe près de 450 banques sont soumises à ces hauts niveaux de protection … seulement 13 aux Etats-Unis ! Ceci explique pourquoi ces défaillances américaines ne peuvent apparaître en Europe. Le cas de Crédit Suisse étant très différent, puisqu’il s’agit dans le cas d’espèce d’un établissement en difficulté du fait de ses mauvais risques. Une situation par ailleurs parfaitement connue et maîtrisée par les autorités.

La deuxième raison qui nous protège d’une crise bancaire c’est l’absence de mécanisme possible de contagion :

  • Il n’y aucun lien opérationnel entre les bilans des banques régionales américaines et ceux des banques françaises (contrairement à la crise des subprimes qui étaient des crédits américains de mauvaise qualité, qui avaient été mis sur les marchés par voie de titrisation et qui sont ainsi apparus fragmentés dans de nombreux autres bilans dans le monde).
  • Quant à Crédit Suisse : depuis 2008, et donc depuis les nouvelles règles de liquidité de Bâle 3, les liens de liquidité entre grandes banques sont beaucoup, beaucoup moins importants : il ne peut pas y avoir de mécanisme de type effet domino.

Quant à la propagation des inquiétudes via les marchés boursiers : celle-ci est bien réelle, mais outre son caractère quasi systématique dû à la mécanique des anticipations, il faut rappeler que les valeurs boursières ne concernent nullement les emprunteurs, les épargnants, ou les usagers de la banque : ce n’est l’affaire que des actionnaires pour qui les cours d’achat ou de revente baissent ou montent. La variation d’un cours de bourse, à la baisse comme à la hausse n’impacte pas d’un seul euro les fonds propres réels de l’entreprise et donc sa concrète solidité.

Il n’en demeure bien sûr pas moins que tout ceci n’est pas sans conséquences et qu’à tout le moins il serait inspiré que la régulation qui s’impose aux grandes banques s’impose de la même manière aux banques de taille moyenne ou plus petite. Car l’anxiété manifestement ne connaît pas cette frontière au final assez arbitraire

Et dans les futures régulations, il serait légitime de faire valoir la double qualité singulière du modèle des banques françaises, qui non seulement protègent leurs épargnants par la solidité des règles prudentielles qu’elles doivent respecter, mais qui en plus protègent leurs emprunteurs immobiliers par une pratique massive de prêts à taux fixe, ce qui n’existe à ce niveau dans quasiment aucun autre pays au monde. Et nous parvenons à le faire par la qualité de notre expertise de base : celle de la « gestion actif passif » qui nous couvre d’avance de la plus grosse partie des impacts de variation des taux. Les banques françaises sont réellement des « absorbeurs des chocs de taux ». Espérons donc que nous saurons enfin nous écarter des canons d’une régulation anglo-saxonne fondamentalement inadaptée à nos modèles de financement de l’économie.

Merci une nouvelle fois à Alexandra Bensaid de m’avoir permis d’apporter ces explications sans doute nécessaires pour permettre à chacun de trouver les clefs de lecture de ces sujets complexes.

Le choix de mettre certaines parties du texte en gras est de Philippe Pied


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